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L'agir socio-politique de Mgr Christophe Munzihirwa à  Bukavu (1994-1996, R.D. Congo)

Jean-Marie Vianney Kitumaini
La complexité de la situation que traverse le continent africain interroge l'agir éthique de l'Église. Celle-ci doit continuellement inventer de nouveaux modes d'agir, renouvelés et adaptés. L'auteur propose ici une réflexion sur l'exercice de la charge pastorale de Mgr Munzihirwa Christophe durant son bref épiscopat dans l'Archidiocèse de Bukavu (R.D.Congo), dans le contexte précis de la guerre qui embrase la région des Grands Lacs. Analysant différents écrits de ce pasteur, il en dégage des présupposés ecclésiologiques susceptibles d'orienter tant le comportement des fidèles que l'action de pasteurs engagés dans le domaine mixte du socio-politique.

Introduction

La question d’une éthique du politique en Afrique garde son actualité au sein des intuitions de base de la théologie africaine. Elle se pose tant au niveau des motifs qui expliquent la pertinence de l’éthique africaine1 qu’à celui de l’agir de l’Église en ce continent qui, de nos jours, traverse des moments de turbulences socio-politiques. Si l’on trouve des repères d’action chez bon nombre d’écrivains africains, une réflexion sur l’agir éthique en cette situation complexe de notre continent ne serait pas de trop en ces jours où l’Église est en butte à des contraintes multiformes qui exigent d’elle des solutions toujours renouvelées et adaptées. Ces équations à plusieurs inconnues ne peuvent trouver leur solution qu’en parcourant la singularité des cas où, à partir d’une situation déterminée, l’Église a choisi une voie propre et inédite. C’est pourquoi nous proposons le cas de l’agir pastoral de Mgr Christophe Munzihirwa, durant les deux années passées au gouvernement de l’archidiocèse de Bukavu (R.D. Congo).

Notre étude tentera une lecture analytique des lettres et messages de cet excellent pasteur qui, au cœur de la tourmente de la guerre et de ses conséquences dans la région des Grands Lacs, a choisi de demeurer la « sentinelle » de ses fidèles. Mgr Christophe Munzihirwa a été nommé archevêque de Bukavu le 24 mars 1994. Il y a été assassiné dans la nuit du 29 octobre 1996 par « les troupes de l’AFDL regroupant divers mouvements d’opposition au régime du Président Mobutu et des troupes étrangères essentiellement rwandaises »2. Cet évêque s’est totalement consacré à la recherche d’un schéma de paix par des prises de positions courageuses et un engagement sans précédent pour la défense de la dignité de la personne, quelle que soit son appartenance ; il a choisi de « compatir avec les nécessiteux et les victimes de cette situation » de guerre3. Puisse le lecteur trouver dans ces lignes des lueurs pour éclairer tant la marche des chrétiens en politique qu’une compréhension actualisée de la charge pastorale de nos évêques.

Traçons d’abord un bref portrait de cet illustre témoin. Le parcours de sa formation fut riche en événements. Christophe Munzihirwa Mwene Ngabo (1926-1996) a été ordonné prêtre du diocèse de Bukavu en 1958, avant d’entrer dans la Compagnie de Jésus en 1963. Après une période de formation qui le vit étudier successivement la philosophie, puis les sciences sociales et économiques, il assuma diverses charges, dont celle de vicaire à la paroisse universitaire ; à la suite d’un mouvement de contestation des étudiants, il partagea même le sort de ces derniers enrôlés de force dans l’armée. Le P. Christophe prononça ses vœux perpétuels en 1975.

Après une période de cinq ans où il a exercé des fonctions importantes au sein de la Compagnie, parmi lesquelles le rectorat de l’Institut de Philosophie sj à Kimwenza, il fut nommé en 1980 Provincial des jésuites de la Province d’Afrique Centrale. C’est au terme de son mandat à ce service qu’il est élevé à la dignité épiscopale, tout d’abord comme évêque-coadjuteur du diocèse de Kasongo, puis successivement comme administrateur apostolique de l’Archidiocèse de Bukavu et archevêque du même diocèse où il vécut de près « le drame des centaines de milliers de réfugiés déferlant sur le Sud-Kivu à la suite des terribles événements d’avril 1994 au Rwanda »4.

Pour cadrer la perspective de notre essai, précisons qu’il ne s’agit pas d’une analyse complète de la pastorale diocésaine de Mgr Munzihirwa au cours de son épiscopat à Bukavu, mais d’une analyse intégrative des initiatives qui ont le plus caractérisé son activité pastorale. Notre attention se fixera sur la dimension sociale de sa charge, sur l’engagement de Mgr Munzihirwa « dans les domaines mixtes du politique et du social ». Là, nous rejoignons R. Kulimushi : « l’Église en Afrique comme ailleurs, ne peut s’enfermer dans le secret de ses temples et déserter la mission que lui a confiée la divine providence : former l’homme complet, et par là, collaborer sans cesse à établir le fondement solide de la société »5. Notre approche veut souligner ce nouveau type d’engagement, et « montrer que les pasteurs africains ne parviendront pas à faire passer le ‘message’ s’ils ne sont pas ‘naturalisés’ aux aspirations et aux appels de leurs peuples, à leurs besoins et à leurs misères, à leurs échecs, à leurs rancœurs et à leurs joies… Il s’agit de conjurer le risque de voir les pasteurs demeurer uniquement des administrateurs-distributeurs de sacrements »6.

