On s'aperçoit dans cette missive que l'Église de Rome prend progressivement conscience de sa responsabilité envers toute l'Église parce que Pierre et Paul sont morts chez elle. Par ailleurs, l'épître rappelle le précédent des Lettres de Paul aux Corinthiens pour rétablir déjà la concorde dans cette communauté turbulente. Cet écrit reflète une mentalité en partie stoïcienne, mais surtout judéo-chrétienne dans la ligne de l'épître aux Hébreux. L'A. va chercher ses arguments un peu partout (cosmologie, hospitalité, armée…); son ton est assez passionné tout au long de l'argumentation, sans condamner, mais en exhortant à résipiscence. En fait, Clément profite d'une situation précise pour exposer l'ensemble de l'éthique chrétienne en partant des coutumes romaines.
Outre deux bons manuscrits grecs (le Hierosolymitanus 54 de 1256 et l'Alexandrinus presque complet), on possède des traductions latines et deux versions coptes incomplètes. Professeur d'exégèse et de patrologie, Peretto, servite de Marie, écrit une savante préface de 100 pages, retraduit la Lettre par sections et en donne des commentaires éclairants pour la connaissance de l'Église postapostolique. - A. Pighin.