Rentré en France, il se replonge dans l'ambiance du séminaire, dont il ne peut s'accommoder. Il obtient de l'évêque de La Rochelle de retourner en Algérie, où il fut accueilli par Mgr Duval, archevêque d'Alger, qui, depuis 20 ans, tentait de témoigner d'une parole au service de l'homme et des plus pauvres. Il fonde à Blidha un groupe de 300 jeunes musulmans, apprend l'arabe et le Coran, et se consacre à leur formation. Prêtre catholique au coeur de l'Islam, il y témoigne de l'Évangile «sans un mot de prosélytisme». Rentré en France, une rencontre avec Jean-Claude Barreau l'amène à rejoindre, avec l'accord du Cardinal Marty, une équipe de quatre prêtres engagés dans des contacts avec des jeunes de la rue.
L'abbé Gilbert troque alors sa tenue de clergyman pour ce fameux blouson noir et ses pin's qu'il n'a plus quittés depuis. Cela ne l'empêche pas de consacrer dans ce livre un «hommage à mes frères prêtres dans ce qu'ils vivent», tout en disant son bonheur de vivre en communauté, et sa joie de «rencontrer des traditionnels ou des progressistes dans l'Église»: «Je suis un prêtre comme un autre, avec un ministère spécial, certes, mais vivant un sacerdoce identique à celui de mes frères». Et de citer cette parole de son vénéré Cardinal Duval: «Le huitième sacrement, c'est l'amitié sacerdotale».
Nous n'hésitons pas à l'affirmer: ce livre est un témoignage d'une densité spirituelle et d'une actualité qui méritent la plus large diffusion. - P. Lebeau sj