Cet article évoquera d’abord le cadre socio-politique de la charge pastorale de Mgr Munzihirwa dans l’archidiocèse de Bukavu ; il poursuivra par l’analyse de ses messages et lettres pastorales issus de son engagement au service de ses fidèles. Enfin, une conclusion ouvrira des perspectives pour une éthique chrétienne politique en Afrique.

I Le cadre socio-politique et ecclésial

Le contexte où s’exerça la charge pastorale de Mgr Munzihirwa est complexe. Il est avant tout celui d’un pays en déliquescence, que les trente-deux ans du régime totalitaire de Mobutu ont placé parmi les « États malades » du continent africain « où l’on ne cherche plus qu’à survivre »7. Si d’une part Mgr Munzihirwa doit travailler de concert avec l’épiscopat congolais pour le redressement et la résurrection des structures de cet état moribond, il doit par ailleurs affronter la situation pastorale particulière héritée de son prédécesseur, feu Mgr Mulindwa. Celle-ci coïncide avec la période post-synodale où l’archidiocèse était « en marche pour envisager l’avenir avec un regard critique sur le passé en agissant sur le présent ». C’était donc le moment « d’un sérieux examen de conscience sur la vie et le témoignage » de notre Église particulière et d’un « regard sur les perspectives d’avenir pour préparer le troisième millénaire, en vivant dans la fidélité et le témoignage durant la dernière décennie de l’an 2000 »8.

En outre, Mgr Munzihirwa entreprend son ministère épiscopal à Bukavu au moment où de nombreux réfugiés rwandais fuient leur pays pour se diriger vers l’Est de la R.D. Congo, entrant justement par les villes de Bukavu et de Goma. Cet accroissement de la population de Bukavu ne pouvait pas échapper à l’attention du pasteur qui n’a pas hésité à intégrer les réfugiés au nombre de ses fidèles : désormais, ils font partie du troupeau qui lui est confié et il ne peut paître certains en laissant d’autres. En effet, dans sa sollicitude, il a plusieurs fois invité ses fidèles à venir en aide aux réfugiés et à les accueillir : cette situation de fait étendit ainsi sa pastorale jusque dans les camps de réfugiés présents sur le territoire soumis à sa juridiction9. Cette façon de voir s’harmonise avec l’invitation que lancera en 1995 le Pape à l’Église d’Afrique lorsqu’il exhortera les fidèles à secourir les réfugiés et à leur assurer un « soutien pastoral partout où ils se trouvent »10.

Le troisième et dernier élément du contexte où s’exerce cette charge pastorale est l’avènement de la guerre durant laquelle il a été assassiné. Là aussi, notre évêque n’est pas resté insensible à cette situation qui dure jusqu’à nos jours. Il a combattu de toutes ses forces afin qu’une ère de paix et de fraternité règne sur notre région mais hélas, son engagement fut contrecarré jusqu’à sa mort.

Les événements qui se sont succédés durant ses deux années d’épiscopat ne lui ont laissé aucune latitude pour résoudre progressivement les problèmes qui se posaient : il a donc dû gérer l’éphémère et adopter en conséquence une pastorale au fil du temps.

II Au cœur de la tourmente, quelle priorité pastorale ?

Comment Mgr Munzihirwa s’est-il engagé concrètement au cœur de la tourmente et des multiples défis qu’il eut à affronter ? Quel type de pastorale et surtout quelle priorité pastorale ? C’était une nouvelle situation d’Église. En fait, la complexité des problématiques pastorales urgentes à affronter peut facilement déstabiliser le pasteur. Quels ont été ses choix et ses priorités dans le gouvernement de cette portion du Peuple de Dieu dont il venait de prendre la charge ?

Outre l’administration ordinaire11 du diocèse de Bukavu qui jouissait déjà de structures solides et efficaces opportunément posées par son prédécesseur Mgr Mulindwa, Mgr Munzihirwa s’est dépensé dans deux directions : la défense et la dignité de la personne humaine, et la recherche d’un plan de paix en cette région des Grands Lacs qui sombrait progressivement dans la guerre.

