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Louis Bouyer, Mémoires. À propos d'un ouvrage récent

À propos d’un ouvrage récent*

Marie-David Weill

En 1979, dans Le métier de théologien 1, le père Louis Bouyer (1913-2004) avait rapidement évoqué, au fil des thèmes abordés, quelques bribes de sa vie : son itinéraire original du protestantisme au catholicisme ; ses relations avec ceux qui, sa vie durant, ont été ses maîtres, ses amis, ou qui ont, d’une manière ou d’une autre, influencé ses choix, son cheminement, sa théologie ; ou encore son rôle, ses espoirs et ses déboires au sein du mouvement de renouveau liturgique et dans l’Église pré- et postconciliaire2. Ces quelques pages à caractère autobiographique font désormais figure de simples « pépites » à côté de la « mine d’or » que représentent les Mémoires qui viennent enfin de paraître.

Le père Bouyer avait voulu expressément que la publication de ses Mémoires soit posthume3. Après sa mort, il aura fallu attendre près de dix ans encore pour que le public puisse prendre connaissance enfin du précieux manuscrit. L’on saura gré aux éditions du Cerf d’avoir permis que la parution tant attendue coïncide avec le dixième anniversaire de sa mort, survenue le 22 octobre 2004. Dix ans, c’est peu et beaucoup en même temps. Peu, en comparaison de cette longue vie (Bouyer s’est éteint dans sa quatre-vingt-douzième année), mais beaucoup, si l’on regarde le nombre d’articles et de thèses doctorales qui se sont soudain multipliés, pour faire droit à l’un des plus grands théologiens du xx e siècle qui n’a reçu de son vivant qu’une bien maigre reconnaissance4.

Il faut dire que le caractère bien trempé de ce personnage inclassable avait de quoi ne pas lui attirer que des sympathies. Entre ses mains, la plume de l’écrivain se changeait parfois en épingle, voire en épée, pour dénoncer tout ce qui, dans l’Église de France pré- et postconciliaire lui apparaissait comme autant d’infidélités, de non-sens ou d’impasses. Il est vrai qu’il n’a pas hésité à mettre en cause, quand la nécessité l’imposait, aussi bien les personnes que les institutions. Ce prophète des temps modernes, trop amoureux de l’Église pour souffrir qu’elle s’écarte un tant soit peu de ses origines, ce prêtre trop passionné par la Parole de Dieu et la liturgie portée par la tradition pour tolérer que l’on « “tripatouille” les textes pour leur faire dire ce qu’on veut » ou qu’on « les remplace purement et simplement par autre chose5 », ce chrétien intègre, trop sensible à la vérité pour supporter aucun compromis ou faux-semblant, cet homme n’a pu ni voulu se taire6.

On aurait tort, cependant, de colporter ce portrait peu engageant en l’accentuant indûment. Ce serait réduire à un trait, non seulement marginal mais grandement redevable au contexte ecclésial troublé de l’époque, une personnalité d’une richesse étonnante et une œuvre théologique dont la réception est loin d’être achevée7. Or, les Mémoires de Louis Bouyer apportent justement de quoi renouveler et enrichir considérablement notre connaissance de leur auteur et, par ricochet, notre compréhension de sa théologie.

Dès les premières lignes, le mémorialiste précise son objectif : non pas tout dire, certes, mais du moins partager à son lecteur « un choix dans ses souvenirs de ce qui paraît à la réflexion pouvoir révéler un sens, pour soi-même d’abord et peut-être par suite pour quelques autres ».

Plus j’approche du terme, en effet, et plus je ressens qu’il y a un sens dans notre vie. La main de Dieu nous y conduit, utilisant toutes choses à ses fins : les échecs, les désillusions, aussi bien et plus encore que les succès, que les moments de bonheur, ou qui nous semblent tels, et, ce qui est plus confondant, jusqu’à nos fautes flagrantes !

C’est donc ce qui me paraît, à une réflexion finale ou peu s’en faut, sans doute, avoir eu le plus de sens que je voudrais évoquer dans les pages qui vont suivre. J’espère que ceux qui les liront, et spécialement mes amis, connus ou inconnus (pour un écrivain, souvent, combien de ces derniers ne sont-ils pas des plus proches ?) en tireront aussi, peut-être plus que moi-même, quelque profit. Je m’empresse d’ajouter que le divertissement que ces pages pourraient, du moins je l’espère, leur procurer fait partie intégrante à mes yeux de ce profit éventuel. Car c’est un fait trop méconnu, mais pour moi incontestable, que la Providence a beaucoup d’humour, et du meilleur bien entendu ! Le terrible manque à cet égard des chrétiens modernes en général (et des ecclésiastiques en particulier) est à mon avis ce qui empêche le plus, quoi qu’ils en aient, de les prendre au sérieux. Je ne veux pas chercher à les provoquer, mais je ne ferai rien de spécial pour les épargner.

