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Pères défaillants, enfants humiliés dans les romans de Georges Bernanos

Claire Daudin
Les personnages d’enfants, dans les romans de Bernanos, sont les victimes d’adultes prédateurs qui les violentent, les acculent au suicide ou les assassinent. En l’absence de figure paternelle protectrice et bienveillante, seul le narrateur assume à leur égard une attitude de respect qui les rétablit dans leur dignité. La grave défaillance des pères, qui culmine dans les personnages de pédophiles, exprime sur le mode romanesque un désamour de l’humanité pour elle-même qui confine à l’autodestruction. L’humiliation des enfants est la marque ultime d’un refus du salut que le romancier, sondant les ténèbres, s’acharne à proclamer.

On ne peut manquer d’être frappé par la quantité de personnages enfantins que recèle l’œuvre de Bernanos, et par le sort désastreux réservé à la plupart de ces personnages, violés, acculés au suicide, voire assassinés1. Les Enfants humiliés, titre suggéré par Emmanuel Mounier et retenu par Albert Béguin pour le journal de guerre rédigé par Bernanos au Brésil et publié après sa mort, semble particulièrement convenir à ces destins romanesques.

Il est clair que Bernanos n’accorde pas à la notion d’enfance la signification objective que nous lui attribuons en l’assimilant à une classe d’âge. L’enfance, dans les romans de Bernanos, est d’abord une question de langage. C’est le narrateur qui désigne comme tels des personnages souvent adolescents, réparant ainsi la première humiliation qui leur a été faite, celle de ne pas avoir été respectés. Les âges de la vie, chez Bernanos, sont relatifs les uns aux autres. Il n’y a d’enfant que dans le regard bienveillant et protecteur d’un père, regard refusé par les Malhorty, les Cadignan, les Ouine, mauvais pères ou vils suborneurs. Regard accordé par le narrateur, rétablissant un manque qui n’est pas seulement une offense faite à l’enfance, mais le signe d’un profond désamour de l’humanité pour elle-même.

« Fourvoyés parmi les hommes »2 comme la deuxième Mouchette, les enfants humiliés sont les victimes d’adultes malfaisants qui, loin d’assumer leur responsabilité envers les plus jeunes, exercent sur eux leurs pulsions destructrices. Quel sens donner aux défaillances paternelles, aux tentatives de corruption, aux velléités meurtrières dont les romans de Bernanos font le terrible lot des personnages d’enfants ?

I L’enfance dans les romans de Bernanos, une affaire de langage

Si l’on s’en tient à une approche objective de l’enfance, si l’on définit cette dernière selon des critères déterminés, physiologiques par exemple, force est de constater que les personnages considérés comme des enfants dans les romans de Bernanos n’en sont plus depuis belle lurette. La Mouchette de Sous le soleil de Satan a seize ans et elle est enceinte. La deuxième Mouchette est « dans sa quatorzième année », c’est « la doyenne de l’école »3, et le texte nous dit qu’elle est « femme »4 ; il évoque aussi sa « poitrine nubile »5, sur laquelle s’inscrivent les stigmates de son agression. Quant à Steeny, dans Monsieur Ouine, il a quatorze ans. D’où vient alors que l’on parle d’enfants à propos de ces personnages, qui ont d’ailleurs donné matière à d’intéressantes réflexions sur l’adolescence dans les romans de Bernanos ?

En fait, c’est le narrateur qui désigne ces personnages comme des enfants, et il le fait avec insistance. Le procédé est particulièrement marqué en ce qui concerne les deux Mouchette. Dans Sous le soleil de Satan, la description de la chambre de Mouchette, avec son « lit d’enfant » et ses jolis rideaux, apparaît comme un mensonge, une apparence trompeuse, en contradiction avec la maturité de celle qui l’habite, déjà maîtresse du marquis de Cadignan6. Pourtant, le narrateur affirme l’enfance de Mouchette, dans une scène où celle-ci paraît totalement compromise : lors de sa confrontation avec le docteur Gallet, son deuxième amant, auquel elle demande de l’aide pour avorter. C’est alors que les termes se bousculent, qui restituent à la jeune femme son enfance outragée : elle fait entendre un « rire d’enfant »7 ; elle n’est plus qu’une « enfant révoltée »8 ; enfin, lit-on, « l’enfant, vaincue, s’abandonne »9. On voit bien que l’enfance n’est pas une question d’âge, ni de comportement, mais une affaire de mots, des mots qui incitent à jeter sur le personnage un autre regard, qui est précisément celui que son entourage ne lui accorde pas.

Dans Nouvelle histoire de Mouchette, le mot qui revient le plus souvent pour qualifier l’héroïne est l’adjectif « petit » ; il est question de sa « petite main »10, de son « petit visage »11, de son « petit corps »12. Les attitudes de Mouchette sont aussi celles d’un enfant : elle pleure à l’école quand la maîtresse l’humilie ; elle « sautille en pleurant de rage » sous l’averse, perdue dans les bois ; elle donne la main à Arsène, son futur violeur13.

