La moitié de l'ouvrage, consacrée aux trois vies contrastées sur
lesquelles nous allons revenir, est complétée par une abondante
introduction (cent pages), la liste des sigles, la bibliographie,
deux cartes, et six index (dont l'un reprend le vocabulaire
monastique et ascétique utilisé). Écrite dans le désert de Chalcis,
en 376, la Vita Pauli donne un ancêtre à Antoine; après un retour
dans le monde, Jérôme «ramène à Bethléem les femmes qu'il a
converties à la continence et qu'il dépose au monastère»; c'est là
qu'il va écrire, à la fin 388, la Vita Malchi. Ayant ainsi donné un
fondateur au monachisme égyptien et de précieux aperçus du
monachisme syrien, il voulut encore mettre en relief l'existence
exemplaire d'un moine palestinien, dans la Vita Hilarionis, écrite
avant 392. «Cette trilogie représente l'acte de naissance de la
littérature hagiographique latine chrétienne», dit encore
l'introduction (20). On veut bien l'en croire, puisque la Vie de
Paul voue le moine à la solitude et à l'ascèse, celle de Malchus, à
la vie commune et à la chasteté, celle d'Hilarion se situant, comme
son site géographique, entre les deux: «anachorète de désir,
cénobiarque malgré lui» (81). Une figure idéale d'ermite (Paul),
l'histoire d'un rescapé du péché (Malchus), un destin complexe de
solitaire contrarié (Hilarion) qui demeureront comme des sources
cachées, quand le monachisme s'instituera de manière communautaire
pour longtemps. - N. Hausman scm