Lettera ai Corinzi, éd. E. Peretto

Romano Clemente
Histoire de la pensée - Recenseur : A. Pighin
Premier ou deuxième écrit postapostolique, La lettre aux Corinthiens est attribuée à Clément, quatrième évêque de Rome depuis 92 et elle semble dater de 95-96, fin du règne de Domitien (dont la persécution des chrétiens n'aurait pas eu de but religieux…). Clément écrit au nom de sa communauté pour inviter celle de Corinthe à la concorde et à la paix. En effet, un groupe de jeunes, menés par l'un d'eux, critiquait durement le clergé corinthien et créait une division grave, sans que soient précisées ici les raisons de leur opposition. Émue par cette zizanie qui jette le discrédit sur la capitale de la Grèce romaine, Rome invite sa consoeur à plus de charité et prie le meneur principal de quitter la communauté divisée par lui. Cette longue lettre comporte 65 chapitres de longueur variable, précieux témoignage sur la mentalité chrétienne de la fin du premier siècle dans deux communautés à propos de la liturgie, de la hiérarchie, etc. Notons que Clément ne fait pas de distinction entre évêques et prêtres, mais voit l'organisation ecclésiastique sur le modèle de l'armée romaine, qui excitait l'admiration de tous.
On s'aperçoit dans cette missive que l'Église de Rome prend progressivement conscience de sa responsabilité envers toute l'Église parce que Pierre et Paul sont morts chez elle. Par ailleurs, l'épître rappelle le précédent des Lettres de Paul aux Corinthiens pour rétablir déjà la concorde dans cette communauté turbulente. Cet écrit reflète une mentalité en partie stoïcienne, mais surtout judéo-chrétienne dans la ligne de l'épître aux Hébreux. L'A. va chercher ses arguments un peu partout (cosmologie, hospitalité, armée…); son ton est assez passionné tout au long de l'argumentation, sans condamner, mais en exhortant à résipiscence. En fait, Clément profite d'une situation précise pour exposer l'ensemble de l'éthique chrétienne en partant des coutumes romaines.
Outre deux bons manuscrits grecs (le Hierosolymitanus 54 de 1256 et l'Alexandrinus presque complet), on possède des traductions latines et deux versions coptes incomplètes. Professeur d'exégèse et de patrologie, Peretto, servite de Marie, écrit une savante préface de 100 pages, retraduit la Lettre par sections et en donne des commentaires éclairants pour la connaissance de l'Église postapostolique. - A. Pighin.

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