L’insistance du narrateur à désigner les personnages comme des enfants pallie une carence de la part des adultes qui les entourent. La relation d’aînesse que le narrateur rétablit est ce qui définit l’enfance, ce qui lui donne un statut, bien plus que les critères objectifs de l’âge ou de la physiologie. La surdétermination des personnages comme enfants par le narrateur met en évidence et compense l’indifférence des adultes à leur égard. « Indifférence » est un terme impropre, puisque les romans révèlent une réalité bien plus sordide : lorsque l’enfance n’est pas reconnue comme telle, dans une relation appropriée de l’aîné envers le plus jeune, elle est systématiquement exploitée, sous l’aspect du travail — on peut penser à Séraphita, dans Journal d’un curé de campagne, qui est la servante de ses parents et de ses frères — ou de la sexualité, comme chez les deux Mouchette, celle de Sous le soleil de Satan soumise à la convoitise du marquis de Cadignan puis du docteur Gallet, celle de Nouvelle histoire de Mouchette violée par le braconnier Arsène. La figure par excellence de l’enfance humiliée étant le petit valet des Malicorne dans Monsieur Ouine, enfant au travail, victime d’un crime sexuel comme la nudité de son cadavre le donne à penser.

II La trahison des pères

Aux personnages d’enfants humiliés correspondent des « adultes humiliants », mauvais maîtres, comme l’institutrice de la deuxième Mouchette ou M. Ouine, le professeur d’anglais en retraite, et surtout mauvais pères.

On peut lire Sous le soleil de Satan comme un roman sur la fonction paternelle, à partir du parallèle, véritablement saisissant, entre le face-à-face de Mouchette et de Malhorty dans le prologue, et celui de Donissan et de Menou-Segrais dans la première partie. Le roman débute ainsi par la présentation de deux modèles de pères, le pater familias, brasseur de son état, et le curé de la paroisse chargé de former son vicaire. Que le père selon la chair ne soit pas nécessairement un bon père, le personnage de Malhorty nous en convainc. Le texte nous offre à travers lui une caricature cruelle du chef de famille, « despote domestique » qui exerce sa tyrannie sur les siens :

Pour beaucoup de niais vaniteux que la vie déçoit, la famille reste une institution nécessaire, puisqu’elle met à leur disposition, et comme à portée de la main, un petit nombre d’êtres faibles, que le plus lâche peut effrayer. Car l’impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d’autrui14.

Bernanos ne s’érige aucunement en défenseur de la famille traditionnelle. Dans Journal d’un curé de campagne, on trouve également une critique féroce de ce que peut recouvrir cette institution, à travers la famille du comte. La révolte de Chantal, la fille de la maison, et sa tentation suicidaire sont clairement imputées aux mœurs impures et hypocrites de ses parents. Pourtant, la fonction paternelle est la seule garante de l’enfance. Le père est celui qui donne le nom et qui détient l’autorité. Il est aussi celui qui met au monde, pour le bien ou pour le mal, pour la vie ou pour la mort. Dans Sous le soleil de Satan, Mouchette est d’emblée mal nommée. Son patronyme la place sous le signe du mal, elle est à proprement parler de la mauvaise herbe. Le texte s’attarde longuement sur son prénom, son père ayant choisi pour elle « Lucrèce » par défi antireligieux, et ne s’étant résigné qu’en dernier ressort à « Germaine », pour qu’en définitive sa fille se voie affublée du sobriquet dévalorisant de « Mouchette ». Malhorty s’avère un mauvais éducateur. Il a soustrait sa fille à l’influence de la religion, mais n’a su lui transmettre que sa ruse professionnelle. Le texte insiste sur cette déficience, qui prive Mouchette de tout recours dans les moments de crise : « N’ayant jamais connu d’autre contrainte qu’un puéril système d’habitudes et de préjugés, n’imaginant pas d’autre sanction que le jugement d’autrui, elle ne voyait pas de borne au merveilleux rivage où elle abordait en naufragée »15. Dès lors, en dépit de son despotisme, le père Malhorty n’est qu’une figure d’autorité parodique, que sa fille bafoue allègrement. Leurs échanges sont constamment placés sous le signe du « mensonge », mot répété à maintes reprises dans le texte16. Toute à sa haine et à son mépris, Mouchette est bien prête à une « seconde naissance »17, mais c’est une naissance pour le mal.

