Religieux missionnaire combonien du Sacré-Cœur et docteur en psychologie, Guiseppe Crea nous offre un véritable manuel pratique au service de la formation affective à destination des personnes engagées dans la vie consacrée ou au service de la vie pastorale. En proposant une analyse des différentes émotions, l’A. nous invite à prêter attention à la maturation affective et en particulier aux comportements qu’elles peuvent engendrer. L’enjeu pour chaque membre de communauté est d’entrer progressivement dans cet altruisme participatif et collaboratif qui permet le don de soi confiant et effectif.

Les premiers chapitres donnent des outils d’analyse et des clés de compréhension pour cerner les défis d’une maturité communautaire. En considérant la communauté comme un « laboratoire d’affection authentique », l’A. n’idéalise pas la vie fraternelle ; il nous aide plutôt à observer les vécus émotionnels pour y discerner les possibles dysfonctionnements ou les malaises. La recherche du bonheur dans la vie communautaire est un enjeu de formation permanente qui suppose d’étudier le système des relations interpersonnelles et les styles d’attachement vécus en communauté.

Dans une deuxième partie, l’A. revient plus longuement sur plusieurs pathologies qui peuvent traverser des cheminements personnels et communautaires. La colère tout d’abord qui se soigne par un chemin de réconciliation et le pardon lors des expériences émotionnelles négatives. L’ennui communautaire ensuite qui devrait conduire à redécouvrir les richesses de la charité et des relations. Le découragement également avec ces humeurs instables, ce sentiment d’impuissance qui demande une attention particulière pour dépasser l’incompréhension extérieure et attirer chacun vers une proposition communautaire. La dépression est par ailleurs analysée sous l’aspect d’un vide existentiel qui demande une écoute et un soin particulier.

Dans un monde en constante accélération, les réflexions de l’A. sur les relations stressantes permettent d’attirer notre attention sur l’importance de la communication pour valoriser les ressources de la communauté, pour dépasser les difficultés interpersonnelles et pour grandir dans la communion. La non-communication n’est pas envisageable dans la vie religieuse. Enfin l’A. évoque la jalousie qui est une maladie de l’altérité qui flétrit les relations. Lorsqu’elle devient pathologique au point de générer de la peur, le « bien-être » communautaire devra être travaillé.

Après avoir détaillé une série de pathologies, l’A. énonce quelques promesses de croissance. Toute pathologie bien gérée, bien accompagnée, peut devenir une occasion de fécondité pour le chemin communautaire. L’espérance énoncée se situe dans une perspective évangélique qui prend la fragilité au sérieux, sans la spiritualiser ou la nier, mais plutôt en accueillant totalement chaque personne.

Ce parcours d’éducation émotionnelle contribue à faire grandir les maturités personnelles et communautaires en synergie. Ce manuel pourra être d’une grande aide pour les formateurs qui auront ainsi des clés pour accompagner et former à la vie affective en communauté. — C.S.