L'A., prêtre africain, commence par évoquer les conceptions
préconciliaires de l'évangélisation: acculturation
(occidentalisante), implantation de l'Église, adaptation et pierres
d'attente… Dès le synode romain de 1974 leur sera préférée une
«théologie de l'incarnation»: l'inculturation, conçue comme un
dialogue, sans intermédiaire occidental, entre le Christ et le
champ religieux africain. Conjuguée avec la «théologie de la
libération», qui la préserve du danger d'archéologisme et
d'authenticité folklorique, elle devient une «théologie de la
reconstruction». Le Synode Africain de 1994, dépassant l'antinomie
communion/société, considère l'Église comme famille de Dieu (et
fraternité en Christ). C'est un symbole, et non pas une métaphore;
il révèle une utopie, et non pas une idéologie, qui suggérerait une
conception patriarcale menacée d'ethnocentrisme. L'A. en étudie les
incidences pastorales, tout en relevant les faiblesses de la
famille africaine: vengeance, gérontocratie, parasitisme,
sorcellerie. Parmi les sujets traités relevons: la mondialisation
et les replis identitaires; la palabre comme conseil pastoral; le
rite zaïrois à étendre à toute l'Afrique; les différents types
d'ecclésiologie africaine (cf. le Christ Proto-ancêtre de B. Bujo);
les communautés chrétiennes de base; les ministères de laïcs
recevant un ordre de mission (cf. les bakambi du Congo-Kinshsa);
l'autonomie en finances et en personnel, qui rendrait les
Églises-filles véritablement Églises-soeurs. L'ouvrage est enrichi
de nombreuses références et d'une importante bibliographie. -
P.-G.D.