Trinity and Inter Faith Dialogue. Plenitude and Plurality

M. Ipgrave
Religions - Recenseur : Jacques Scheuer s.j.
Dans la rencontre et le dialogue avec d'autres croyants, la foi trinitaire des chrétiens n'est-elle qu'un «problème» ou peut-elle aussi être considérée comme une «ressource»? Plus précisément, quel est le contexte et quel est le langage qui permettraient aux chrétiens de partager leur compréhension du Dieu Trinité de manière intelligible et créative? Réécriture d'une dissertation doctorale présentée à Durham, l'ouvrage commence par dégager six «paramètres» ou traits caractéristiques de la conception trinitaire chrétienne: pluriel (ou différencié), personnel, trine, égal (refus du subordinationisme), nécessaire (appartenant à l'être même de Dieu), «immanent» (et pas simplement «économique»). A chaque étape de l'étude, ces paramètres serviront de repères et de critères pour situer et vérifier la progression de l'enquête historique et de la réflexion théologique. Ils sont tout d'abord mis à l'épreuve à l'occasion d'un bref examen des positions trinitaires de Tillich et de Panikkar (chap. 1). Au-delà de la pensée trinitaire spécifiquement chrétienne, cependant, ces paramètres peuvent utilement caractériser d'autres manières d'appréhender ce que l'A. propose d'appeler la plénitude divine. Les chapitres 2 et 3, au centre de l'ouvrage, examinent plus à loisir deux moments du dialogue interreligieux autour du thème trinitaire. Les dimensions d'unité et de pluralité de la plénitude divine sont envisagées d'abord dans le cadre de la rencontre entre philosophie grecque ou hellénistique et christianisme patristique: l'attention se centre surtout sur Plotin et Origène, puis sur les conciles de Nicée (325) et de Constantinople I (381), avant de se tourner vers Grégoire de Nazianze et Augustin, figures emblématiques de la théologie d'Orient et d'Occident. L'autre grand moment - certes moins fécond - est celui de la controverse entre le monothéisme islamique et la pensée chrétienne médiévale, qu'elle soit proche-orientale (Jean Damascène, Paul d'Antioche), latine (Thomas d'Aquin) ou byzantine (Palamas): la Parole de Dieu (le Christ Verbe ou le Coran) et les attributs divins sont ici au centre des débats.
Dans le dernier chapitre, l'A. peut alors développer sa propre réflexion et formuler des suggestions à propos de la dimension trinitaire de la plénitude divine, non seulement comme thème ou comme contenu pris en considération dans le débat interreligieux (notamment avec l'islam et avec l'hindouisme), mais aussi et plus encore comme située au fondement de ce dialogue et lui conférant sa dynamique. L'objectif n'est évidemment pas de dégager un accord unanime entre, par exemple, chrétiens, hindous et musulmans: la Trinité restera toujours, entre eux, un «problème». Il s'agit plutôt de reconnaître dans la tension entre unité et pluralité au sein de la plénitude divine, telle que cette tension s'exprime dans les différentes traditions, des ressources qui permettraient à chacune d'enrichir et d'approfondir sa foi et sa réflexion propres.
Que ce soit dans les vastes enquêtes d'histoire doctrinale ou dans les réflexions qu'il propose pour aujourd'hui, l'A. excelle à dégager les enjeux essentiels avec clarté et brièveté. - Je ne suis pas sûr que soit fondé le reproche de réductionnisme sociologique qui est fait à Dumézil (349-351), mais cette question latérale n'invalide pas l'argumentation centrale de l'ouvrage. - J. Scheuer, S.J.

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