Le présent volume est le fruit d’une thèse de doctorat présentée à l’Université de Fribourg en 2015. L’A. cherche à approfondir la notion de sacramentalité de la Parole à partir de la Somme Théologique de Thomas d’Aquin. Le propos peut sembler audacieux tant cette notion apparaît, au 1^er abord, étrangère à l’Aquinate.

Voilà pourquoi la 1^re partie de l’ouvrage se présente comme une gigantesque introduction cherchant à poser les termes de la recherche, à savoir la notion de sacramentalité, les modèles interprétatifs dont nous disposons et la sacramentalité de la sacra doctrina elle-même. Ce projet oblige l’A. à entrer dans un débat houleux de l’école thomiste qu’est celui de savoir ce que recouvre exactement la notion de doctrina sacra chez Thomas.

Le questionnement est stimulant, mais on peut s’interroger. D’abord, dans sa problématique l’A. juxtapose les trois sacramentalités du Christ, de l’Église et de la Parole. On se serait attendu à ce qu’il regarde un peu plus leur ordre et leur interaction. Ensuite, dans le débat sur la sacra doctrina, il choisit son confrère H. Donneaud comme adversaire privilégié. On peut se demander si cela n’a pas tendance à restreindre son champ de vision.

Après avoir posé sa problématique dans une longue 1^re partie, l’A. s’attache à clarifier les termes de sa recherche que sont la sacra doctrina et la sacramentalité. Le chap. 6 sur mysterium et sacramentum est long et détaillé. On peut regretter que la bibliographie ne soit parfois pas des plus récentes et qu’elle ne présente pas d’ouvrage en allemand. Sa conclusion qui fait remonter l’origine du sacramentum à la sacratio est cependant très intéressante.

Après avoir posé sa problématique et analysé en détail les termes en présence, l’A. entre dans le vif de son sujet en proposant un parallèle entre la question 1 sur la sacra doctrina et les q. 60-65 de la tertia pars sur les sacrements. Là encore, l’intuition est extrêmement stimulante et n’est pas dénuée de fondement. Cependant, le biais que l’A. prend ici peine à convaincre complètement et il perd un peu son lecteur dans des distinctions qui ne paraissent pas très utiles.

Le travail mérite d’être salué par son audace et son ampleur. Il est toujours très intéressant de retourner à Thomas d’Aquin et ses sources pour renouveler certains débats contemporains. En revanche, l’ampleur de la recherche est peut-être son talon d’Achille, conduisant à des détours complexes et à certaines approximations. — G.d.L.