Puissent les gens de bonne foi, chrétiens ou non, qui liront ces pages sentir qu’elles leur sont adressées par quelqu’un qui n’a eu d’autre ambition en les écrivant que mériter d’être compté parmi eux8.

Le lecteur se délectera du style inimitable de ces Mémoires, où la plume littéraire, la sensibilité de l’auteur et la finesse de son humour composent un ensemble savoureux à souhait. Bouyer invite à entrer de plain-pied dans sa vie, racontée à la première personne, de son premier souvenir (il avait un an à peine !) jusqu’à ces jours des années 80 où il écrit ces lignes, dans le calme priant d’une cellule d’hôte à l’abbaye de Saint-Wandrille. La plume court sur le papier au fil des amitiés inoubliables, des lieux visités, des écrivains qui ont fait ses délices, des anecdotes drôles ou tragiques qu’il rapporte avec un art consommé. Du Paris des années 20 aux forêts féériques du Sancerrois, des pays scandinaves à l’Espagne, de l’Angleterre aux États-Unis, de la Grèce à la Russie, des premières réunions œcuméniques aux préparatifs du Concile Vatican II ou aux réunions de la Commission théologique internationale, nous voici emportés comme dans un tourbillon de souvenirs et placés aux premières loges pour mieux comprendre « les illusions et les désillusions de toute une époque9 ». Cette lecture événementielle, ecclésiale, est passionnante, tant Bouyer excelle à faire « participer le lecteur aux grands événements qui ont bouleversé le monde et l’Église au xx e siècle10 ».

Nous invitons à une autre lecture encore. L’intérêt de ces Mémoires n’est pas seulement littéraire, anecdotique, ou encore historique, mais véritablement théologique. Les souvenirs que livre Bouyer, les premières intuitions et questions existentielles qui germent dans son intelligence d’adolescent, le regard qu’il porte sur sa propre vie et sur les chemins par lesquels le Seigneur l’a conduit, tout cela éclaire grandement sa théologie. Dans sa préface à l’édition allemande du Métier de théologien, H. U. von Balthasar écrivait : « Presque à chaque page, on retrouve cette conviction, qui est fondamentale chez le père Bouyer, de l’inséparabilité de la vérité et de la vie11 ». On ne saurait mieux dire pour faire comprendre en quoi les Mémoires de Louis Bouyer font partie intégrante de son œuvre de théologien. Sa réflexion théologique jaillit de sa vie, de ses rencontres, de ses souffrances, et les éclaire et les oriente en retour.

Pour ne donner qu’un exemple, évoquons ce que représenta, pour le jeune Louis âgé de 11 ans, la mort soudaine de sa mère : un ébranlement « jusqu’aux racines de [son] être ». Foudroyé, anéanti, incapable de surmonter sa douleur, obligé d’interrompre ses études pour plusieurs mois, Louis est envoyé par son père se reposer chez des amis protestants, à Sancerre. Avec le recul des années et le regard de la foi, Bouyer relisant sa vie reconnaît dans ce deuil, et la tourmente qui l’a accompagné, la conduite la plus providentielle de Dieu et les germes de sa vocation de théologien.

Rien n’aurait pu être plus providentiel que cette mesure, et, par cet heureux contrecoup, la maladie qui en avait été l’occasion. Dans celle-ci, en effet, je dois reconnaître un cas signalé de cette maladie créatrice que le Dr Henri Ellenberger, quelques années plus tard, ferait observer à l’origine des vocations les plus fécondes. Mais elle devrait d’avoir pris ce tour, plus encore qu’à l’accueil amical qui m’attendait, à un pays qui restera toujours pour moi le pays natal de mon esprit, de mon âme, de mon cœur : en un mot de tout ce que la vie m’a providentiellement permis, non seulement de réaliser mais, je pense, d’être de meilleur12.