1 L’engagement pour la défense des déshérités

Le premier axe de l’action pastorale de Mgr Munzihirwa concerne son engagement dans le drame des réfugiés rwandais présents pendant ce temps, sur le territoire congolais. Pasteur avisé et attentif, il a compris non seulement la détresse des réfugiés mais aussi la « déstabilisation du Kivu par la présence des centaines de milliers de réfugiés rwandais, avec [comme corollaire] la perspective de l’extension des conflits à toute la région des Grands Lacs »12.

Sensible à leur condition de misère et à leur sort, Mgr Munzihirwa ne se contenta pas d’affronter le problème immédiat de trouver des vivres pour les divers camps où étaient entassés les réfugiés. Il se consacra en outre à la recherche d’une solution durable pour eux par de nombreux appels à toutes les instances tant nationales qu’internationales. Faisant état de leur condition de vie, il disait : « Ils vivent dans des conditions de détresse de plus en plus grandes : les distributions de nourriture se font plus rares, le bois de cuisine est de plus en plus difficile à trouver. Plusieurs organismes se retirent, mais continuent à travailler au Rwanda… »13.

Motivé par le désir manifeste de la grande majorité des réfugiés de rentrer dans leur pays, Mgr Munzihirwa a toujours plaidé pour une solution négociée au Rwanda pour permettre ce retour. Il pensait qu’« il n’y a d’autre solution pacifique au conflit que celle d’une rencontre de tous les Rwandais en vue d’une solution politique négociée et équilibrée… Laisser dépérir au Zaïre deux millions de Rwandais, c’est un crime contre l’humanité »14. Par retour des réfugiés, Mgr Munzihirwa entendait un retour dans la « dignité et la sécurité »15. Parmi les solutions proposées, il a suggéré d’« œuvrer pour la paix dans la région des grands lacs » par « l’ouverture d’une enquête internationale sur les massacres… la révision de l’aide financière et militaire américaine conditionnée au respect du droit à la vie pour tous, la prise en compte par le HCR et le PAM des conditions de vie des réfugiés et de leur angoisse face à un retour forcé ; l’ouverture de négociations politiques entre le pouvoir de Kigali et les représentants des réfugiés qui souhaitent la réconciliation, l’organisation d’une table ronde indispensable, l’embargo sur les armes, etc. »16.

« Les évêques doivent proposer la doctrine chrétienne d’une façon adaptée aux nécessités du moment, c’est-à-dire en répondant aux difficultés et questions qui angoissent le plus les hommes »17. L’engagement de Mgr Munzihirwa relayait ce texte de Vatican II qui rappelle aux pasteurs la façon de parler aux fidèles. En effet, au-delà de ses interventions dans les hautes sphères de la politique de son temps, il n’a pas failli à son devoir envers les réfugiés qui, par la force des événements devenaient membres du troupeau que Dieu lui a confié. Sa pastorale, et c’est là une particularité de son épiscopat, s’est étendue à tous les camps des réfugiés. En plus de ses nombreuses visites à ces frères en détresse, il a créé un type d’encadrement spirituel nouveau dans les structures paroissiales du diocèse. Parmi les prêtres réfugiés rwandais vivant dans les paroisses avec ceux de son diocèse, il nomma des aumôniers pour les camps. Ainsi, pendant que les prêtres diocésains de Bukavu s’occupaient des fidèles de leur paroisse, en même temps, les prêtres rwandais assuraient les mêmes services dans les divers camps. Au travail humanitaire s’est donc adjoint un encadrement pastoral de grande envergure où tous, autochtones et réfugiés, se trouvaient sous la houlette du même pasteur. Voici une nouvelle forme du témoignage de l’unique communion des fidèles mais aussi et surtout, de la coresponsabilité des églises dans la prise en charge des chrétiens. Dans sa lettre pastorale aux réfugiés de sa juridiction, Mgr Munzihirwa proposait une pastorale d’accompagnement qui préparait ces derniers à affronter par la force de l’évangile les problèmes liés à leur condition. Dans la préparation au temps fort de l’Avent, il leur disait :

C’est dans l’angoisse que nous commençons cette période de l’Avent. Temps de conversion à celui qui vient et de tourment de ce qui nous bloque. Depuis que nous vous avons accueillis, votre sort est devenu en quelque sorte le nôtre. C’est le même Christ qui souffre en nous tous. Nous ne pouvons donc pas être d’accord avec les mesures qui, à votre endroit, violent les Droits de l’homme et spécialement le droit du réfugié. Il ne peut être rapatrié contre son gré, surtout quand il sait qu’une mort quasi certaine l’attend dans sa patrie. (…) nous prions pour que ces mesures qui vous menacent soient changées en procédé plus humain et plus chrétien… En entrant dans la dynamique du Christ, nous allons pouvoir… nous souhaiter ‘un joyeux Noël’, la joie du Fils de Dieu qui naît petit à petit dans la déchirure de l’histoire humaine, et qui sait qu’il mourra sur la Croix pour sauver ce monde. C’est cette joie profonde de la véritable espérance — celle qui espère contre tout espoir — que je vous souhaite déjà et que, dans la solidarité, nous allons construire ensemble en attendant le jour de votre retour dans votre patrie18.

