L’article interroge la pertinence du qualificatif de « semi-pélagien » appliqué à Jean Cassien, à partir de sa Conférence xiii et de son contexte théologique provençal. En examinant les critiques adressées par Prosper et Hilaire, et en distinguant plusieurs courants anti-augustiniens, l’auteur montre que Cassien ne peut être assimilé simplement à une position semi-pélagienne. Il propose une synthèse originale entre grâce divine et liberté humaine, à travers une anthropologie spirituelle nuancée.
La Conférence xiii des Conlationes de Jean Cassien est bien connue pour son développement sur le rapport entre la grâce divine et le libre-arbitre. Dans cette conférence, on voit Cassien tenir des positions qu’il semble avoir du mal à concilier dans une synthèse plus vaste. La tradition et même ses contemporains le lui ont reproché. S’il a fallu attendre le xviie siècle pour qu’il soit qualifié « de semi-pélagien1 », en 529 déjà, le Concile d’Orange2, présidé par Césaire d’Arles, condamnait la doctrine des moines « marseillais », canonisant les critiques faites contre la Conférence xiii du vivant même de son auteur par un fougueux partisan de saint Augustin, Prosper d’Aquitaine3, dans son Contra Collatorem. La question que nous voudrions soulever dans cette étude est de savoir si le qualificatif de « semi-pélagien » est justifié au…