L’abbé Menou-Segrais, dans sa relation avec son jeune vicaire Donissan, prend le contre-pied de Malhorthy. Sa paternité n’est pas charnelle, et pourtant l’auteur n’hésite pas à la présenter comme le paradigme de la relation positive à l’enfant. Le prêtre appelle Donissan son « enfant », non par une convention langagière, mais parce qu’il a conscience d’avoir été investi d’une responsabilité paternelle à son égard, responsabilité qu’il tient de Dieu et de l’Église. Il ne choisit pas arbitrairement un nom pour son enfant, mais laisse cette prérogative à Dieu : « C’est Dieu qui nous nomme »18. Le nom de l’abbé Donissan est d’ailleurs prédestiné, il énonce sa vocation, puisque « chaque détour de sa route sera marqué d’un flot de sang »19. Le vrai père ne tient pas son autorité de lui-même, sinon il n’est qu’un tyran, un despote domestique, mais cette autorité lui est déléguée et il l’exerce comme un « devoir »20. C’est alors qu’il peut tenir son rôle de « maître »21, ainsi que Menou-Segrais se définit vis-à-vis de Donissan. Cette autorité, fondée en Dieu, n’est pas contestée : lui répond l’obéissance inconditionnelle de Donissan qui s’oppose à la rébellion de Mouchette contre son géniteur. L’entretien des deux hommes est placé sous le signe de la « vérité », mot aussi souvent répété que l’avait été celui de « mensonge » dans la scène de confrontation entre Mouchette et son père. La « brutalité forcée » dont Menou-Segrais ne craint pas de faire usage permet à Donissan de voir clair en lui-même et d’accepter sa vocation. « Ne me laissez pas dans le trouble ! »22 implore-t-il. De fait, c’est le rôle du père de permettre le discernement et d’amener l’enfant à sa vérité, de le mettre au monde pour qu’il y accomplisse sa vocation. Malhorty, lui, ne fait qu’enferrer sa fille dans son trouble, tandis que Menou-Segrais délivre Donissan de sa confusion intérieure et l’oriente vers son futur ministère, même si le jeune prêtre sera par la suite soumis à l’emprise de Satan. Que Menou-Segrais soit une figure de père, et pas seulement de maître spirituel ou de directeur de conscience, cela apparaît à travers des expressions telles que « mon petit enfant »23 répété deux fois, ou encore « d’un geste presque maternel »24, avec toute la charge affective et charnelle de ces mots. L’âge réel des personnages importe peu : c’est la qualité de la relation qui les constitue en « père » et en « enfant », comme le souligne le narrateur. L’apogée de la relation paternelle est atteinte quand le père peut dire à son enfant : « c’est vous qui me formez »25.

Si le premier roman de Bernanos, Sous le soleil de Satan, met d’emblée en question la notion de paternité, c’est dans le dernier, Monsieur Ouine, que celle-ci est le plus durement mise à mal. Les pères selon la chair y brillent par leur absence, tandis que leurs substituts s’avèrent particulièrement malfaisants. La crise de la filiation apparaît à la fois comme un motif romanesque récurrent et comme le symptôme d’une crise de civilisation dénoncée par Bernanos dans ses écrits de combat.

On ne s’étonnera pas qu’au nombre des enfants humiliés qui peuplent ses romans figurent plusieurs orphelins. C’est le cas, dans Monsieur Ouine, de Steeny, dont le père est censé être mort à la guerre, de son ami Guillaume, le petit boîteux élevé par son grand-père le vieux Devandomme, et du valet des Malicorne, dont les parents ne sont jamais évoqués. Ces personnages ont tous un problème d’identité. Steeny porte un sobriquet qui lui a été attribué par sa mère et qu’elle a tiré de ses lectures romanesques. Son vrai prénom, Philippe, celui de son père, lui fait tenir chez lui « la place d’un mort ». Guillaume Devandomme, personnage complexe dont l’infirmité est compensée par une maturité remarquable, n’est pas dupe de son patronyme soi-disant noble, alors que son grand-père est tout entier possédé par le mythe de cette ascendance aristocratique. Guillaume n’est pas dupe, mais sa lucidité débouche sur une incertitude quant à sa véritable origine, d’autant que ses deux parents sont morts. Il est lui-même un être en sursis, une créature fragile qui ne survivra vraisemblablement pas. Quant au petit valet des Malicorne, il n’a tout simplement pas de nom, puisqu’il est désigné tout au long du roman par sa fonction et par le nom de ses employeurs.

L’absence de père s’avère particulièrement dévastatrice pour Steeny. Le jeune garçon souffre d’avoir trop de mères, Maman et Miss formant un couple dont le roman ne laisse aucun doute sur le caractère subversif. La mère manque d’autorité ; sa compagne joue un jeu ambigu, entre rivalité et séduction, qui trouble profondément Steeny. Ce dernier est en quête d’un « maître », d’un « initiateur »26, qu’il croit avoir trouvé en Monsieur Ouine, le mystérieux professeur d’anglais qui passe sa retraite au château de Néréis. L’enfant sans père est ainsi livré à tous les prédateurs, à tous les substituts dégradés de la fonction paternelle, et cela vaut d’autant plus que le père véritable s’est défilé : Steeny n’est pas un orphelin de guerre, comme on le lui a fait croire, mais un enfant abandonné, puisque son père a choisi de ne pas regagner le foyer familial. Ce qui est en cause n’est pas le destin qui fauche les pères, mais la défaillance de la figure paternelle.