Mgr Munzihirwa s’engagea dans une nouvelle évangélisation qui, tout en partant du cauchemar de son peuple, l’orientait vers l’avenir à reconstruire, avenir dont ce peuple demeurait le protagoniste incontournable. En ce sens, Mgr Munzihirwa voulait porter ses fidèles au dépassement d’un christianisme de surface, de « spectacle et de folklore » ; il va au-delà d’une pastorale de « révérence » et de compromission en introduisant ses fidèles dans la perspective d’un « christianisme de la vie », selon les expressions de Kä Mana19. Par ce nouveau schéma, il entraînait ses chrétiens dans ce que Kä Mana appelle « un nouvel élan d’initiative, de créativité et d’innovation, pour penser et construire l’Afrique nouvelle, pour animer et dynamiser les énergies des peuples africains à partir d’une intelligence renouvelée de ce que la foi chrétienne a comme projet pour l’Afrique et pour ses populations »20. Sa visée dans ce processus de reconstruction fut celle de rétablir l’édifice humain tout entier car en fait, toute structure au service du peuple « aurait une certaine fragilité si elle ne prenait pas comme fondement le caractère central de la personne »21.

Son dévouement pour le problème des réfugiés n’a cependant pas distrait Mgr Munzihirwa dans la prise en compte de la situation d’ensemble créée par le régime dictatorial de Mobutu. Il engagea un autre front contre les abus de l’armée zaïroise impayée depuis des années et ceux d’une société porteuse des tares de ceux qui l’ont dirigé depuis trois décennies. Cette société révèle aussi un univers ecclésial pathologique qui n’a pas échappé à la contamination. Un cliché de cette situation désastreuse se trouve dans sa lettre à l’ambassadeur des États-Unis d’Amérique :

Occupés à voler pour eux-mêmes, ces militaires doivent aussi apporter à leurs chefs le pourcentage prévu et requis. Mais, plus grave encore : on pourrait se demander si ceux qui soutiennent cette situation ne veulent pas provoquer une révolte dans la population, et permettre ainsi aux forces armées de piller ce que nous avons essayé de sauver dans la ville de Bukavu22.

Par cette lecture, Mgr Munzihirwa a pratiquement prévenu le danger d’éclatement d’une « division tribale au sein des organisations et de la population », c’est-à-dire le danger « des conflits ethniques et d’un chaos voulu et entretenu politiquement »23.

En somme, on perçoit dans toute cette pastorale une passion pour l’identité et la dignité de l’homme. On y trouve en même temps les intuitions des récents enseignements du magistère qui fustigent des systèmes où « il n’existe pas de vérité transcendante, par l’obéissance à laquelle l’homme acquiert sa pleine identité » ; des systèmes où « l’homme n’est respecté que dans la mesure où il est possible de l’utiliser aux fins d’une prépondérance égoïste »24. L’action pastorale de Mgr Munzihirwa s’est placée dans le prolongement de cette préoccupation du pape car, par sa conviction, il a lutté fermement pour que l’Église dont il était le pasteur ne puisse approuver la constitution de groupes dirigeants restreints qui usurpent le pouvoir de l’État au profit de leurs intérêts particuliers ou à des fins idéologiques25. Le combat de Mgr Munzihirwa au cœur de la situation explosive des réfugiés et des derniers méfaits du pouvoir dictatorial de Mobutu, est un combat de toute l’Église qui « ne peut abandonner l’homme, dont le ‘destin’, c’est-à-dire le choix, l’appel, la naissance et la mort, le salut ou la perdition, sont liés d’une manière si étroite et indissoluble au Christ ». Pour lui et pour chaque pasteur, l’homme demeure la route fondamentale pour toute Église qui se conçoit comme servante de la personne26. La conviction de Mgr Munzihirwa reposa sur cette base solide qui, à mon avis, a soutenu l’architecture de sa vie et de son action pastorale jusqu’à l’oubli de soi, jusqu’au sacrifice de sa propre vie en faveur de son peuple. Comme il l’écrit, « l’espérance que le Christ ressuscité nous apporte est une espérance de libération personnelle, collective et totale de l’homme » mais qui, en conséquence, exige que « des hommes soient prêts à en payer le prix : “Qui veut garder sa vie la perdra, et celui qui l’investit pour ses frères, la sauvera” ». Cette espérance n’escamote pas les problèmes de la vie mais maintient une unité existentielle. Elle transpose tous les instants de la vie sur un autre plan : la construction de l’éternité à partir du présent »27. Dans cette conviction, Mgr Munzihirwa n’a ménagé personne et partout où était le mal, il ne cessait de réagir avec force ; on le voit surtout dans ses interventions musclées où il lui était difficile d’accommoder son langage aux personnes que protégeait leur rang social ! Citant dans ses notes Mgr Romero au sujet des béatitudes, il dit : « Les cœurs purs : ceux qui sont incapables d’hypocrisie, font ce qu’ils pensent, pensent ce qu’ils font et pensent ce qu’ils disent. Ils peuvent me tuer, ils ne peuvent pas tuer la vérité »28. N’est-ce pas avec cette force d’âme qu’il a défié et mis en cause ceux qui lui ont donné la mort ?

