De nombreux livres ont été écrits concernant le «Jésus de
l'histoire». On peut certes continuer à en écrire d'autres, suivant
différentes approches qui ne s'excluent pas nécessairement.
Pourtant, une difficulté demeure: quel rapport y a-t-il entre
l'interprétation historienne et la perception croyante? L'A. de
cette monographie, formé à Oxford et Cambridge, ancien professeur
de NT à la Faculté de théologie évangélique de l'Univ. de Munich,
profite de son éméritat pour écrire à propos de la connaissance
historique en elle-même et de ses implications pour la
compréhension de la vie de Jésus de Nazareth. Il s'interroge ici
sur la validité de la «nouvelle quête du Jésus historique».Son
enquête débute par un état de la question: il analyse les points de
vue de N.T. Wright, J. Schtröter, E. Schüssler Fiorenza, J.D.G.
Dunn, D.L. Denton et S. McKnight, ensuite compare «l'ancienne
quête» (Schweitzer et Troeltsch) à la «nouvelle» (Bultmann et Van
Harvey), et aborde enfin la «quête rénovée» du Jésus de l'histoire
en proposant une historiographie d'un nouveau type, ou
«postmoderne». En trois étapes, il examine de près les traditions
concernant Jésus, en notant l'ambiguïté des sources et la
difficulté d'établir des critères fiables. Il réfléchit aux
problèmes du souvenir et de la mémoire, puis à la question de la
transmission orale et, finalement, il se demande «qui Jésus
pensait-il être et quelle perception avait-il de sa mission?». Il
conclut par un épilogue christologique à partir de la foi du
concile de Chalcédoine.Nous avons là une thèse soigneusement
documentée, fortement argumentée, ouvrant sur une pluralité
d'interprétations christologiques de l'incarnation, que l'A.
discute à nouveaux frais. Son interrogation majeure porte sur la
conscience que Jésus avait de son identité et de sa mission: quelle
réalité d'histoire phénoménale pouvons-nous lire dans les textes
évangéliques? Quelle fiabilité accorder aux approximations et aux
reconstructions historiennes, et que signifie proprement notre foi?
Une étude probe et précise qu'apprécieront surtout les professeurs
de christologie. Une abondante bibliographie, (près de 40 pages)
presque exclusivement en allemand et en anglais, atteste le sérieux
de cet ouvrage. - J. Radermakers sj