C’est ici qu’apparaît le personnage du pédophile, singulièrement présent dans les romans de Bernanos. Le pédophile est celui qui prend la place du père ; c’est un père dénaturé. Le marquis de Cadignan, séducteur de Mouchette dans Sous le soleil de Satan, n’est pas sans ressentir pour la jeune fille « une espèce de sympathie paternelle »27 quelques instants avant de laisser libre cours à sa concupiscence ; le docteur Gallet a longtemps camouflé son attirance pour elle en « sentiments paternels sur le véritable sens desquels une fille avisée ne se trompe pas »28. Ces hommes sont incapables d’assumer la fonction paternelle, comme en témoignent la confusion de leurs sentiments à l’égard de Mouchette, en laquelle ils ne savent pas respecter l’enfant fugacement aperçue, mais aussi leur attitude vis-à-vis de sa grossesse. Tous les deux se défilent lorsqu’il s’agit d’endosser la paternité de l’enfant qu’elle porte. Mouchette est véritablement un personnage en mal de père. Le sien est déficient, et elle n’en trouvera pas pour son fils. Malhorty, Cadignan, Gallet sont tous les trois des pères ratés. Et Mouchette, qui ne s’y trompe pas, les met dans le même sac, « un autre papa-lapin ! »29. Ils peuvent assumer la position sociale de la paternité, comme Malhorthy le despote domestique et le Docteur Gallet « père de deux enfants », mais ils sont lâches quand il s’agit d’en assumer la responsabilité morale, vitale, puisque aucun n’accepte de reconnaître l’enfant que porte Mouchette.

Monsieur Ouine apparaît comme un substitut de père pour Steeny. Il n’a jamais eu d’enfants, mais les a fréquentés dans une relation pédagogique intrusive et manipulatrice, telle qu’il la décrit lui-même, en parlant de l’âme de ses élèves comme d’une petite maison de briques dans laquelle il pénétrait sans peine30. Mais son pouvoir corrupteur tient au secret de sa jeunesse. Abusé par un professeur, il n’a pu se développer harmonieusement, il est resté un enfant monstrueux31, incapable d’une relation qui ne soit pas narcissique et perverse32. Il aime Steeny parce qu’il s’est reconnu en lui ; dès lors, tout est en place pour que se reproduise entre eux ce qui s’est produit entre son maître dévoyé et lui. La relation n’ira pas jusque là. Elle est toutefois placée sous le signe d’une « énorme convoitise »33, telle que Ouine apparaît brièvement sous les traits d’un ogre prêt à dévorer l’enfant :

– Lâchez-moi, voyons, ne me tenez pas ainsi, j’ai horreur d’être tenu … Je ne me sauverai pas, c’est idiot.

– J’ai faim, dit M. Ouine, mais cette fois avec une sorte d’étonnement stupide.

– Ce n’est pas une raison pour serrer si fort, répliqua Steeny, s’efforçant de rire. Voyons, monsieur Ouine, vous n’allez tout de même pas me manger34.

L’abus sexuel reste en arrière plan du roman ; ses victimes avérées, mis à part le petit valet assassiné dont le meurtrier ne sera pas identifié, sont, de façon significative, des adultes devenus à leur tour corrupteurs : M. Ouine et Miss, la gouvernante qui forme un couple lesbien avec la mère de Steeny, et dont on apprend que son dégoût des hommes s’enracine dans une enfance victime de la dépravation des adultes35. Les révélations sur l’enfance de M. Ouine et sur celle de Miss ne visent pas à les excuser, mais à souligner l’enchaînement du mal, dans tous les sens du terme.

En réalité, si la composante sexuelle de la pédophilie est présente dans les romans de Bernanos, ce qui l’emporte, c’est la thématique de la mort. L’adulte corrupteur est celui qui initie à la mort, alors que le père bienveillant donne la vie. De manière explicite, M. Ouine déclare à Steeny qu’il va lui apprendre à aimer la mort36. Il reproduit ainsi ce dont il a été la victime dans sa propre enfance. La scène de l’abus, réminiscence où se mêlent la volupté et la honte, est écrite de telle sorte que la relation nouée entre l’adulte et l’enfant est placée sous le signe de la mort :

Dieu ! que ces larmes sont douces ! Oui, que la chaude honte en est douce, libératrice ! Elles coulent plus abondantes et plus faciles encore que les mots, il les laisse ruisseler sur ses joues, elles inondent sa bouche de leur sel tiède. Les lunettes de fer glissent, s’échappent, éclatent à ses pieds sur le pavé. Il ne voit plus rien qu’un halo d’abord indistinct d’où sort peu à peu, ainsi que d’une pâle brume, le visage du professeur d’histoire, et, à la même seconde, il sent la piqûre de la barbe rousse, et sur lui, sur son propre regard, au bord même de ses cils, un autre regard inconnu, vide et fixe, comme d’un mort …37

Cette page ouvre des gouffres. Le début décrit en quelques phrases l’adulte prédateur et son stratagème avec une telle acuité qu’on est fondé à se demander où Bernanos a pris son modèle : « un gros paysan narquois de la vallée d’Auge qui sent la pipe et l’eau de vie ». L’écrivain gardait un souvenir affreux de ses années de collège ; dans ses écrits de combat, la réclusion de l’internat servira de métaphore à la prise en otage des peuples par leurs élites irresponsables : « Vous avez mis les peuples au collège ! » s’exclame l’auteur dans Nous autres Français, tandis que Les Enfants humiliés retentit de diatribes contre les vieillards qui trahissent la jeunesse. L’écriture romanesque, qui ente l’imaginaire sur la mémoire, donne peut-être la clé de ce motif récurrent.

