L'A, professeur de théologie à l'université de Lausanne, présente
ici une introduction à la pensée d'Auguste Sabatier (1839-1901), ce
huguenot ardéchois, fondateur de la Faculté de théologie
protestante de Paris, aujourd'hui oublié, mais dont la pensée
annonce Tillich et Bultmann. Sabatier présente sa méthode comme
«l'intime union de la psychologie religieuse et de l'exégèse
historique». Dans son premier ouvrage L'apôtre Paul,
esquisse d'une histoire de sa pensée (1870), il affirme: «c'est
l'individualité de Paul qui explique sa doctrine, car elle l'a
produite». Ne considérant ni les écrits johanniques ni les
différences entre les évangiles synoptiques, Sabatier recherche la
personnalité de Jésus en amont non seulement de la doctrine
orthodoxe mais du texte évangélique, qu'il distingue de l'intention
réelle ou supposée de son rédacteur. Il évoque «la vie intime des
dogmes et leur puissance d'évolution»; nous les entendons peu ou
prou autrement que nos pères; critiquer le dogme c'est le plus
souvent contribuer à le développer. Le symbole, qui à la fois
occulte et révèle, est le seul langage qui convienne à la religion;
il est accompagné du témoignage intérieur du Saint-Esprit.
Terminons par quelques belles citations: Le christianisme est une
vie, il se doit donc d'engendrer une doctrine… Un homme qui se dit
athée ne l'est jamais qu'à l'égard du Dieu des autres… De Dieu nous
ne connaissons jamais que le commerce que nous avons avec lui.
Notons que Sabatier considère les autres religions comme
« relatives » au christianisme, cette religion absolue
dont la forme suprême est le protestantisme. Pareille conception
est aujourd'hui dépassée. - P. Detienne sj