2 Un style d’engagement socio-politique en temps de guerre ?

L’engagement de Mgr Munzihirwa dans le quotidien socio-politique congolais s’affirme dans ses différents messages qui dénotent son excellente lecture des événements et la fermeté de ses prises de position. À partir du cas des réfugiés et de la tergiversation des milieux occidentaux à lui trouver une solution efficace et définitive, Monseigneur décela les prodromes d’une situation dramatique qui guettait notre région ; il dévoile le dessous des cartes que différents lobbies occidentaux n’osaient révéler sur l’Est de la RDC29.

En outre, dans ses appels multiples et désespérés, on lit un plaidoyer pour la restauration de la paix, la solidarité dans la lutte contre le mal et la construction « des structures de justice, de réconciliation et de pardon »30. Ce combat pour sauver la paix l’a entraîné irrésistiblement dans une véritable pastorale à contre-courant, où le pasteur dans sa charge d’âmes déploie toute sa ferveur prophétique. Devant un pouvoir impertinent aux yeux du peuple, il invitait ce dernier à la lucidité :

En ces jours vous êtes ballottés par un vent de tempête de sable, qui vous pénètre dans les yeux de l’esprit. Ne voyant plus clair, vous vous heurtez les uns contre les autres et vous prenez les parents pour vos ennemis. Arrêtez-vous, nettoyez-vous les yeux pour savoir ce que vous êtes et quels sont vos amis, et quels sont vos envahisseurs. Après cette destruction, soyez unis et solidaires31.

Fortement ancré dans la tradition patristique, Mgr Munzihirwa fonda sa conviction sur la conception augustinienne de la paix comme condition de bien-être où l’homme aspire à « une vie harmonieuse avec son milieu naturel et avec ses semblables, dans le respect de ses droits imprescriptibles ». La paix n’est pas, pour lui, silence des armes de guerre ; elle est en premier lieu, une répression en nous des énergies belliqueuses. « Toucher à la paix c’est, disait-il, plus que toucher à un problème ; c’est même plus que toucher à l’homme ; c’est toucher à Dieu, à celui que saint Paul nous présente comme étant lui-même notre Paix (Ep 2,14) »32. Dans cette perspective, on voit avec évidence de quelle arme s’est servi l’évêque de Bukavu pour défier la guerre qu’il sentait désormais à la porte : c’est par l’amour, la solidarité, l’unité et le pardon qu’il est possible de braver les forces du mal.

Toutes ses interventions dans la tourmente de la guerre sont, à notre avis, porteuses d’une nouvelle vision ecclésiologique dont il pensait entourer son action pastorale. Il est ainsi resté fidèle aux intuitions reçues du Synode spécial des Évêques pour l’Afrique, en voulant instaurer au sein de l’Église locale de Bukavu la nouvelle dimension de l’Église-Famille de Dieu qui dans sa conception, « met l’accent sur l’attention à l’autre, la solidarité, la chaleur des relations, l’accueil, le dialogue et la confiance »33.

Par ailleurs, Mgr Munzihirwa n’a-t-il pas jeté les bases d’une nouvelle évangélisation dans l’Archidiocèse de Bukavu qui venait de vivre l’expérience du synode diocésain, clôturé deux ans avant le début de sa mission ? En effet, son action s’est harmonieusement insérée dans la triple transition ecclésiologique, pastorale et socio-politique ; elle a assuré à l’Église de Bukavu une visibilité efficace et un service de témoignage au sein d’un cadre fortement fragilisé par les impacts des événements troublants de la guerre que traverse la RDC34. L’engagement de Mgr Munzihirwa invitait ses fidèles à ne « pas se laisser enfermer dans les politiques particulières et les idéologies », à construire l’avenir sur le socle de l’espérance que le Christ nous apporte. Il a défini cette espérance en terme d’engagement de l’homme dans son auto-libération, dans la conscience qu’à chacun de ses efforts, l’homme a un prix à payer. Dans ce même élan, il montrait au peuple une espérance qui « n’escamote pas les problèmes de la vie mais maintient une unité existentielle. Elle transpose tous les instants de la vie sur un autre plan : la construction de l’éternité à partir du présent »35. L’Archevêque de Bukavu avait l’idée d’une nouvelle présence de l’Église locale au monde, d’une Église qui ne se contente pas de réagir aux situations qui rabaissent l’homme et sa dignité, mais possède une auto-conscience des problèmes sociétaires de son temps36.