Dans Nouvelle histoire de Mouchette, la souillure corporelle et l’initiation à la mort sont le fait de deux personnes différentes. Arsène, qui a violé Mouchette, reste un personnage proche d’elle, parce qu’elle en est amoureuse, mais aussi parce que son enfance n’est pas loin : à deux reprises il est comparé à un enfant, un enfant mort, mais peut-être pas depuis très longtemps38. Il éveille d’ailleurs l’instinct maternel de la jeune fille39. En revanche, la visite à la vieille sacristine qui précède de peu son suicide ne laisse aucun doute sur le fait que ce sont les paroles de cette femme qui insinuent en elle l’idée de la mort.

Les enfants humiliés sont voués à la mort, qu’ils se l’infligent comme les deux Mouchette, ou même Steeny, acharné à détruire son enfance et qui fait l’expérience d’une noyade symbolique40, ou qu’elle leur soit infligée, comme celle du petit valet des Malicorne. La différence n’est pas essentielle, car la mort apparaît toujours comme le terme d’un processus de destruction dont les enfants sont les victimes. Les romans de Bernanos dénoncent une volonté de mort exercée par les adultes sur les enfants. Comme Monsieur Ouine le montre magistralement, le meurtre n’est pas le fait d’un pervers isolé : tous sont coupables. Le petit vacher assassiné est la victime d’une communauté entière, cette « paroisse morte » qui ne connaît plus le bien ni le mal, mais qui est travaillée par ses pulsions destructrices. Même si M. Ouine déplore que l’on soit « en plein roman policier », il est clair que les histoires d’enfants humiliés racontées par Bernanos excèdent le fait divers.

Que recouvre ce désir de mort dont les enfants font les frais ? Et qu’est-elle en définitive, cette « maudite enfance qui ne veut pas mourir »41 ?

III Suicide collectif et résurrection

L’assimilation de l’enfance à l’innocence est un poncif naïvement repris par le jeune curé de Fenouille dans Monsieur Ouine, poncif dont le professeur d’anglais a tôt fait de dénoncer l’inanité42. L’innocence n’est pas une question d’âge. On peut la perdre très tôt ou la garder bien au-delà de l’enfance. Dans Journal d’un curé de campagne, le curé d’Ambricourt est lucide sur les enfants du catéchisme que « l’expérience précoce des bêtes » et le cinéma ont déniaisés ; il n’en ressent pas moins pour eux une tendresse éperdue. Ce qui est poignant dans l’enfance, ce n’est pas son innocence, mais sa vulnérabilité. Loin d’être protégée contre le mal, elle en est la première victime parce qu’elle est sans défense. Au-delà de la filiation charnelle, tout enfant est pour tout adulte une mise en demeure : que feras-tu de moi ? Quel homme feras-tu de moi ? Quelle humanité choisiras-tu de perpétuer à travers moi ? Bernanos se penche sur ceux qui répondent à cette injonction par la souillure et la destruction. Il ne les envisage pas comme des monstres isolés, des pervers, mais comme les représentants d’une humanité qui ne s’aime pas et se voue au néant à travers le sort qu’elle inflige aux enfants.

Plutôt que d’innocence, Bernanos parle de pureté dans Monsieur Ouine, et le mot est utilisé par l’un des personnages les plus corrompus du roman. Le maire de Fenouille, homme dépravé dont l’obsession sexuelle s’affiche comme « le nez au milieu de la figure », est hanté par la pureté. Devant le cadavre de l’enfant assassiné, il a d’abord adopté une attitude blasphématoire, l’insultant, prenant le parti du bourreau contre la victime, s’élevant contre l’idée qu’on fasse au petit vacher des funérailles solennelles. Ces outrages sont relayés par un désir effréné de purification. Le maire ne cesse de laver son corps ; il voudrait « curer sa mémoire »43. Pourtant, le sentiment de culpabilité qui le ronge n’est pas traité sur le mode du repentir ni de la mauvaise conscience. Le maire est submergé par le mal qu’il a fait au point que sa raison chancelle. Il ne peut retenir les aveux dont il assomme sa femme, sans pour autant être délivré. C’est au contraire une créature possédée, qui finira par se détruire. Dans son délire, il n’en exprime pas moins un désir de salut44, que le curé de la « paroisse morte » n’a plus les moyens d’exaucer, car « l’homme malheureux »45 qu’est le maire s’est trop éloigné de la religion pour trouver dans son langage et ses sacrements un réconfort. Mais il formule à sa manière cette aspiration à la pureté perdue. Il dit que seul un enfant pourrait le comprendre46 ; « l’absolution, ce serait de renaître »47 profère-t-il. La quête de la pureté perdue passe par une « nouvelle enfance ». C’est aussi le souhait que M. Ouine exprimera au moment de mourir48.

D’un sentiment très humain, car quoi de plus naturel que de souhaiter recommencer sa vie au moment de l’achever, Bernanos fait une aspiration métaphysique. L’enfance est une nouvelle chance, donnée à l’humanité avec chaque naissance, intuition que la philosophe Hannah Arendt a développée. En termes chrétiens et bernanosiens, l’enfance est une proposition renouvelée de salut. L’enfant aimé, protégé, éduqué, n’est-il pas le gage d’un monde meilleur ? Chaque génération nouvelle est potentiellement rédemptrice ; chaque enfant est un sauveur en puissance.

