Feminist Ethics. Perspectives, Problems and Possibilities

(éds) C.-H. Grenholm (éds) N. Kamergrauzis
Morale et droit - Recenseur : Paul Detienne s.j.
Éthique féministe: ses perspectives, ses problèmes, ses possibilités (Vadstena, Suède, 5-11 juin 2002). Sept conférenciers, dont trois hommes, discutent de l'impact du féminisme en philosophie morale et en éthique théologique. Ils se réfèrent continuellement aux ouvrages d'écrivains féministes (depuis le Vindication of the Wrights of Women, Mary Wollstonecraft, 1792), qui soulignent la complexité du problème et dont ils relèvent les points de vue parfois contradictoires. Le féminisme ne qualifie pas la morale (cf. morale médicale, morale légale), il la transforme: il s'agit de mettre un terme à l'oppression des femmes, de renverser la primauté du mâle dans la pensée et dans la société. Il faut partir non pas d'une expérience asexuée (qui de facto privilège les intérêts des hommes et néglige des problèmes tels que la pornographie, la pauvreté, la violence), mais de l'expérience des femmes, en reconnaissant leur différence originelle, irréductible, ontologique, non-hiérarchique («homme et femme il les créa…» Gn 1,27).
Le féminisme propose une éthique de libération… l'éthique traditionnelle s'avérant déficiente: elle montre peu d'intérêt pour les droits des femmes; considère comme peu intéressants les problèmes de la vie privée (cuisine, soins…); suggère que la femme est moralement moins développée que l'homme; surévalue l'indépendance, l'autonomie, la transcendance…(masculines) au détriment de l'interdépendance, de la communauté, de l'immanence… (féminines); favorise l'universalité et l'impartialité (masculines) au détriment de la relation, de la particularité, de la partialité (féminines). Parmi les questions débattues retenons: y a-t-il des vertus spécifiquement féminines? S'agit-il de différences biologiques ou d'une construction socio-culturelle? Peut-on distinguer éthique féministe et éthique féminine (ou maternelle)? Mentionnons les deux derniers articles: une critique de l'hétérosexisme (la relation hétérosexuelle est source de violence, elle dévalue le plaisir; la femme n'y trouve ni égalité, d'intimité, ni sécurité); une invitation aux Sud-Africaines, victimes du sida, à résister à l'ostracisme, à affirmer leur dignité humaine, à confier au Seigneur leur souffrance (en des psaumes de lamentations) et leur espérance. La vaste bibliographie mentionne une féministe française: Geneviève Fraisse. - P. Detienne, S.J.

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