L'A., jésuite, est médecin en soins palliatifs et animateur de
retraites ignatiennes. Après avoir étudié le rapport entre
spiritualité et éthique médicale, il développe ce qu'il entend par
spiritualité de l'expérience médicale. Qu'en retenons-nous? La
médecine est une rencontre, un va et vient entre distance et
proximité, entre technique médicale et attention au vécu du malade.
Cela nécessite non seulement compétence et expérience, mais,
indispensables pour un bon discernement, une empathie et une
liberté intérieure, que l'A. invite le médecin à découvrir dans
l'histoire de Jésus, en vue de la transformation évangélique de son
affectivité. Il le met en garde contre l'intérêt pécuniaire,
l'ambition personnelle, l'autosuffisance, l'exigence de
reconnaissance, l'abus de sa position de monopole… toutes
tentations (avoir, pouvoir, valoir) qui s'éclairent par la
contemplation évangélique de la triple tentation du Christ au
désert: que de décisions sont influencées par ma peur de la mort,
par la recherche, par le taux d'occupation des lits d'hôpitaux, par
la concurrence, par les statistiques… plutôt que par la
considération du patient!
L'A. initie le médecin au discernement spirituel selon la méthode
ignatienne des trois temps d'élection. En tant qu'accompagnateur de
la souffrance du malade, le médecin est à la fois actif (un faire
pour à partir d'un être avec) et passif. Cette passivité est
triple: ralentir pour être capable de suivre, compatir, recevoir
(il y a un don fait par le patient au médecin). Le patient
recherche le salut plutôt que la guérison (qui ne garantit pas le
salut): cette souffrance et ce salut sont interprétés à la lumière
des récits de la passion et de la résurrection de Jésus. L'A.
termine en suggérant, pour la mise en pratique de son enseignement,
la relecture priante de la journée (que le médecin fera sur le mode
de l'examen de conscience ignatien) et son insertion dans une
équipe de type communautaire. Un ouvrage dont profiteront tous les
professionnels de la santé.- P. Detienne sj