Le sort fait aux enfants dans les romans de Bernanos apparaît comme le signe d’un entêtement de l’humanité dans son refus du salut, et comme une victoire du mal sur le bien, de Satan sur le Dieu d’amour des chrétiens. L’acharnement contre les enfants est suicidaire pour l’humanité, qu’il entraîne inéluctablement à sa perte. Le fils de Mouchette, l’enfant mort-né dont accouche la jeune femme dans Sous le soleil de Satan, en est le signe. Les romans de Bernanos ne laissent guère de place à l’espérance, ils peignent en tonalités sombres un monde qui se déprend de Dieu. Car telle est la vision de l’écrivain, flamboyante malgré la noirceur de son univers romanesque : l’humiliation des enfants n’est qu’un mode opératoire du suicide collectif dont la cause est le rejet de Dieu, de son alliance et de sa Bonne Nouvelle.

À la fin de Monsieur Ouine, les funérailles de l’enfant assassiné donnent lieu à une succession de scènes paroxystiques, entre lesquelles la voix du narrateur prend des accents prophétiques pour annoncer des temps de ténèbres : « L’heure vient où sur les ruines de ce qui reste encore de l’ancien ordre chrétien, le nouvel ordre va naître qui sera réellement l’ordre du monde, l’ordre du Prince de ce Monde, du prince dont le royaume est de ce monde49. » Le jeune prêtre ne peut se retenir de proférer, devant les villageois assemblés dans l’église, des paroles qui déclenchent leur folie meurtrière : s’entendre dire que Dieu s’est retiré d’eux, que leur paroisse est morte, transforme ces hommes frustes en assassins qui immolent en un sacrifice barbare la châtelaine Jambe-delaine, sur les lieux mêmes de l’inhumation du petit valet. Plus tard, au cours d’un entretien avec le médecin, esprit fort dont Bernanos se gausse, le prêtre exprime l’idée que ce qui tourmente le village n’est autre que la nostalgie de la pureté. En faisant à Dieu une place de plus en plus petite, le monde, loin de se libérer d’un joug, se condamne à développer de monstrueux phénomènes. « Vous avez scellé Dieu au cœur du pauvre » s’exclame le curé de Fenouille. Entre le médecin et lui, aucun langage commun, de même que ses paroles ne peuvent atteindre les villageois sans provoquer leur rage meurtrière. Pourtant, ce langage inaudible est bien le seul capable de donner un sens aux événements terrifiants qui, depuis le meurtre du petit vacher, ont bouleversé la communauté villageoise :

– N’importe ! dit le prêtre. Vous aurez un jour la preuve qu’on ne fait pas au surnaturel sa part. Oui, reprit-il après un silence, de cette voix qui contrastait chaque fois si étrangement avec son ton habituel qu’elle semblait appartenir à un autre, lorsque vous aurez tari chez les êtres non seulement le langage mais jusqu’au sentiment de la pureté, jusqu’à la faculté de discernement du pur et de l’impur, il restera l’instinct. Et si l’instinct même est détruit, la souffrance subsistera encore, une souffrance à laquelle personne ne saura plus donner de nom, une épine empoisonnée au cœur des hommes. […] Alors que vous vous flatterez d’avoir résolu cette contradiction fondamentale, assuré la paix intérieure de vos misérables esclaves, réconcilié notre espèce avec ce qui fait aujourd’hui son tourment et sa honte, je vous annonce une rage de suicides contre laquelle vous ne pourrez rien. Plus que l’obsession de l’impur, craignez la nostalgie de la pureté. Il vous plaît de reconnaître dans la sourde révolte contre le désir, la crainte entretenue depuis tant de siècles par les religions, servantes sournoises du législateur et du juste. Mais l’amour de la pureté, voilà le mystère ! L’amour chez les plus nobles, et chez les autres la tristesse, le regret, l’indéfinissable et poignante amertume plus chère au débauché que la souillure elle-même. […] Au train où va le monde, nous saurons bientôt si l’homme peut se réconcilier avec lui-même, au point d’oublier sans retour ce que nous appelons de son vrai nom l’antique Paradis sur la terre, la Joie perdue, le Royaume perdu de la Joie. Si la Piété n’est qu’une illusion, fût-elle des milliers de fois séculaire …

Il s’arrêta, comme effrayé de l’accent de sa voix, et rougit jusqu’au blanc des yeux. Son visage avait retrouvé son expression douloureuse et résignée qui le faisait paraître niais50.

