Voilà un dossier bien utile, qui éclaire d'un jour nouveau les
rapports de Luther avec les femmes, souvent supposés exécrables.
L'examen des 2.650 lettres du Réformateur permet d'isoler un corpus
de 83 documents, destinés à une quarantaine de correspondantes
(pour moins de dix lettres reçues), dont une série exceptionnelle
adressée à sa femme Catherine. Disposés thématiquement, les six
chapitres traitent respectivement des relations entre maris et
femmes (I), entre Martin Luther et Catherine (II), avec des filles
de la noblesse (III), des nonnes et des veuves (IV), des figures
plus marginales comme la sorcière ou la prostituée (V), et, plus
synthétiquement, des défauts et qualités féminins selon Luther
(VI). On s'étonnera avec l'auteur de la polygamie concédée à
Philippe de Hesse, et on s'accordera à ses déductions: «D'après sa
correspondance en tout cas, Luther ne rejette pas plus qu'il
n'idéalise la femme cultivée… les lettres aux femmes confirment les
conclusions de l'ensemble de la correspondance: plutôt que de
modifier radicalement l'image du Réformateur, elles la précisent,
dans ses contrastes et ses contradictions, mélange de conservatisme
et de novation» (100). Il reste que sa correspondance avec
Catherine Luther qu'il épouse à 42 ans, quand elle en a 26, loin de
se restreindre aux thèmes domestiques, montre combien Luther
voulait inclure sa femme dans son domaine de compétence et le prix
qu'il attachait aux conseils de celle qu'il institua, contrairement
aux usages, son légataire universel (55-56). - N. Hausman, S.C.M.