Le charme envoûtant des paysages du Sancerrois apaise et guérit son cœur, mais surtout dépose dans son intelligence déjà toute contemplative les germes d’une réflexion sur le cosmos et la sagesse divine, sur la présence de Dieu dans le monde et plus encore sur la présence du monde en Dieu. Sa lecture assidue, commencée ces années-là, des œuvres de J.H. Newman, des Pères de l’Église puis des poètes cosmiques, conduit le jeune homme à élaborer déjà la « vue du monde » qu’il essaiera de fixer dans Cosmos, plus d’un demi-siècle plus tard.

Je dirai simplement ici que, dans cette vue, le monde matériel, physique, ne peut se dissocier d’un monde invisible, essentiellement « intelligible », spirituel, dont il est comme l’irradiation commune, pour ce qui est des esprits premiers-nés, les Anges, et duquel émerge l’esprit humain, qui lui-même y trouve non seulement son medium de communication mais jusqu’à l’éveil de sa conscience. Ce monde, où l’intelligible et le sensible ne font qu’une seule trame, n’est donc qu’une pensée de Dieu, éternellement présente en lui, projetée dans le temps en même temps que dans l’existence distincte des autres consciences.

Plus tard, je viendrai à y reconnaître la projection d’une Sagesse de création hors du Verbe éternel, sous l’animation de l’Esprit divin, qui, en même temps, la sollicite de revenir à ce Verbe filial, pour l’épouser et remonter avec lui, dans le même Esprit, vers le Père, comme en une éternelle eucharistie13.

Le lecteur familier de l’œuvre théologique de Louis Bouyer reconnaîtra sans peine dans les lignes qui précèdent l’intuition qui commande la double trilogie, économique et théologique, dont les six volumes furent publiés entre 1957 et 1982, elle-même s’achevant dans une troisième trilogie éclairée par la figure de la Sagesse divine. Rappelons-en le plan, tel que Bouyer le fait figurer en début de chacun des ouvrages :

CRÉATION ET SALUT (Trilogie économique)

  • vol. 1 Le Trône de la Sagesse. Essai sur la signification du culte marial (1957)

  • vol. 2 L’Église de Dieu. Corps du Christ et Temple de l’Esprit (1970)

  • vol. 3 Cosmos. Le monde et la gloire de Dieu (1982)

CONNAISSANCE DE DIEU (Trilogie théologique)

  • vol. 1 Le Fils éternel. Théologie de la Parole de Dieu et christologie (1973)

  • vol. 2 Le Consolateur. Esprit Saint et vie de grâce (1980)

  • vol. 3 Le Père invisible. Approches du mystère de la divinité (1976)

La troisième trilogie (1986-1994), qui apparaît comme un achèvement dans l’unité des précédentes, est composée de :

  • vol. 1 Mysterion. Du mystère à la mystique (1986)

  • vol. 2 Gnôsis. La connaissance de Dieu dans l’Écriture (1988)

  • vol. 3 Sophia ou le monde en Dieu (1994)

Pour Bouyer, l’expression du rapport entre « théologie » et « économie », autrement dit entre « Dieu, la vie de Dieu qu’Il a en Lui-même de toute éternité et qui s’épanouit dans la Trinité, et la création, considérée non seulement comme produite par Lui mais comme appelée à se retourner vers Lui, à entrer en rapport avec Lui et à vivre dans un partage de sa propre vie », est bien « le problème fondamental de la théologie14 ». Comment exprimer adéquatement « l’étroite union entre la vie en Dieu, la vie de Dieu et la vie qu’il veut communiquer à sa créature sans ramener Dieu au niveau de la créature, sans résorber sa transcendance dans l’immanence ?15 ». Bouyer s’oriente très vite vers la figure scripturaire de la Sagesse divine, Sophia, reconnue comme « le thème enveloppant, pour ainsi dire, l’intelligence de l’Économie de création et d’adoption divine dans la vision de foi de la divinité elle-même16 », puisque sa thèse de théologie protestante (1935), consacrée à la christologie-ecclésiologie d’Athanase, s’achève déjà sur un chapitre intitulé « Sagesse éternelle et sagesse créée17 ».

