Surnaturel. Une controverse au coeur du thomisme au XXe siècle. Actes du colloque organisé par l'Institut Saint-Thomas d'Aquin, les 26-27 mai 2000 à Toulouse

Col.
Teología - reviewer : Léon Renwart s.j.
Les Actes du Colloque publiés dans la Revue thomiste de 2001 comportent quatre parties. La première situe les controverses soulevées par la parution, en 1946, du Surnaturel de Henri de Lubac, S.J., qui découvre, à la suite de saint Augustin et de son Fecisti nos ad Te (Tu nous as faits pour tendre à toi), la gratuité de cet appel et l'inutilité d'un recours à la «nature pure» pour la protéger; elle examine cette thèse au crible du thomisme traditionnel et la compare avec la position de Maritain. Une seconde situe l'oeuvre de saint Thomas, son «aristotélisme», la grâce «naturelle» du Christ, le problème des limbes et celui du rapport entre la grâce et la nature chez ce même saint. La troisième partie décrit les développements scolastiques de la doctrine chez Guillaume d'Ockham, la théorie médiévale de la causalité dans son rapport avec la nature pure aux XIIIe-XVIIe siècles et la position des Salmanticenses sur le désir naturel de voir Dieu. Une quatrième partie décrit les positions actuelles sur la mystique naturelle, le désir naturel dans la théologie thomiste contemporaine, et ses conséquences dans l'ecclésiologie; elle conclut par la nécessité théologique (expression remarquablement exacte de Mgr A.-M. Léonard) du concept de nature pure dans ce système.
Confiés à des spécialistes de grande valeur, les exposés font preuve d'une érudition remarquable (celui de J. Schmutz sur la causalité mérite une mention spéciale). Ce qui ressort de la lecture de ces études érudites, c'est tout d'abord que le point de départ de la réflexion est toujours un concept, celui d'une nature humaine douée d'intelligence et de liberté; c'est ensuite le glissement, au cours du temps, de cette description vers une «définition» au sens imitatif du terme, entraînant une fin naturelle proportionnée, et le passage de l'hypothèse (saint Thomas) à la doctrine d'une nature capable d'agir de son propre chef avec le seul concours général de la cause première, ce qui rendait théologiquement nécessaire la distinction réelle entre une nature pure et une fin dernière surnaturelle, oeuvre de Dieu seul. Notons encore le rôle joué dans toute la controverse par le récit de l'Eden, lu comme étant la révélation strictement historique (au sens actuel du terme) de la faute de deux individus et de ses conséquences pour leurs descendants. - L. Renwart, S.J.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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