L'exégèse patristique connaît un regain d'intérêt, en particulier
en milieu francophone où la désaffection vis-à-vis de l'exégèse
historico-critique est devenue monnaie courante. Cette très brève
plaquette, rédigée avec soin par un spécialiste de la littérature
chrétienne ancienne à l'Université Catholique de Louvain, a pour
premier but d'expliquer les ressorts essentiels de l'exégèse des
Pères. L'A. utilise surtout Origène, l'un des plus grands maîtres
de l'exégèse patristique. Parmi les auteurs récents, il cite
régulièrement H. de Lubac. La plaquette, sans prétention et de
lecture agréable, est surtout faite de larges extraits des Pères
accompagnés de commentaires perspicaces.Le sujet est présenté en
cinq courts chapitres. L'A. parle de la «Bible des Pères» et aborde
la question de la formation du canon. Signalons à ce propos que le
Canon de Muratori est daté par certaines études récentes du début
du quatrième siècle et qu'il serait d'origine orientale et non
romaine (cf. p. 8). Le second chapitre offre un premier aperçu de
la méthode d'Origène sur les divers sens de l'Écriture à partir de
l'homélie 13 sur la Genèse («Creusons des puits d'eau vive»). Le
second chapitre aborde la difficile question des rapports entre
Ancien (ou Premier) et Nouveau Testament chez les Pères et le
troisième la place de l'Ancien Testament dans l'exégèse de Pères.
Il y est bien sûr question de Marcion. Le cinquième chapitre expose
alors les grandes lignes de l'exégèse origénienne à partir du
Traité des Principes. Les réflexions finales sont aussi brèves
qu'utiles parce qu'elles montrent que l'exégèse n'est pas avant
tout affaire de méthode, mais de «maturité, tant intellectuelle que
spirituelle» (p. 74-75). L'A. nous dit en quelques mots ce qu'il y
a de durable et d'essentiel dans l'exégèse des Pères et ce qui est
devenu obsolète. Somme toute, comprendre les Écritures dans un
contexte culturel neuf est un défi qui est lancé à chaque
génération de lecteurs de la Bible, comme ce fut le cas pour
Origène et ses disciples. - J.-L. Ska, S.J.