De la divine folie, tr. M. de Gandillac

Josef Pieper
Philosophie - Recenseur : Jean Burton s.j.
Les éditions Ad Solem ont le chic de publier dans la collection Athena des textes ayant valeur d'engagement pour une vision bien définie de la sagesse. «Athèna s'est effacée devant Marie, la sagesse humaine a rencontré la Sophia divine, et de cette union est née l'Europe, fille des Muses et de l'Esprit» indique le texte éditorial de la collection. «Des Muses antiques à la Grâce qui habite les Prophètes et les saints se déploie le temps de la révélation, de la pédagogie divine par laquelle le Logos divin a préparé l'intelligence et la sensibilité des hommes à accueillir l'amour de Dieu manifesté dans l'Incarnation. Avec le christianisme, les Muses n'ont pas déserté le monde. Simplement elles ont laissé place au véritable inspirateur: l'Esprit Saint qui, à la Pentecôte, a fait goûter aux apôtres la véritable ivresse spirituelle. Prophétie, poésie, amour (éros-agapè): telles sont les principales formes que prend en l'homme l'amour divin.
Ce texte n'est pas récent. Il date de 1962. Peut-être n'est-il pas inutile de rappeler qui était Josef Pieper (1904-1997). Il s'est distingué par l'étude «corrélée» des auteurs classiques grecs et des textes de saint Thomas d'Aquin. Il a reçu le prix Guardini et a traduit son contemporain C.S. Lewis (1898-1963) dont il était un fervent admirateur. Il existe aussi des harmoniques entre la «mania cathartique» et la métanoia chrétienne. La véritable poésie est d'inspiration divine, «liée à une attitude de l'âme qui est plutôt sortie hors de soi que présence à soi-même, une extase qui n'est point produite par le vin…, mais par une puissance supérieure» (p. 38). Et l'A. d'évoquer la nécessité d'une «véritable théorie théologico-philosophique concernant les beaux-arts» et singulièrement de la poésie (p. 39). La relecture de Phèdre de Platon sous la conduite de Pieper permet d'apprécier ce qu'«Athena» a été pour «Jérusalem» et le christianisme naissant; et, en retour, ce que la Révélation, dans l'accueil même des lumières dont le moment grec rayonnait, a décelé de latent dans ce qui n'était encore que pressentiment. Aux sources de la culture spirituelle de l'Europe rien de ce qui est humain ne pouvait être perdu. - J. Burton sj

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