III Conclusion : présupposés ecclésiologiques d’une éthique politique en Afrique

Dans l’agir socio-politique de Mgr Munzihirwa au service de l’Église de Bukavu, nous trouvons des principes susceptibles d’orienter le comportement des chrétiens dans le domaine mixte du socio-politique. Dans son action, on perçoit la volonté de créer un cadre sociétaire qui garantisse un espace de liberté et de paix pour tous, où chacun travaille à la promotion « de l’esprit de responsabilité, de complémentarité, de tolérance librement consentie », et d’un État qui « pourrait rendre aux citoyens, et donc aux familles, aux écoles et aux corps intermédiaires leurs véritables responsabilités et leurs droits. Une conscience formée à la responsabilité personnelle et sociale, par la famille, peut contribuer à ce que l’État soit vraiment la chose publique — la République — où chacun se sent partie prenante, promoteur de son destin ; où chacun peut ouvrir son cœur aux dimensions internationales, aux dimensions extra-temporelles, en apprenant la tolérance, le pardon de l’ennemi »37. Cette direction pastorale de Mgr Munzihirwa rejoint harmonieusement les directives magistérielles autour de l’engagement et du comportement des catholiques dans la vie politique. Ses écrits traduisent la conscience de l’Église qui lie l’action politique à des principes moraux qui n’admettent ni dérogation, ni exception, ni compromis38. La démarche pastorale de Mgr Munzihirwa et tout son épiscopat sont devenus un lieu théologique où s’ébauche une éthique chrétienne en politique.

Notes de bas de page

  • 1 À ce sujet, nous rappelons les efforts remarquables des théologiens africains qui en ce domaine, se sont faits promoteurs d’une pensée soulignant à la fois la singularité, l’authenticité et le fondement d’une éthique chrétienne africaine. L’un d’eux, B. Bujo, mérite notre attention vu l’ampleur de ses publications en ce domaine : Morale africaine et foi chrétienne, Kinshasa, 1976 ; Les dix commandements pour quoi faire ? Actualité du problème en Afrique, Kinshasa, 1980 ; « Le problème théologique de l’autonomie de la morale », dans BTA 2 (1980) 219-245 ; « Pour une éthique africano-christocentrique », dans Combats pour un christianisme africain. Mélanges en l’honneur du Professeur V. Mulago, Kinshasa, 1981, p. 21-31 ; « La morale peut-elle être chrétienne en Afrique ? », dans Éthique chrétienne et sociétés africaines. Actes de la Seizième semaine théologique de Kinshasa, 26 avril-2 mai 1987, Kinshasa, 1987, p. 75-106.

  • 2 Lettres pastorales et messages de Monseigneur Emmanuel Kataliko (18 mai 1997-4 octobre 2000), Bukavu, Éd. de l’Archevêché, 2000, p. 7.

  • 3 Cf. notre article : « L’engagement socio-politique de Mgr Kataliko à Bukavu (R.D. Congo) », dans NRT 125 (2003) 67.

  • 4 D’après la notice biographique lue par le P. Benjamin Fahri sj, lors d’une célébration commémorative dédiée à l’évêque assassiné. Voir aussi Cnockaert A., In Memoriam Monseigneur Christophe Munzihirwa, s.j. Archevêque de Bukavu. Serviteur et témoin, Bukavu, Éd. Loyola, 1997, p. 4-5.

  • 5 Kulimushi R., « L’exercice de la charge pastorale de l’Évêque en contexte africain », dans Prêtres diocésains 1346 (février 1997) 77-87, ici p. 86.

  • 6 Ibid., p. 87 ; voir aussi Id., La charge pastorale. Droit universel et droit local, Paris, Cerf, 1999, p. 131.

  • 7 Cf. le diagnostic sommaire de L. Verschave, « Les Églises africaines dans la débâcle des régimes. Entretien avec Jean-François Bayart », dans Actualité religieuse dans le monde 80 (juillet-août 1990) 30-33.

  • 8 Mulindwa A., « Décret de promulgation des options du synode diocésain », dans Vous serez mes témoins (Ac. 1,8). Actes du synode diocésain (Noël 1990-Pâques 1992), t. II, Options et directives, Bukavu, Éd. de l’Archevêché, 1992, p. 3.

  • 9 Cf. son homélie à la messe du 24 juillet 1994 où il invita les fidèles à accueillir les réfugiés dans leurs familles et sans discrimination. Cette insertion des réfugiés dans la pastorale diocésaine d’ensemble ne signifie pas un droit d’établissement de ces derniers dans la région. D’ailleurs, la position de la Conférence des Évêques du Kivu dont il était président ne laisse aucun doute : « Votre salut, disent-ils, et votre développement intégral et continu ne pourraient mieux se réaliser que dans votre pays » (Message des Évêques du Kivu, Goma, 9 mars 1995).

  • 10 Jean-Paul II, Exhortation post-synodale Ecclesia in Africa (septembre 1995), n° 119, dans Doc. Cath. 2123 (92, 1995).

