Ce livre ardu reste d'une actualité étonnante dans la crise grave
que l'économie mondialisée fait vivre à nos sociétés. Car il mène
une contestation radicale des axiomes capitalistes qui nous font
nous tromper de bonheur. L'A. - docteur en Sciences économiques,
chercheur au FNRS et professeur d'Éthique économique et sociale à
l'UCL - complète ici sa Critique de l'existence capitaliste,
publiée au Cerf en 2005, et l'enrichit d'études et de rencontres
qui l'ont fait mûrir.Selon Chr. Arnsperger, l'après-capitalisme ne
saurait être économique et politique sans être en même temps
anthropologique: revenir avant tout à une autre façon de porter nos
peurs et nos angoisses, en particulier face au manque et à la mort.
Ainsi, le principe de croissance est un dynamisme vital, mais
qu'est-ce qui doit croître et comment? La consommation est
nécessaire et inévitable, mais elle peut être aliénante ou
libératrice si l'on réfléchit autrement nos besoins et nos envies à
la lumière du désir. Dans cette perspective, un ancrage spirituel,
au sens large, s'avère une nécessité absolue. Le chemin passe par
un travail spirituel et politique de chacun sur soi-même, soutenu
par des communautés de vie, des communautés existentielles
critiques, et par des institutions publiques qui rendent sa
démarche possible. L'économie est envisagée comme voie
d'humanisation: tendre à ce que chaque être humain puisse diffuser
la puissance de communion inscrite ontologiquement en lui; faire de
nos actes quotidiens des signes visibles et tangibles de notre
Infini spirituel.Il faut repenser la nature même de la gauche
progressiste. Le changement personnel peut être ordonné au
collectif sans pour autant s'y réduire. Il faut une nouvelle
conception de l'État de droit et de l'égalité des chances pour
assurer l'accès de tous aux ressources de sens. Le libéralisme
existentiel a besoin d'une social-démocratie peuplée de militants
existentiels appelant une triple éthique: celle de la
simplification des conditions d'existence, celle de
l'universalisation des revenus et celle de la démocratisation des
décisions économiques.«L'économie des profondeurs est déjà en
marche à des milliers d'endroits du monde, dans des milliers de
coeurs et d'esprits. Il faut lui donner les bases solides dont elle
a besoin pour devenir l'évidence du siècle qui s'ouvre.» - Fr.
Philips sj