Palabras de creación. La creación en la teología y el método teológico de san Anselmo de Canterbury.
A. Hubert Robinet
L'A., jésuite belge professeur au Chili, aborde d'une manière fort
sérieuse un thème peu étudié chez saint Anselme. La première partie
du livre, qui expose les éléments les plus déterminants de la
biographie du «Docteur Magnifique», met en évidence l'originalité
de sa manière de procéder. Il s'agit certes de réfléchir à
l'intérieur de la foi, de porter à l'accomplissement ce qui y est
en germe, la rationalité surtout. Mais la réalisation de ce projet
pourrait suivre de nombreuses voies. On sait que le siècle
d'Anselme a connu un renouvellement splendide des recherches
logiques, p. ex. avec Lanfranc, le maître du Bec. Ce n'est
cependant pas tellement l'art de l'argumentation qui intéressa
Anselme, mais plutôt celui de préciser les mots qui entrent dans
nos discours théologiques et spéculatifs. Á quoi servirait en fait
le raisonnement dialectique si les mots qu'il utilise n'étaient pas
correctement saisis? La seconde partie de l'ouvrage présente alors
les diverses oeuvres d'Anselme, disposées les unes après les autres
en ordre chronologique, en repérant d'abord en chacune d'elles les
mots les plus aptes à dire l'acte créateur (créer, faire, etc.) et
en commentant brièvement les passages où ces mots interviennent de
manière particulièrement dense (la bibliographie sur laquelle
s'appuient ces analyses, polyglotte, est fort bonne), en cherchant
ensuite le fil conducteur qui permettra d'unifier la signification
des éléments ainsi rassemblés (on s'arrête ici parfois à des
chapitres particulièrement importants, par exemple, aux chap. 11 de
la première partie et 4 de la seconde du Cur Deus homo), et en
terminant à chaque fois par quelques pages récapitulatives qui
permettent de faire le point sur le chemin parcouru par le saint
docteur. La troisième partie du livre est plus synthétique; elle
envisage les termes majeurs qui expriment l'acte créateur: facere,
entendu en fonction de l'acte créateur de Dieu; debere, par quoi
l'homme répond à ce 'faire' divin; creare, terme qui signifie:
«faire un autre et lui donner les conditions de recevoir» (p. 323)
ce don même.
La conclusion propose des linéaments pour une théologie de la
création, inspirée d'Anselme évidemment, mais en tentant d'aller
plus loin. L'A. réussit à montrer que l'intention d'Anselme, certes
spéculative, est en même temps théologique: c'est la christologie
sotériologique qui constitue l'âme de son effort. Le livre se
termine par plusieurs appendices; le premier donne la concordance
des termes analysés, le second propose une traduction (et le latin)
de quelques chapitres importants (pas tous; pourquoi pas les chap.
10 et 11 du Monologion?), le troisième élabore un glossaire
anselmien fort utile, et le quatrième rassemble la bibliographie
utilisée dans l'ouvrage. - P. Gilbert sj