  • 11 Par administration ordinaire, nous entendons les obligations qui découlent de l’office de l’évêque diocésain, à savoir les obligations liées à sa fonction d’enseignement, de sanctification et de gouvernement (cf. Concile Vatican II, Christus Dominus [1965], nos 11-21). Nous pensons surtout à l’administration des sacrements, aux activités ayant trait au gouvernement du diocèse et d’autres obligations de nature juridique selon l’esprit du droit canonique.

  • 12 Chenu Br., Éditorial de La Croix, 2 novembre 1996.

  • 13 Munzihirwa Chr., Lettre au Cardinal G. Danneels et à Mgr J. Delaporte, Bukavu, 16 janvier 1995.

  • 14 Ibid. Mgr Munzihirwa fustigea la mauvaise foi des milieux occidentaux et américains de vouloir maintenir dans la zone le statu quo. Pour lui, il y a un manque d’objectivité alimenté par « les médias occidentaux qui diffusent sur le drame rwandais, une information partisane qui discrédite les réfugiés » : Munzihirwa Chr., Aide-mémoire sur quelques problèmes urgents concernant les réfugiés rwandais adressé à la délégation de la C.C.A.C. de passage à Bukavu, Bukavu, 28 avril 1995.

  • 15 Mgr Munzihirwa s’oppose à la perspective d’un retour forcé et organisé car pour lui, il comporterait un risque d’affrontement. Il déplore le durcissement politique des autorités rwandaises et la campagne de dénigrement et de mépris entreprise contre eux ; cela augure par conséquent qu’ils courent le danger de ne pas être bien reçus. Cf. Munzihirwa Chr., Lettre à Madame le Haut Commissaire aux Réfugiés à Genève, Bruxelles, 5 octobre 1995. Au sujet du retour des réfugiés, voir aussi : Bukavu asphyxié. Mémo au général Eluki, 6 novembre 1995 ; Mémorandum à l’attention de l’Amiral Mavwa, vice-ministre de la défense/Zaïre, Bukavu, 10 novembre 1995 ; Lettre au Président J. Carter : Fondation Carter/USA, Bukavu, 30 janvier 1996 ; À Monsieur l’ambassadeur des États-Unis d’Amérique à Kinshasa, Bukavu, 18 avril 1996 ; À Monsieur l’Ambassadeur des États-Unis d’Amérique à Kinshasa, Bukavu, 3 juin 1996 ; Lettre à Monsieur le Secrétaire du Haut Commissariat aux Réfugiés de l’ONU, Bukavu, 21 octobre 1996, une semaine avant sa mort.

  • 16 Munzihirwa Chr., Lettre au Président J. Carter (citée supra, n. 15).

  • 17 Vatican II, Christus Dominus (1965), n° 13.

  • 18 Munzihirwa Chr., À mes frères réfugiés. Lettre d’Avent, Bukavu, 18 novembre 1995.

  • 19 Le pasteur Kä Mana est parmi les grands promoteurs de la théologie africaine de la reconstruction. Voir à ce sujet son ouvrage La nouvelle évangélisation en Afrique, préf. Fr. Kabasele Lumbala, Paris/Yaoundé, Karthala/Clé, 2000, p. 85.

  • 20 Ibid., p. 112.

  • 21 Cf. Congr. pour la Doctrine de la foi, « Questions sur l’engagement et le comportement des catholiques dans la vie politique », dans Doc. Cath. 2285 (100, 2003) 130-136.

  • 22 Munzihirwa Chr., À Monsieur l’Ambassadeur des États-Unis d’Amérique à Kinshasa, Bukavu, 18 avril 1996 ; voir aussi son homélie à la Messe au Camp militaire « SAIO » du 15 octobre 1994.

  • 23 Munzihirwa Chr., À Monsieur l’Ambassadeur des États-Unis d’Amérique à Kinshasa, Bukavu, 3 juin 1996, p. 2.

  • 24 Jean-Paul II, Encyclique Centesimus annus (1991), n° 44, dans Doc. Cath. 2029 (88, 1991).

  • 25 Cf. ibid., n° 46

  • 26 Jean-Paul II, Encyclique Redemptor Hominis (1979), n° 14, dans Doc. Cath. 1761 (76, 1979), cité par Calvez J.-Y., S.J., Les silences de la doctrine sociale catholique, Paris, L’Atelier, 1999, p. 115.

  • 27 Munzihirwa Chr., Pour un chrétien, quel développement ?, dans Zaïre-Afrique 197 (septembre 1985) 411.

  • 28 Cf. l’hommage du P. André Cnockaert sj au nom de la communauté jésuite où il a vécu dans Cnockaert A., In Memoriam… (cité supra, n. 4), p. 16.

  • 29 Cf. l’analyse des enjeux majeurs de la présence des réfugiés au Zaïre dans son message Que visent les attaques répétées du Rwanda contre l’Est du Zaïre ?, Bukavu, s.d.

