Voici le cinquième recueil d'articles publiés par N. Lohfink au
cours d'une longue carrière consacrée presque exclusivement à
l'étude du Deutéronome. Le premier recueil date de 1990. Celui-ci
contient neufs contributions publiées entre 1998 et 2004 dans des
recueils de Mélanges et dans les actes de divers congrès. Du point
de vue de la méthode, la lecture de N. Lohfink est plus
synchronique que diachronique et il utilise les ressources de
l'analyse narrative. Voici un bref résumé de ces articles. «Der
Neue Bund im Deuteronomium?» (p. 9-36). La réponse à cette question
est négative: le Deutéronome parle de confirmation, non de
renouvellement de l'alliance. «Der Zorn Gottes und das Exil» (p.
37-55). Dans l'histoire deutéronomiste, le peuple de Dieu n'est pas
anéanti comme il le mériterait en raison de son infidélité à
l'alliance, il éloigné de la face de Dieu durant l'exil. «Narrative
Analyse von Dtn 1,6 - 3,29» (p. 57-110). Cette étude applique de
façon systématique les catégories de l'analyse narrative au premier
grand discours de Moïse dans le Dt. «Deuteronomium 5 als Erzählung»
(pp. 111-130) montre que, du point de vue narratif, ce texte
fournit la clé de lecture du reste du livre. «Deuteronomium 9,1 -
10,11 und Exodus 32 - 34. Zu Endtextstruktur, Intertextualität,
Schichtung und Abhängigkeiten» (p. 131-180). Le texte le plus
ancien est à chercher dans le récit d'Ex 32 - 34. Dt 9 - 10 dépend
à la fois de ce texte ancien et du récit de 1 R 12. Alors que le
livre de l'Exode présente une séquence assez compliquée d'une
alliance en deux phases, le Dt connaît une seule alliance de
l'Horeb. En outre, dans sa phase la plus récente, le texte du Dt
développe une théologie de la justification qui anticipe celle de
saint Paul. «Prolegomena zu einer Rechtshermeneutik des
Pentateuchs» (p. 181-231). Cet article très fouillé analyse avant
tout les critères internes qui permettent d'interpréter les
différents codes de lois présents dans le Pentateuque, codes qui
souvent se contredisent. N.L. affirme, et nul ne s'en étonnera, que
les lois du Deutéronome ne sont en aucune manière inférieures à
celles d'Ex - Nb. «Deuteronomium 1,5: « er verlieh dieser Tora
Rechtskraft »» (p. 233-251). Le verbe b'r de Dt 1,5 que l'on
traduit souvent par «interpréter», signifierait en réalité «donner
force juridique», «faire entrer en vigueur». A notre avis, le
contexte ne favorise pas cette interprétation car il est difficile
de faire dire au texte: «Moïse commença à donner force juridique à
cette loi». Le même verbe réapparaît en Dt 27,8 où il est tout
aussi difficile de le traduire par «Rechtskraft verleihen». On peut
aussi se demander quelle force nouvelle Moïse peut conférer à la
loi qui reçoit son autorité de Dieu. «Dtn 1,9-18:
Gerichtsverfassung und Militär» (p. 252-272). Dt 1,9-18 est analysé
en relation avec Ex 18 et Dt 20 et dans le contexte de la réforme
de Josias. «Die Landübereignung in Numeri und das Ende der
Priesterschrift» (p. 273-292). N.L. défend, contre les tendances
actuelles de l'exégèse de langue allemande, que le récit sacerdotal
se termine dans le livre de Josué (Jos 18,1). L'ouvrage est
accompagné de quatre brefs index. Les articles sont très
instructifs, très bien documentés et ils ne manqueront pas
d'alimenter la discussion dans les domaines traités. - J.-L. Ska sj