Journal d'un théologien 1946-1956, éd. Ét. Fouilloux

Y. Congar
Théologie - Recenseur : Bernard Joassart s.j.
1946-1956: dix années pendant lesquelles Congar, coutumier de consigner ses souvenirs, n'a pas tenu «un» journal, comme le laisse entendre le titre, mais «des» journaux, plus ou moins longs, au lendemain de sa captivité comme prisonnier de guerre. Si Ét.F. a retenu le titre de «journal», au singulier, ce n'est pas par pure commodité éditoriale, mais parce qu'entre tous les «journaux» ici réunis existe un lien: on peut y suivre, certes quelque peu en discontinu (inconvénient pallié par des introductions de l'éditeur), l'activité du dominicain; une activité étroitement surveillée, et même entravée (jusqu'à l'exil en Angleterre), par les autorités de l'Ordre et le Saint-Siège, en particulier le Saint-Office. Il suffit de rappeler la «Nouvelle théologie», Humani generis…, et on aurait presque tout dit. Et avec Congar, durant cette décennie, combien de réprouvés - Chenu, l'ami de toujours, de Lubac, Daniélou - qui, sans peut-être avoir été aussi secoués que leurs aînés dans la foi et la science à la charnière des XIXe et XXe siècles, n'ont certainement pas pu s'empêcher de croire qu'on était reparti pour une vague de répression à la manière de celle mise en oeuvre par Pie X et ses affidés.
Intérêt de ce «journal»? Excepté ce qui ouvre le volume, «Mon témoignage», où Congar expose comment il s'est engagé dans la recherche oecuménique, il s'agit de témoignages à chaud. Pas de relecture du style mémoires (sauf précisément «Mon témoignage» qui aurait pu se continuer sous cette forme), qui n'échappent jamais totalement à la loi du plaidoyer dans lequel l'A., plus ou moins consciemment, tend à se justifier. Est-ce à dire que Congar s'efface derrière ces notes? Loin de là! Le tempérament entier du dominicain, qui se meut difficilement dans les arcanes ecclésiastiques, s'affirme à chaque ligne, et les «psy» de toute obédience auraient de quoi se délecter à relever les contours d'une personnalité qui manifestement entend bien avoir toujours raison.
Nous n'en dirons pas plus sur ce volume . Nous renvoyons à l'excellent ouvrage publié il y quelques années par Ét.F., Une Église en quête de liberté, qui relate de manière plus suivie, entre autres les péripéties du Saulchoir et de Congar pour les années concernées. Cf. NRT 121 (1999) 110. Tout ceci, en définitive, témoigne de la perpétuelle tension entre recherche théologique et magistère, surtout le magistère romain.
Un seul regret ou plus exactement une seule question. Ét.F. signale l'existence, pour l'époque concernée, de quatre journaux de voyages, dont trois au Proche-Orient, non repris ici, mais dont il nous dit qu'ils sont «à caractère fortement oecuménique» (p. 13). N'en connaissant pas le contenu, il est difficile de se prononcer sur leur intérêt. Mais si «à caractère fortement oecuménique» ils sont, n'aurait-il pas été intéressant de les joindre à la présente publication, vu l'importance de l'oecuménisme dans l'oeuvre de Congar, domaine dans lequel il fut particulièrement chicané? - B. Joassart, S. J.

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