Les questions 40-45 de la troisième partie de la Somme Théologique
de Thomas d'Aquin, présentées ici en édition bilingue, concernent
le genre de vie du Christ; sa tentation; son enseignement; ses
miracles, en général et en particulier (sur les substances
spirituelles, sur les astres, sur les hommes, sur les créatures
irrationnelles); sa transfiguration. Chaque question est divisée en
quatre articles. Chaque article, où se mêlent réflexion dogmatique
et théologie spirituelle, consiste en une réponse principale,
parfois court, à plusieurs objections (ordinairement trois), qu'il
résout en détail par autant de solutions, qui souvent prolongent
l'argument. La traduction est illustrée de nombreuses notes
explicatives (accompagnées de bibliographies adaptées), de trois
«renseignements techniques» (le contemplata aliis tradere; les
tentations du Christ; la théologie du miracle) et d'une anthologie
de textes thomasiens parallèles. Thomas cite abondamment, et
quelquefois longuement, des textes d'Augustin… mais parfois de
manière tellement abrégée qu'ils en deviennent peu intelligibles
(v.g. le symbolisme des quarante jours du Christ au désert). Son
texte ne manque pas d'allusions aux querelles tant entre séculiers
et mendiants concernant la vie mixte qu'entre franciscains et
dominicains concernant la pauvreté. Son explication des phénomènes
astraux subséquents à la passion du Christ s'appuie sur le
pseudo-Denys qu'il considère comme témoin oculaire. Ce sont leurs
vertus propres (amour, virginité, martyre), et sans référence à
Gethsémani, qui ont valu aux trois apôtres le privilège d'être les
témoins de la transfiguration du Christ (où Élie s'est présenté
avec son propre corps, Moïse avec un corps d'emprunt. Rappelant que
Dieu peut agir en dehors des causes secondes mais qu'il reste
toujours dans l'ordre universel de la nature, Thomas présente le
miracle comme motif de crédibilité. Il y voit une infériorité de
Mahomet, qui n'a pas apporté de preuves surnaturelles de son
inspiration divine: il s'est dit envoyé dans la puissance des
armes, signes qui ne manquent pas aux brigands et aux tyrans… et il
a séduit les peuples, des hommes sauvages habitant dans les
déserts, en leur promettant les voluptés charnelles. Aucun oracle
divin des prophètes précédents ne témoigne en sa faveur. (Contra
gentes I,6). L'ouvrage est enrichi d'une table analytique et
d'index des textes cités, bibliques et patristiques. - P. Detienne
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