Le xixe siècle finissant crut au triomphe de
la science comme seule explication de tout ce qui touchait à la vie
de l'homme, y compris, pour faire court, à sa dimension
« spirituelle » et dès lors à ce qui apparaît comme un
« sommet » atteint par quelques privilégiés qu'est la
« mystique ». Mais assez vite, tant dans les milieux
ecclésiastiques que dans des cercles purement laïcs, la
compréhension purement scientifique, principalement psychologique,
apparut comme par trop réductrice. Psychologues, philosophes et
théologiens tentèrent d'y voir plus clair, essayant de se frayer un
chemin au milieu d'une réalité où foi, morale, ascèse, et
psychologie proprement dite s'entremêlent sans qu'il soit toujours
aisé de faire la part de chacune de ces dimensions. Des noms ?
Baruzi, Garrigou-Lagrange, Maréchal, Bremond, Blondel, de Guibert,
Bruno de Jésus Marie, et bien d'autres encore. Des « sujets
d'études » ? Jean de la Croix, Thérèse d'Avila, Thérèse
de Lisieux…
Le mérite de l'ouvrage de B.M. est précisément d'avoir tenté une
synthèse des approches de la mystique durant la période concernée
et de montrer par là qu'on ne gomme pas impunément, ici aussi pour
faire court, la dimension spirituelle de l'homme.
Me reste une interrogation : n'aurait-il pas été intéressant
d'aborder le sujet de l'hagiographie, dans le bon sens du terme, à
savoir les vies de saints qui, en particulier depuis
le xixe s., étaient une pièce maîtresse de la
pastorale de l'Église ? - B.J.