Une volumineuse étude sur la délicate question de l'ordination
sacerdotale féminine. C'est la thèse de doctorat qu'un jeune prêtre
du diocèse de Turin a défendue brillamment à l'Université
pontificale Grégorienne de Rome en 2004. Il enseigne présentement
la théologie dogmatique à la Faculté de théologie d'Italie du Nord
et à l'Institut supérieur de Science religieuse. Son texte est
introduit par le P. L. Ladaria sj, qui a dirigé l'A. dans la
rédaction de son travail. Celui-ci se propose de «justifier et
approfondir le motif de la pratique traditionnelle de l'Église en
ce domaine» (p. 5). Après une brève introduction, l'A. aborde son
sujet par une examen de la position actuelle du Magistère à partir
de la lettre apostolique de Jean-Paul II (mai 1994) Ordinatio
sacerdotalis, reprenant le document Inter insigniores (octobre
1976) publié sous Paul VI. Prétextant l'égalité des sexes et au nom
de l'anthropologie, de nombreuses prises de position s'insurgeaient
contre ces déterminations réputées décisives. Aussi, en deuxième
partie, l'A. poursuit-il une longue enquête, pointue et exhaustive,
sur les positions théologiques de la tradition catholique: premiers
siècles de l'Église; époque médiévale, avec Duns Scot, Thomas
d'Aquin et Bonaventure; époque moderne répétitive des positions
traditionnelles, et enfin discussions autour de Vatican II avec le
surgissement des théologies féministes, les lignes de fond du débat
postconciliaire et les polémiques à propos des documents
magistériels précédemment cités.
Patiemment, l'A. a rassemblé une énorme masse de documents qu'il
traite de façon critique et fort perspicace. Les arguments
anthropologiques sont soigneusement examinés par rapport à
l'optique christologique: incarnation de Jésus dans un être
masculin, symbolique nuptiale de l'union du Christ et de
l'humanité, ainsi que de la sexualité humaine. Il enquête
pareillement sur les positions théologiques des différents groupes
revendicateurs tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Église
(comme le cas de la prétendue ordination de sept femmes en juin
2002 sur le Danube) et pose la question de l'officialisation de la
responsabilité grandissante des femmes dans la pastorale ecclésiale
en lien avec les rapports de Jésus avec les femmes selon
l'évangile. En fait, son livre constitue un impressionnant dossier
sur la question, ce dont témoigne l'abondante bibliographie de 90
pages. Mais il y a là davantage qu'un dossier, car les arguments
avancés par les uns et les autres sont soigneusement évalués. Cette
thèse remarquable est désormais incontournable pour tout théologien
qui se penchera sur la question. - J. Radermakers sj