En 500 après Martin Luther. Réception et conflits d'interprétation (1517-2017)

(éd.) Stéphane-Marie Morgain o.c.d.
Théologie - Recenseur : Anne-Marie Petitjean a.s.

L’ouvrage publie les actes d’un colloque initié par l’Inst. cath. de Toulouse en oct. 2017. Les contributions se répartissent de la manière suivante : Genèse et premiers conflits d’interprétation, Martin Luther dans la théologie catholique, la réception de Martin Luther dans la théologie luthérienne et le dialogue œcuménique contemporain.

La première partie fait le point sur l’historiographie de la Réforme depuis Lucien Febvre, conscient que « chaque époque s’est fait son Luther » (N. Lemaître). La nôtre, comme le soulignera la conclusion générale, montre que l’histoire peut désormais s’écrire sans frontière confessionnelle ou nationale, sans sortir quiconque de son monde et sans ignorer les différentes facettes de ce monde, sans non plus réduire un acteur à un seul aspect de son action. Les exposés suivants abordent les débats intra-luthériens du xvie (M. Lienhard), les conflits entre Luther et les autres réformateurs à propos de la Cène en notant que l’accord actuel se fait sur les fruits de l’action liturgique (M. Vial), la guerre des paysans (G. Woimbée) et l’anabaptisme. N. Blough qui signe ces dernières pages, enracine la position anabaptiste dans les principes mêmes mis en avant par Luther, sola scriptura / sola fide, et en conclut que « la Réforme a donc ouvert le temps du conflit des interprétations ». Toujours dans cette partie, signalons également les pages consacrées à l’herméneutique de Luther (E. Parmentier).

La deuxième partie s’ouvre par une comparaison de Luther avec Ignace de Loyola, laquelle argue d’un possible consensus différenciant entre ces deux géants du xvie, mis à part la question de « la nature de l’instrumentalité de l’Église », qui indique le chantier encore ouvert de l’œcuménisme doctrinal (A.-C. Graber). Les comparaisons, mais aussi la manière dont Luther ou ses idées furent perçues, se poursuivent en appelant à la barre Richelieu (S.-M. Morgain), Pascal (H. Michon), Bossuet (P. Vallin), Balthasar (B. Gautier), Congar (J. Famerée) et Bouyer (B. Lesoing).

La troisième partie interroge Hamann (P. Molac), Ebeling (J.-D. Kraege) avant de traiter de l’accueil et de l’apport de Luther dans les dialogues œcuméniques, qu’il s’agisse d’évaluer le rapport entretenu par les Églises luthériennes avec Luther grâce au document Du conflit à la communion (F. Chavel) ou de recueillir les données méthodologiques majeures du dialogue (A. Birmelé). En finale, sont soulignées les implications des derniers papes dans le dialogue avec les Luthériens (Card. K. Koch).

La conclusion générale de F. Chavel souligne combien il est possible désormais de pratiquer le « libre-échange (…) entre des sensibilités qui gardent leur caractère ». Sa relecture de l’ensemble des contributions l’amène également à affirmer que Luther est désormais un « bien public de l’ensemble du christianisme ». Le chemin de la diversité réconciliée n’est certes pas fini mais A. Birmelé a rappelé que nous en avons la méthode, celle du consensus différenciant. S’ouvre alors le « présent de notre responsabilité ». Ces derniers mots de F. Chavel sont aussi les nôtres. — A.-M. Petitjean a. s.

newsletter


la revue


La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

contact


Nouvelle revue théologique
Boulevard Saint-Michel, 24
1040 Bruxelles, Belgique
Tél. +32 (0)2 739 34 80