  • 30 Ibid.

  • 31 Munzihirwa Chr., À l’Église d’Uvira, Bukavu, 12 octobre 1996. Le jour suivant, il exhortait mêmement ses fidèles : « Aujourd’hui comme hier, c’est l’union des cœurs et d’action qui sauvera Bukavu… Il nous faut prendre conscience du danger et des intentions injustes et belliqueuses afin de les conjurer par la prière et le dialogue… Il vaut mieux empêcher la guerre que de la faire » ; voir Munzihirwa Chr., L’union fait la force, Bukavu, 13 octobre 1996. Cette analyse se réfère à celle du problème des réfugiés Hutu ; il dit en effet : « Les milieux internationaux ont donné l’impression d’observer le déchaînement des forces de la mort. Et l’on se demande, non sans raison, s’il n’existe pas un plan bien élaboré et dissimulé quelque part dans des lieux obscurs… Chrétiens, même si nous ne pouvons empêcher les violences, nous devons toujours les désapprouver : nous devons savoir dire non… En outre, nous devons tenter de dépasser les violences et les hypocrisies pour éveiller une vision meilleure du monde… En ces jours où l’on continue à creuser des fosses communes, où la misère et la maladie s’étendent sur des milliers de kilomètres de nos routes… nous sommes particulièrement interpellés par le cri du Christ en croix : ‘Père, pardonne-les, parce qu’ils ne savent ce qu’ils font’ » (Fraternità Missionaria, Hanno ucciso la sentinella, 29 ottobre 2000. IV Anniversario del martirio di Monsignore Christophe Munzihirwa, Parma, 2000, p. 11 [la traduction est nôtre]).

  • 32 Munzihirwa Chr., Paix aux hommes qui ont le cœur droit (Lc 2,14). Message de Noël, s.d.

  • 33 Jean-Paul II, Ecclesia in Africa (1995), n° 63. Notons aussi l’engagement d’ensemble de l’Église du Congo à rendre opérationnelles les décisions du Synode spécial des Évêques, à travers l’organisation de la semaine théologique à Kinshasa ; voir à ce sujet Église-Famille ; Église-Fraternité. Perspectives postsynodales. Actes de la XXe Semaine Théologique de Kinshasa, du 26 novembre au 2 décembre 1995, Fac. catholiques de Kinshasa, 1997.

  • 34 Cf. Archidiocèse de Bukavu, Session post-synodale. « Lève-toi…et marche » (Mt 9,5.6 ; Mc 2,9.11 ; Lc 5, 23.24) ; Actualisation des options et directives du synode diocésain. « Vous serez mes témoins » (Ac 1,8), Bukavu, Éd. de l’Archevêché, 1998, p. 34. Cette triple transition, le secrétaire général de la session post-synodale l’explique en ces termes : « … le passage d’un type d’Église pyramidale à une Église communion-participation responsable, le changement de pasteur à la tête du diocèse, enfin le changement du régime Mobutu ».

  • 35 Munzihirwa Chr., Pour un chrétien, quel développement ? (cité supra, n. 27), p. 410-411. Le directoire pastoral du diocèse reflète entièrement cette conviction lorsqu’il parle des situations particulières et surtout de la pastorale sociale : voir Lusheke Cibalonza L., « Catéchèse et droits humains. Recherches d’une articulation entre la foi et la vie dans le Diocèse de Bukavu », dans Lumen Vitae 85 (2003) 89-105 (surtout les p. 93-95).

  • 36 Dans son discours au jour anniversaire de la mort de Mgr Munzihirwa, le Père Metena M’Nteba éclaira l’action de ce pasteur en disant : « Non, ce n’est pas aux princes de ce monde qu’il s’en prenait. Leur légitimité ? Il ne la mettait pas en question. Mais le bien commun et le salut du peuple passaient avant tout. Et c’est au nom de ces valeurs suprêmes qu’à l’instar du Christ, il demeurait totalement libre à leur égard, jugeant sévèrement leur comportement et les fustigeant, au nom de la loi de Dieu. C’est, somme toute, cette indépendance et cette liberté d’expression qui l’exposaient à la surveillance et à la malveillance des uns et à la vindicte des autres… Ce n’est pas au nom de quelque idéologie politicienne que Mgr Munzihirwa est mort. Il est mort au nom et à cause de la charité — de cette charité qui parfois doit se faire politique — au service de son Maître et Seigneur, pour ses frères et sœurs, pour la paix et contre la guerre au Kivu ». Voir Cnockaert A., In Memoriam…(cité supra, n. 4), p. 15.

  • 37 Munzihirwa Chr., Avec la famille tout renaîtra, Bukavu, s.d., p. 3.

  • 38 Cf. Congr. pour la Doctrine de la foi, « Questions sur l’engagement… » (cité supra, n. 21), n° 4.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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