Louis Bautain, l'abbé-philosophe de Strasbourg (1796-1867), éd. J.-L. Hiebel & L. Perrin

Col.
Philosophie - Recenseur : Léon Renwart s.j.
Les Actes du Colloque tenu en 1997 à Strasbourg sont une excellente présentation de cet auteur fort oublié aujourd'hui. Des onze exposés qui y furent donnés, cinq situent le philosophe défenseur de la foi chrétienne au coeur du défit intellectuel du XIXe siècle. Juliette Grange décrit son itinéraire et sa réfutation traditionaliste de l'éclectisme. É. Poulat le compare à deux autres figures de philosophes de cette époque, Lamartine et Ventura. Le Cardinal Poupard montre en Bautain un essai de philosophie chrétienne pour ce siècle. P. Gauthier étudie le rapport entre la raison et la foi dans ce système. M. Deneken le compare aux romantiques allemands de l'époque. Les six autres contributions décrivent le prêtre et ses multiples activités sacerdotales. L. Schlaefli présente le Séminaire Saint-Louis et ses difficultés avec Mgr Le Pappe de Trévern, qui l'avait d'abord soutenu. C. E. Bressolette étudie ses rapports avec Henri Maret à la Sorbonne de l'époque et montre les nuances différentes de leurs apologétiques. B. O'Doherty met en lumière son rôle d'éducateur et consacre une autre contribution au fondateur de la Congrégation de Saint-Louis. L.-D. Gros analyse l'influence de Melle Humann sur Bautain et sur Ratisbonne. L. Perrin se demande s'il ne faudrait pas voir dans ce catholique libéral et ultramontain un Lamennais strasbourgeois.
À la lecture de cet ensemble et surtout des remarquables études de Poulat, Poupard et Gauthier, on est en droit de se demander jusqu'à quel point Bautain fut un fidéiste. C'est «à la suite de Kant,…que Bautain affirme l'impossibilité pour la raison seule de franchir le seuil qui ouvre sur la métaphysique et les questions de l'existence de Dieu …» (P. Gauthier, p. 75/76). Mais n'est-ce pas en voulant défendre la foi catholique avec l'ardeur d'un converti contre l'éclectisme qu'il s'est «raccroché» (on nous permettra l'expression) faute de mieux au fidéisme? Ne lui a-t-il pas manqué, comme à ses contemporains (et, semble-t-il, à plusieurs auteurs de l'époque), d'avoir perçu le point faible du raisonnement de Kant? Celui-ci concluait à bon droit qu'aucun raisonnement humain ne peut aboutir, à son terme, à la certitude de l'existence de Dieu , car il ne peut dépasser la certitude des prémisses. Mais il ne s'était pas rendu compte que l'acte lui-même de jugement n'est possible que sous l'attrait d'un Absolu aussi réel que non conceptualisable. Ceci aurait donné à Bautain le «point de départ» (J. Maréchal sj, † 1944) du rejet de tout éclectisme et lui aurait aussi permis de maintenir que la révélation chrétienne est nécessairement objet de foi, ainsi que la possibilité (mise en lumière par Rahner) de déduire les conditions a priori de son intelligibilité. - L. Renwart, S.J.

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