Responsabilité. Utopie et réalités. Actes du 38e colloque des intellectuels juifs de langue française, éd. J. Halpérin et N. Hansson

Col.
Religions - Recenseur : Paul Detienne s.j.
Les diverses communications du 38e Colloque des intellectuels juifs (Paris, 2000) sont ici rassemblées, accompagnées d'un résumé des débats vifs et instructifs qu'elles ont suscité. Un commentaire du Lévitique (Tu aimeras l'étranger comme toi-même, car vous avez été étrangers au pays d'Égypte) expose l'exigence biblique de responsabilité: de la vie morale à l'éthique sociale. L'élection ne peut s'entendre qu'en tant que surcroît de responsabilité vis-à-vis de la terre, de ceux qui l'habitent et d'un avenir commun: l'étranger a un droit d'accueil. On nous montre ensuite comment la responsabilité est au coeur de deux textes liturgiques: le Kaddich des orphelins, dont la fonction est d'instaurer une continuité là où la fidélité risque de se rompre (Bénis Dieu pour le mal comme pour le bien!) et le Chema Israel, qui nous ouvre à l'art difficile de l'attention à l'autre, le non-juif: Notre Dieu est le Dieu unique, le Dieu de tous.
Une allusion à l'actualité nous rappelle que l'existence de l'État d'Israël n'est pas l'antichambre de l'ère messianique: Malheur à celui qui bâtit sa maison à l'aide de l'injustice! (Jérémie). Suit l'analyse de deux ouvrages qui confrontent deux principes dialectiques complémentaires: le Principe Espérance (Ernst Bloch, 1959), sans lequel la responsabilité n'est qu'une illusion conformiste, et le Principe Responsabilité (Hans Jonas, 1979), sans lequel l'utopie ne peut être que destructrice.
Nous retenons surtout la communication de Henri Atlan qui, à partir d'une étude de la pensée de Hasdaï Crescas (Saragosse, 14e siècle), aborde le sujet, récemment remis à l'ordre du jour par la loi française, du déterminisme et du libre choix: l'institution de peine de suivi thérapeutique (pour les cas de crimes sexuels) abolit la distinction classique entre criminels passibles de jugement et malades reconnus irresponsables, elle admet l'existence d'un déterminisme dans le comportement du criminel.
Signalons en passant que Lévinas pose la responsabilité pour autrui comme donnée primitive de la condition humaine, précédant la liberté. La dernière intervention, de R. Badinter, concerne la Cour pénale internationale face à l'impunité des criminels contre l'humanité. En conclusion, J. Halpérin rappelle: pas de chalom sans concession ni sacrifice; pas de tsedek sans compassion et générosité. - P. Detienne, S.J.

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