Aucune monographie extensive, hormis celle de Heinrich Valentin
(Aaron : Eine Studie zur vor-priesterschriftlichen
Aaron-Überlieferung, Fribourg, 1978) n'a jusqu'ici été
consacrée à la figure biblique d'Aaron. James D. Findlay a voulu
combler ce vide, mais comme l'indique aussitôt le titre de son
ouvrage, sa perspective globalement synchronique est assez
différente de celle de son prédécesseur
(characterization vs vor-priesterschriftlichen Überlieferung).
Après un état de la question et une présentation de la méthodologie
(chap. 1), chaque chap. analyse une péricope précise :
Ex 7-11 (chap. 2) ; Ex 32-34
(chap. 3) ; Lv 8-10 (chap. 4) ; Nb 12
(chap. 5) ; Nb 16-17 (chap. 6) ; et enfin
Dt 9-10 (chap. 7). Certes tous ces textes parlent bien
d'Aaron, mais la première question qui se pose est tout de même de
savoir quels critères ont présidé à ce choix. Aaron apparaît 301
fois dans la Torah, et bien d'autres textes (Ex 4-6 ;
Nb 3 ; etc.) auraient mérité de figurer dans le corpus.
Sur ce point, l'A. reste silencieux. Du point de vue
méthodologique, chaque texte est étudié selon deux modalités
différentes et chaque chap., en conséquence, est structuré en deux
étapes : 1) « Form-critical analysis »
(structure, genre, setting, intention) ;
2) « Literary critical analysis ». Si cette double
approche est légitime, elle comporte toutefois deux écueils :
le manque d'articulation (comment les deux approches interagissent)
et la répétition. Pour se rendre compte du problème, il suffit de
comparer, p. ex., les deux analyses à propos d'Ex 7,2,
selon la critique des formes (p. 41) et selon l'analyse
littéraire (p. 60). Le même genre de phénomène se retrouve
dans la conclusion : « Thus, though Aaron is designated
as Moses' prophet (Ex 7:1), he appears to be more of Moses'
« assistant » than his « prophet ». In fact,
Aaron functions as a powerful « worker of wonders »
alongside Moses » (p. 386, selon la critique des
formes) ; « Oddly, Aaron is called a
« prophet » in this unit (Ex 7:1), but rarely acts
like one. Instead, he is depicted as an « assistant miracle
worker », as an adjunct to Moses » (p. 387,
selon l'analyse littéraire). D'une page à l'autre, il est difficile
de voir la progression et le surplus de sens. La recherche menée
par Findlay n'est sans doute pas vaine, mais si les deux méthodes
aboutissent ainsi à des résultats si proches, on est en droit de se
demander si l'application rigoureuse et appliquée d'une seule des
deux n'eut pas finalement été plus féconde. Une bibliographie
récapitulative fait défaut. - D. Luciani