Quand, quelques années plus tard, Louis Bouyer entre dans l’Oratoire de France et est envoyé, après son noviciat, parfaire sa formation théologique à l’Institut catholique de Paris, les toutes premières intuitions théologiques de sa jeunesse se confirment. Il approfondit, tant dans ses recherches personnelles que dans les travaux écrits qui lui sont demandés par ses professeurs, « le germe de la plupart de [ses] travaux futurs », qu’il s’agisse de ses « premières esquisses (…) sur le gnosticisme, ou les religions à mystères », de ses études sur l’humanisme de la Renaissance et son rapport au renouveau chrétien, ou encore de ses travaux sur « la complexité unifiée de l’acte de foi » ou « l’insertion de la grâce divine en notre nature », « synthèse d’un humanisme chrétien total et de l’ascèse », prolongée plus tard dans ses travaux sur la spiritualité et sur la vocation monastique18. Tout ce que Louis Bouyer développe dans sa théologie, jusqu’à la fin de sa vie, se trouve déjà presque intégralement en germe dans sa pensée, dès ses premières années d’études de théologie, protestante puis catholique, et ses Mémoires contribuent grandement à mettre en lumière ce trait peut-être trop peu remarqué.

Bouyer achève ses Mémoires sur une sentence bien frappée qui résume bien la vie de leur auteur : « Pour vivre heureux, vivons cachés ». Le mot est connu, mais qui se souvient qu’il s’agit de la morale d’une fable écrite par Florian à la fin du xviii e siècle ? Nous ne résistons pas à la citer dans son intégralité, tant elle convient bien sous la plume de Louis Bouyer, un « pauvre petit grillon » de notre xx e siècle.

Un pauvre petit Grillon

Caché dans l’herbe fleurie

Regardait un papillon

Voltigeant dans la prairie.

L’insecte ailé brillait des plus vives couleurs ;

L’azur, la pourpre et l’or éclataient sur ses ailes ;

Jeune, beau, petit maître, il court de fleurs en fleurs,

Prenant et quittant les plus belles.

Ah ! disait le grillon, que son sort et le mien

Sont différents ! Dame nature

Pour lui fit tout, et pour moi rien.

Je n’ai point de talent, encor moins de figure.

Nul ne prend garde à moi, l’on m’ignore ici-bas :

Autant vaudrait n’exister pas.

Comme il parlait, dans la prairie

Arrive une troupe d’enfants :

Aussitôt les voilà courant

Après ce papillon dont ils ont tous envie.

Chapeaux, mouchoirs, bonnets, servent à l’attraper ;

L’insecte vainement cherche à leur échapper,

Il devient bientôt leur conquête.

L’un le saisit par l’aile, un autre par le corps ;

Un troisième survient, et le prend par la tête :

Il ne fallait pas tant d’efforts

Pour déchirer la pauvre bête.

Oh ! oh ! dit le grillon, je ne suis plus fâché ;

Il en coûte trop cher pour briller dans le monde.

Combien je vais aimer ma retraite profonde !

Pour vivre heureux, vivons caché19.

Les 10 et 11 octobre 2014, un colloque international se tient à Paris, organisé conjointement par l’Institut catholique de Paris et le Collège des Bernardins à l’occasion du dixième anniversaire du retour à Dieu du père Bouyer20. Ce grand théologien commencerait-il aujourd’hui à trouver enfin, dans l’Église de France qui l’a souvent « toléré » plus que réellement accueilli, le crédit et la place qui lui reviennent vraiment de droit ? « Dans la tradition catholique, disait le Card. Lustiger dans son homélie à l’occasion des funérailles de l’oratorien, le théologien est toujours celui qui a reçu la charge d’enseigner et qui l’exerce…, fût-ce à titre posthume et comme malgré soi21 ».

Notes de bas de page

  • * L. Bouyer, Mémoires, Paris, Cerf, 2014, 14x21, 330 p., 29 €, ISBN 978-2-204-09875-5.

  • 1 Id., Le métier de théologien. Entretiens avec Georges Daix, Paris, éd. France-Empire, 1979, 255 p. ; nouv. éd. : Genève, Ad Solem, 2005, 315 p.

