En un temps où la proclamation ecclésiale pourrait paraître de
moins en moins pertinente, menacée par des célébrations musicales
et interactives, deux professeurs de théologie à l'université de
Strasbourg - lui, catholique et elle, protestante - évoquent les
défis posés à la prédication: la transmission de la foi est passée
de l'ère de l'héritage à celle de la proposition de la foi.
Quelques questions fondamentales sont abordées: qu'est-ce que
prêcher? Prêcher quoi? Qui prêche? Prêcher à qui?… Relevons
quelques considérations. Le prédicateur est celui qui fait parler
Dieu. Il ne se substitue pas à la conscience des auditeurs. Il
annonce la présence de Jésus à son Église et, par elle, au monde.
Soucieux du projet de Dieu pour la communauté chrétienne à laquelle
il s'adresse, il fait émerger chez les auditeurs une conscience de
ce qu'ils vivent ou ont déjà vécu comme expérience spirituelle de
foi. La prédication catholique est un acte sacerdotal, situé au
coeur de l'action liturgique, elle est un devoir pour le ministre,
un droit pour les baptisés. Au tableau «spécificités
confessionnelles et convergences fondamentales», notons que, pour
les protestants, ce n'est pas l'Église qui offre à Dieu, avec le
sacrifice du Christ, son sacrifice de louange, mais que c'est Dieu
qui offre à l'Église le corps et le sang, c'est à dire la vie
livrée, du Christ. Ajoutons qu'aujourd'hui, tandis que les
protestants retrouvent la fonction sacramentelle de l'annonce, les
catholiques fondent désormais l'homélie sur les textes bibliques et
cessent de la considérer comme l'antichambre du sacrement. - P.
Detienne sj