Ces essais sur Jean de la Croix regroupent des articles et des
notes d'étudiants remontant aux années 1977-1982. G. Moioli
(1931-1984) a enseigné la spiritualité et la théologie et il
cherche ici à comprendre en théologien le docteur mystique et son
génie synthétique. Plus qu'une étude des oeuvres, c'est une méthode
de recherche pour bien lire les textes spirituels de Jean de la
Croix selon deux directions: son itinéraire spirituel et la
dimension théologique de son expérience mystique qui est à la fois
poétique et théologique. «Son langage poétique est chargé
d'intuitions spirituelles» (Castenetto). L'interpréter de façon
intellectuelle, didactique et ascétique serait faire fausse route.
Pour Jean, le pécheur expérimente la gratuité de l'Alliance et de
la divinisation à travers un parcours de foi et de vie théologale.
L'expérience de la «nuit» évoque celle de la foi pour purifier
l'homme et le rendre capable d'accueillir Dieu. Mourir pour vivre
résume l'expérience spirituelle offerte par l'Esprit Saint en Jésus
Christ. L'homme trouve de plus en plus son centre en Dieu qui veut
l'emplir de sa divinité jusqu'à une sorte d'union nuptiale. Au
passage, Moioli dénonce les simplifications de certains
commentateurs.
Après des «notes introductives» où il donne l'essentiel de sa
méthode, Moioli discute avec des commentateurs du docteur mystique:
Baruzi, Edith Stein, Vilnet, de Lubac et surtout G. Morel. Puis,
dans «la foi et ses langages», il étudie la polémique entre Gerson
et Schoonhoeven à propos de Ruusbroec de même que les
interprétations du XVIIe s. concernant Jean de la Croix: Diego de
Jesús, Max. Van Den Sandt, Bossuet et Fénelon. Enfin il offre une
lecture cursive de La vive flamme d'amour. Il ajoute deux
appendices: «La foi et le langage de la foi chez Jean de la Croix»
et «Comment Huot de Longchamp lit un mystique chrétien». - A.P.