Le personnage du prêtre dans Monsieur Ouine ne peut aller jusqu’au bout de son intuition. Sa lucidité surnaturelle est partielle, assombrie et limitée par la chape de désespoir qui pèse sur ce roman à la lecture éprouvante. Il est d’autant plus remarquable que Bernanos se soit interrompu dans sa rédaction pour se lancer dans une nouvelle œuvre qui devait être Journal d’un curé de campagne. Le curé d’Ambricourt prend le relais du curé de Fenouille. Aussi maladroit et inexpérimenté que lui, il est pourtant d’une autre trempe. Les épreuves qu’il traverse ne viennent à bout ni de sa foi, ni de son espérance. Elles n’ont rien de naïf, elles ne sont pas exemptes d’une angoisse souvent plénière. Mais elles se fondent sur l’expérience de la grâce. On sait quels sont les mots placés par Bernanos dans la bouche du curé d’Ambricourt au moment de sa mort : « Tout est grâce ». Mais bien avant cet épisode, le roman nous montre la grâce en action à travers les démarches du jeune prêtre. Toujours déplacées, souvent ridicules, elles ont une efficacité incontestable. Le personnage créé par Bernanos, si fragile et maladroit soit-il, est capable de délivrer les êtres, non par ses propres forces, mais parce qu’il ne cesse d’être un instrument docile dans les mains du Seigneur.

L’écrivain emploie cette image dans une longue scène magistrale, où le jeune prêtre se retrouve face à face avec la comtesse. Cette femme est emmurée dans un désespoir qu’elle maquille en distinction hautaine depuis la mort de son fils, un tout petit enfant. Le prêtre parvient à débusquer le mal qui la ronge au cours d’un entretien d’une intensité rare. Comme la comtesse s’étonne de son assurance, il lui répond qu’il n’est qu’un instrument dans les mains de Dieu, tel le tisonnier dont elle se sert pour remuer les cendres. Ce qui se joue dans cette scène n’est pas seulement la délivrance de la comtesse, qui mourra apaisée peu après, mais l’établissement d’une filiation authentique en dépit de l’âge et de la position sociale des protagonistes. Cette femme retranchée dans sa souffrance reconnaît dans le tout jeune prêtre un père qui lui redonne vie et la remet au monde. Le curé d’Ambricourt assume la fonction qui lui incombe en l’appelant « ma fille » au terme de l’entrevue, alors qu’elle n’avait été jusqu’ici que « Madame la comtesse ». Après lui, elle répète les paroles du Notre Père, subsumant la paternité spirituelle du prêtre à celle de ce Dieu que son désespoir refusait. Sur le plan humain et affectif, la relation se noue également, inversée. Dans la lettre qu’elle lui envoie, la comtesse écrit qu’elle a retrouvé un fils en lui, tandis qu’il glisse cette missive dans le missel que lui a légué « sa pauvre maman ». Entre ces deux personnages que tout séparait, par la grâce du romancier s’instaure une double filiation qui, très loin des liens de la chair, les fait parents l’un de l’autre, par l’entremise magnifiquement suggérée d’un Dieu déléguant sa puissance d’engendrement et de résurrection.

*

Dans Les Frères Karamazov, la souffrance infligée aux enfants était le scandale des scandales, qui ébranlait la foi d’Ivan Karamazov et l’incitait à se rebeller contre un Dieu laissant torturer des petits enfants. Sa réaction correspondait à un état de la conscience humaine désormais dépassé, c’est ce que les romans de Bernanos nous révèlent. L’humiliation des enfants, sous toutes les formes qu’elle peut revêtir, ne suscite plus le scandale, mais une fascination perverse, une complaisance inavouée, une sorte de consensus infernal comme dans Monsieur Ouine, où tous se repaissent du crime dont tous sont coupables.

La puissance de la vision bernanosienne tient au fait qu’elle appréhende le mal non comme faute individuelle ou « péché », mais comme aspiration au néant à laquelle nul n’échappe. Le mal, dans les romans de Bernanos, ne relève pas de la morale, mais de la métaphysique. Le crime des pères envers les fils revêt alors sa signification véritable : celle d’une autodestruction de l’humanité qui est l’aboutissement du refus du salut : « J’ai placé devant toi la vie et la mort … ».

