La Suppléance dans l’Église, la Suppléance de l’Église, préf. M. Deneken

Hervé Mercury
Teología - reviewer : Gonzague de Longcamp c.s.j.

La suppléance est affirmée dans le CIC au canon 144 et souvent invoquée : ecclesia supplet. Mais, il y a là derrière une question ecclésiologique majeure : celle du sujet agissant qu’est l’Église et la manière dont on peut envisager l’action de l’Église en dehors même de ses frontières visibles.

La question, pour pointue qu’elle soit, est loin d’être oiseuse et elle touche des aspects essentiels de l’œcuménisme, p. ex., et de la validité des sacrements administrés dans les Églises sœurs ou même dans les communautés traditionalistes séparées de Rome.

Le traitement se veut ample, car il se tient aux confins du Droit Canon qui affirme ce principe de la suppléance ; de l’ecclésiologie qui doit élucider la question du sujet agissant et de l’histoire qui illustre le problème de manière très concrète. Ainsi se dégagent les trois parties de l’ouvrage.

Le travail commence par une étude comparée des canons concernés dans le CIC 1917 et 1983. Cela permet à l’A. d’aborder ensuite une 1re question théologique majeure, à savoir celle de la distinction entre le pouvoir d’ordre et le pouvoir de juridiction. Sans entrer dans le débat, l’A. repose la question du rapport entre la validité des sacrements et la communion hiérarchique qui a un impact majeur sur la dimension ecclésiale de l’exercice de la potestas. L’intérêt de l’A. ne se porte pas tant sur les actes posés à l’intérieur de la structure ecclésiale que ceux posés à l’extérieur. C’est là qu’il apporte une lumière intéressante à la question œcuménique.

Le droit canonique sert de cadre de questionnement à l’A., mais son intérêt est essentiellement ecclésiologique. Le cœur du travail se trouve donc dans la 2e partie, même s’il n’est pas toujours aussi précis que dans la 1re.

Au cœur de cette 2e partie, l’A. pose sa thèse en différenciant une ecclésiologie de la règle qui regarde la vie de l’Église en son sein et une ecclésiologie de l’exception qui touche le rapport de l’Église à ce qui est en dehors d’elle. À cette lumière, il revisite l’interprétation du subsistit in en LG 8 et les rapports de l’Église catholique avec les autres Églises chrétiennes. Pour aller plus loin, l’A. tente ensuite de comprendre l’intérêt de la suppléance dans une ecclésiologie de communion.

Il faut reconnaître que le travail touche des sujets extrêmement sensibles et pose des questions qui sont encore d’une brûlante actualité. Malheureusement, il ne parvient pas à convaincre entièrement. Peut-être parce qu’il aborde des questions précises sans poser suffisamment clairement son propre cadre ecclésiologique, ce qui produit un certain effet de « juxtaposition ». Toujours est-il que la réflexion est très sérieusement menée, que l’A. a le souci de guider son lecteur et d’aller au cœur des débats. Courage que l’on ne peut que saluer. — G.d.L.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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