Michel Henry. Fenomenologia Vita Cristianesimo
G. SansonettiPhilosophie - Recenseur : Bruno Clarot s.j.
Figure isolée dans le monde philosophique, Henry s'est acquis une réputation de penseur rigoureux, passionné et peu commode. Il détestait se mettre en évidence, mais n'hésitait pas à prendre position sur des questions graves du moment, en allant toujours à l'essentiel, la Vie, Vie qui précède tout savoir, Vie saisie dans le fond de son être, Vie comme immanence absolue et manifestation; car l'immanence peut se manifester à condition d'être transcendante et invisible comme l'est la Vie ou l'affectivité qui en constitue le tissu. En effet, la Vie, manifestée comme affectivité, forme le noyau de la pensée d'Henry.
Henry suit son chemin personnel, particulièrement au sujet de la Vérité. Pour lui, la vérité n'est pas le visible. Dans l'affectivité éprouvée, sentie, l'invisible devient l'objet d'une «révélation» fondamentale. Cela rend un sens à la notion de «vie intérieure», subjective. Sur ce point, il se sépare de ses contemporains et se rapproche de Malebranche, Maine de Biran, Nabert. Il repense en profondeur la notion de «corps» ou de «chair» et élimine tout dualisme entre extériorité et intériorité, entre âme et corps. Une authentique subjectivité est-elle possible dans l'ontologie de la vie? Oui, car pour Henry, la vie ne finit pas par se dissoudre dans l'Infini; elle se donne toujours comme subjectivité incarnée, corps radicalement subjectif. Elle s'éprouve dans l' existence comme puissance et impuissance, joie et souffrance inextricablement mêlées. L'A., professeur de philosophie à Urbino, nous rend un signalé service en nous exposant clairement la pensée de ce philosophe chrétien rigoureux. - B. Clarot sj