D’aucuns s’effraieront de la noirceur de son œuvre : c’est oublier que Bernanos a vécu et écrit en un siècle où l’Occident chrétien s’est engouffré dans la première guerre mondiale, a connu la montée des totalitarismes, inventé l’enfer concentrationnaire et la bombe atomique. Bernanos ne s’est jamais tenu à l’écart de l’histoire51 ; il fait partie de ceux qui, loin de se retrancher dans leur foi, ne renoncent pas à la confronter à l’état du monde. Il n’évacue pas le mal, il se refuse à le circonvenir en le réduisant à la faute individuelle, comme le fait l’Église, qui s’en tient au système bien rôdé du péché, de l’aveu, du repentir, du pardon, tandis que l’homme moderne est au bord de l’abîme. Alors que Péguy partait à la conquête de la vertu d’espérance, Bernanos lutte désespérément pour la foi, qui ne va plus de soi dans un monde où il ne suffit pas de réciter le Credo pour attester Dieu, mais où Sa Présence est battue en brèche par les ravages de l’histoire. L’auteur du Journal d’un curé de campagne ne confond pas l’adhésion de l’humanité au projet divin avec le taux de remplissage des églises. La pratique encore largement répandue dans l’entre-deux-guerres ne pèse rien pour lui au regard des crimes perpétrés par les hommes et par les États. Bien au contraire, elle est un contre-témoignage qu’il ne cesse de pourfendre en admonestant ses coreligionnaires et la hiérarchie catholique dans ses écrits de combat. Ses romans, eux, mettent en scène une humanité qui a perdu Dieu et se perd elle-même en sacrifiant son avenir, ses enfants. Dans cet univers qui a les contours des campagnes du nord de la France, Dieu s’est déjà retiré des cœurs en dépit de la visibilité de l’institution catholique. « Quand on est mort, tout est mort », proclame le sacristain dans Journal d’un curé de campagne, tandis que les paroissiens de Monsieur Ouine, déjà collectivement responsables du meurtre du petit valet et du double suicide qui s’en est suivi, exécutent publiquement une femme en représailles à l’exhortation de leur curé. C’est dans Nouvelle histoire de Mouchette que l’extinction de toute vie chrétienne est la plus évidente : aucun personnage de prêtre, une église dont la cloche sonne sans rassembler personne ; une femme préposée à la toilette des défunts qui tient plus de la sorcière que de la religieuse, et qui pousse la jeune fille blessée au suicide. Ces grands romans sont rédigés entre 1934 et 1938, alors que l’écrivain, qui vit aux Baléares, est témoin de la guerre civile espagnole et de la « croisade » du général Franco soutenue par l’Église de son pays. Son œuvre est celle d’une conscience chrétienne écorchée vive qui, au prix d’un effort déchirant, parvient à faire retentir son « tout est grâce » au cœur des ténèbres.

Notes de bas de page

  • 1 Cf. C. Daudin, « Sinite parvulos … : viols, suicides et meurtres d’enfants dans les romans de Mauriac et de Bernanos », dans Littérature et christianisme. L’Esthétique de François Mauriac, Actes réunis par L. Déom et J.-F. Durand, L’Harmattan, 2005, p. 249-262.

  • 2 G. Bernanos, Nouvelle histoire de Mouchette, dans Œuvres romanesques, coll. Bibliothèque de la Pléiade, Paris, Gallimard, 1961, p. 1317.

  • 3 Ibid., p. 1266.

  • 4 Ibid., p. 1291.

  • 5 Ibid., p. 1319.

  • 6 G. Bernanos, Sous le soleil de Satan, dans Œuvres romanesques, (cité supra n. 2), p. 74.

  • 7 Ibid., p. 93.

  • 8 Ibid., p. 95.

  • 9 Ibid., p. 115.

  • 10 Id, Nouvelle histoire de Mouchette, (cité supra n. 2), p. 1265.

  • 11 Ibid., p. 1267.

  • 12 Ibid., p. 1272.

  • 13 Ibid., p. 1274 et p. 1293.

  • 14 Id, Sous le soleil de Satan, (cité supra n. 6), p. 70.

  • 15 Ibid., p. 89.

  • 16 On peut d’ailleurs observer que dans l’univers des romans de Bernanos, univers de la déréliction où se débat une humanité sans repère, c’est le narrateur qui énonce la norme, c’est lui qui est le garant de la vérité et du mensonge, du bien et du mal.

  • 17 Ibid., p. 89.

  • 18 Ibid., p. 133.

  • 19 Ibid., p. 147.

  • 20 Ibid., p. 128.

  • 21 Ibid., p. 128.

  • 22 Ibid., p. 129.

  • 23 Ibid., p. 131 et p. 133.

  • 24 Ibid., p. 132.

  • 25 Ibid., p. 133.

  • 26 G. Bernanos, Monsieur Ouine, dans Œuvres romanesques, (cité supra n. 2), p. 1419.

  • 27 Id, Sous le soleil de Satan, (cité supra n. 6), p. 84.

  • 28 Ibid., p. 89.

  • 29 Ibid., p. 83.

  • 30 Id, Monsieur Ouine, (cité supra n. 26), p. 1558.

  • 31 Ibid., p. 1546.

  • 32 Ibid., p. 1423

  • 33 Ibid., p. 1554.

  • 34 Ibid., p. 1551.

  • 35 Ibid., p. 1445-1446.

  • 36 Ibid., p. 1365.

  • 37 Ibid., p. 1472.

  • 38 Id, Nouvelle histoire de Mouchette, (cité supra n. 2), p. 1276 et 1290.

  • 39 Ibid., p. 1289.

  • 40 Id, Monsieur Ouine, (cité supra n. 26), p. 1365.

  • 41 Id, Nouvelle histoire de Mouchette, (cité supra n. 2), p. 1304.

  • 42 Id, Monsieur Ouine, (cité supra n. 26), p. 1463.

  • 43 Ibid., p. 1440.

  • 44 Ibid., p. 1517.

  • 45 Ibid., p. 1439.

  • 46 Ibid., p. 1438.

  • 47 Ibid., p. 1520.

  • 48 Ibid., p. 1554.

  • 49 Ibid., p. 1494.

  • 50 Ibid., p. 1525-1526.

  • 51 Cf. C. Daudin, Dieu a-t-il besoin de l’écrivain ? Péguy, Bernanos, Mauriac, coll. Littérature, Paris, Cerf, 2006.

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