Après Jésus. Le ministère chez les premiers chrétiens

Charles Perrot
Écriture Sainte - Recenseur : Noëlle Hausman s.c.m.
Reprendre à nouveaux frais l'inventaire des ministères selon le Nouveau Testament, en 150 pages, tient déjà de la gageure. Réfléchir ensuite à ce qu'implique ce service d'une parole apostolique et prophétique en 80 pages de plus, pour aboutir à quelques questions «devenues plus vives aujourd'hui», c'est oser davantage encore. Les quelques 30 pages d'introduction disent la valeur d'une telle lecture, que la conclusion signe en 10 pages. Situé «en-deçà de la plupart des problèmes d'actualité», l'effort vise «le ministère sacerdotal saisi à sa racine, dans le cadre des premiers ministères chrétiens dont les écrits néotestamentaires portent le reflet» (11). Ainsi le motif de la parole vient-il renouveler la dimension médiatrice du ministère «jusque dans l'intime de ces 'paroles gestuées' aujourd'hui nommées sacrements» (12). Un virage qui atteint, selon l'auteur, la pointe du ministère chrétien, à partir d'un dossier biblique totalement reconsidéré. La lecture diachronique du Nouveau Testament (première partie) commence par le témoignage de Paul, avant d'en arriver aux autres milieux judéo-chrétiens, puis de traiter les Églises des Actes et des Pastorales, jusqu'au terme du premier siècle (les écrits évangéliques y compris). De cet immense parcours qu'il ne peut être question de discuter ici, on retiendra l'innovation sémantique du mot apostolos (61), l'identification des épiscopes aux serveurs de la parole (69), la pseudépigraphie (même évangélique) qu'apportent ces prophètes qui re-présentent la parole première (77), la diversité des situations communautaires selon les milieux judéo-chrétiens et helléno-chrétiens (109), le détachement du service de la parole à partir du service de la table communautaire, «car les tables s'attachent à des lieux précis alors que la parole apostolique les surplombe» (176).
La deuxième partie synthétise cet inventaire, en précisant le vocabulaire ministériel des communautés chrétiennes en contexte hellénistique, loin du langage cultuel ou sacrificiel ultérieur (ch.6). C'est la parole des prophètes chrétiens (ch.7), c'est la diaconie touchant «le pain, la parole et l'entraide» (ch.8) qui vont, à travers de continuels déplacements sémantiques, à partir d'horizons communautaires toujours différents, s'agglutiner pour en arriver, dès les Pastorales et la première période patristique, à un ministère à deux, puis à trois degrés (254). Bref, «l'histoire des ministères est celle d'un continuel enchevêtrement… ainsi l'Église a-t-elle su adapter les rôles de chacun, tout en gardant les mêmes titres, du moins après le passage essentiel qui va des premiers apôtres, prophètes et docteurs aux épiscopes, aux presbytres et aux diacres» (257). Ce dossier percutant, traité avec l'audace que l'on devine, aboutit à des propositions courageuses (dans la ligne de Vatican II plus que de Trente), notamment en ce qui regarde les diacres actuels: «leur tâche d'aujourd'hui est celle d'une libre découverte des secteurs nouveaux où devrait s'exercer la ministérialité de l'Église» (260-261). Même si elle doit être mise en perspective, une telle étude est incontournable, pour dire le ministère «après Jésus». - N. Hausman, S.C.M.

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