Le catholicisme français des années 1950 et du début des années
1960 a sans doute été moins étudié que celui du lendemain de la
seconde guerre mondiale, et la période des turbulences consécutives
à, pour faire court, «mai 68». En réunissant plus d'une dizaine
d'études sur des points particuliers de cette époque, Fouilloux
introduit de manière très éclairante à cette période, qui bat en
brèche ou du moins nuance fortement la thèse selon laquelle la
crise des années 70 serait une affaire purement interne à l'Église
et une suite directe du Concile Vatican II qui aurait ébranlé cette
Église, notamment du fait d'applications incongrues. Or, en
remontant aux quelques quinze années précédant le Concile, il
apparaît que cette crise était déjà amorcée précisément dès ces
années 50-60, et cela dans un contexte plus large, celui de la
société dans sa globalité dont tous les repères étaient en cours de
mutation et où l'univers chrétien connaissait déjà un éclatement
dans de multiples directions.
Ne pouvant entrer dans le détail de ces études, je suis toutefois
porté à signaler plus spécialement le dernier chapitre «Jalons pour
une histoire de dix ans (1965-1975)». «Bilan à chaud», paru dans
Esprit d'avril-mai 1977, «ces pages s'écartaient volontairement du
ton et de la distance universitaire» - le ton n'est effectivement
pas «académique»! Trente ans plus tard, ces pages n'ont pas perdu
de leur actualité quant à la manière que doit adopter
l'«observateur» du monde religieux, de même sans doute que tous ses
acteurs: tout découpage chronologique, tout principe
d'interprétation, toute appréciation ne saurait légitimement être
monolithique; la réalité est toujours complexe et exige d'être
approchée avec bien des précautions. - B.J.