Responsabilité. Utopie et réalités. Actes du 38e colloque des intellectuels juifs de langue française, éd. J. Halpérin et N. Hansson
Col.Religions - reviewer : Paul Detienne s.j.
Une allusion à l'actualité nous rappelle que l'existence de l'État d'Israël n'est pas l'antichambre de l'ère messianique: Malheur à celui qui bâtit sa maison à l'aide de l'injustice! (Jérémie). Suit l'analyse de deux ouvrages qui confrontent deux principes dialectiques complémentaires: le Principe Espérance (Ernst Bloch, 1959), sans lequel la responsabilité n'est qu'une illusion conformiste, et le Principe Responsabilité (Hans Jonas, 1979), sans lequel l'utopie ne peut être que destructrice.
Nous retenons surtout la communication de Henri Atlan qui, à partir d'une étude de la pensée de Hasdaï Crescas (Saragosse, 14e siècle), aborde le sujet, récemment remis à l'ordre du jour par la loi française, du déterminisme et du libre choix: l'institution de peine de suivi thérapeutique (pour les cas de crimes sexuels) abolit la distinction classique entre criminels passibles de jugement et malades reconnus irresponsables, elle admet l'existence d'un déterminisme dans le comportement du criminel.
Signalons en passant que Lévinas pose la responsabilité pour autrui comme donnée primitive de la condition humaine, précédant la liberté. La dernière intervention, de R. Badinter, concerne la Cour pénale internationale face à l'impunité des criminels contre l'humanité. En conclusion, J. Halpérin rappelle: pas de chalom sans concession ni sacrifice; pas de tsedek sans compassion et générosité. - P. Detienne, S.J.