Louis Bautain, l'abbé-philosophe de Strasbourg (1796-1867), éd. J.-L. Hiebel & L. Perrin
Col.Filosofía - reviewer : Léon Renwart s.j.
À la lecture de cet ensemble et surtout des remarquables études de Poulat, Poupard et Gauthier, on est en droit de se demander jusqu'à quel point Bautain fut un fidéiste. C'est «à la suite de Kant,…que Bautain affirme l'impossibilité pour la raison seule de franchir le seuil qui ouvre sur la métaphysique et les questions de l'existence de Dieu …» (P. Gauthier, p. 75/76). Mais n'est-ce pas en voulant défendre la foi catholique avec l'ardeur d'un converti contre l'éclectisme qu'il s'est «raccroché» (on nous permettra l'expression) faute de mieux au fidéisme? Ne lui a-t-il pas manqué, comme à ses contemporains (et, semble-t-il, à plusieurs auteurs de l'époque), d'avoir perçu le point faible du raisonnement de Kant? Celui-ci concluait à bon droit qu'aucun raisonnement humain ne peut aboutir, à son terme, à la certitude de l'existence de Dieu , car il ne peut dépasser la certitude des prémisses. Mais il ne s'était pas rendu compte que l'acte lui-même de jugement n'est possible que sous l'attrait d'un Absolu aussi réel que non conceptualisable. Ceci aurait donné à Bautain le «point de départ» (J. Maréchal sj, † 1944) du rejet de tout éclectisme et lui aurait aussi permis de maintenir que la révélation chrétienne est nécessairement objet de foi, ainsi que la possibilité (mise en lumière par Rahner) de déduire les conditions a priori de son intelligibilité. - L. Renwart, S.J.