  • 2 L. Bouyer, devenu pasteur luthérien en 1935, reçu dans l’Église catholique à l’abbaye de Saint-Wandrille en 1939, ordonné prêtre dans l’Oratoire de France en 1944, a été professeur au collège oratorien de Juilly et à l’Institut catholique de Paris (spiritualité et histoire ecclésiastique), mais aussi à Strasbourg, aux États-Unis et en Angleterre. Il a participé directement, bien que modestement, à la préparation du Concile Vatican II (commission préparatoire des études et des séminaires, 1960 ; consulteur du Conseil pour l’application de la réforme liturgique, 1964) ; il fut aussi consulteur de la Congrégation pour le culte divin (1970) et membre de la Commission théologique internationale (1969 et 1974). Il est l’auteur d’une cinquantaine de livres et de centaines d’articles. Les éditions du Cerf ont entrepris en 2008 la réédition de ses ouvrages, presque tous épuisés : à ce jour, 16 titres ont été réédités. Pour mieux comprendre la personne et l’œuvre de ce grand théologien encore trop peu étudié, nous renvoyons à deux ouvrages très accessibles : J. Duchesne, Louis Bouyer, coll. Chrétiens, Perpignan, Artège, 2011, donne, en une centaine de pages à peine, les principales clefs de lecture de cet édifice théologique aussi original qu’imposant ; D. Zordan, Connaissance et mystère, coll. Théologies, Paris, Cerf, 2008, retrace l’itinéraire théologique de Louis Bouyer en une grande fresque magistrale de 800 pages.

  • 3 Jean Duchesne, son exécuteur littéraire, qui est l’auteur de l’admirable appareil de notes qui figure en fin de volume, confie dans sa postface que Louis Bouyer, qui a rédigé ses Mémoires « alors qu’il atteignait ses 70 ans, dans la première moitié des années 80 (…), réalisa lui-même, comme pour ses autres livres, le manuscrit tapé à la machine en plusieurs exemplaires avec des corrections de sa main, qu’il confia à différents amis en indiquant que ce texte ne pourrait être publié qu’après sa mort, s’il était estimé que cela en valait encore la peine, et en ajoutant, avec sa lucidité bourrue, qu’il s’était amusé à mettre ses souvenirs au net avant de “crever” ou de “devenir gâteux” » (p. 229).

  • 4 « Toute l’admiration qu’il a pu susciter, le crédit qu’il a pu avoir et l’action considérable qu’il a pu mener, il n’en a eu souvent d’autre récompense que les contradictions. Car son humour parfois ravageur, sa lucidité toujours pénétrante et souvent anticipatrice des mouvements de l’histoire et de l’évolution de la société et de l’Église l’ont rendu très “inopportun”, “importun”, alors qu’il était providentiellement envoyé à ces générations-ci » (J.-M. Lustiger, « Homélie à l’occasion des funérailles du Père Louis Bouyer », Communio 30/1, 2005, p. 70).

  • 5 L. Bouyer, Le métier de théologien (cité n. 1), p. 53 dans l’édition de 1979, p. 67 dans l’édition de 2005.

  • 6 Pour ne citer que quelques-unes des allusions au tempérament de L. Bouyer : Dom O. Rousseau excuse « l’emportement du style et le coup de burin de l’écrivain » (« Le sens de la vie monastique. À propos d’un ouvrage récent », Revue générale belge, 15 oct. 1953, p. 957-964, ici p. 963) ; J. Duchesne évoque ses « flèches expertement décochées » (« Qui a encore peur de Louis Bouyer ? », Communio 30/1, 2005, p. 73) et « ses manières parfois bourrues » (« Lecture à plusieurs voix d’une œuvre toujours actuelle », Communio 31/4, 2006, éditorial, p. 10) ; le p. M. Gitton préfère parler de sa « liberté » pour qualifier la « veine polémique ou satirique qui lui ont valu bien des ennemis » (« Notre ami, notre maître », Résurrection 74, fév./mars 1998, p. 7) ; la revue La Maison-Dieu, à laquelle Bouyer a apporté de nombreuses contributions, rappelle « l’acribie de son jugement », « la verve de sa plume » et « sa propension à camper dans l’opposition » (La Maison-Dieu 246, 2006, liminaire, p. 5) ; Mgr R. Le Gall évoque « le converti, qui gardera comme tel des outrances favorisées par son tempérament » et « la truculence [du] pamphlétaire, (…) avec lequel il n’était pas toujours facile de collaborer » (« Le Père Louis Bouyer, un maître à penser. Pour entrer dans l’héritage de l’Instauratio liturgique de Vatican II », La Maison-Dieu 246, 2006, p. 8, 10 et 19) ; le p. N.-J. Sed, quant à lui, se souvient de « son humour tordant, parfois corrosif », de « son sens des formules, qui lui venaient spontanément aux lèvres et à quoi il ne pouvait résister, [qui] ont mis parfois ses interlocuteurs et des tiers dans la gêne, ont blessé certaines personnes que pourtant il estimait, et ont fait peur à d’autres encore » (« Le Père Louis Bouyer, l’homme et le théologien de la vie spirituelle », La Maison-Dieu 246, 2006, p. 60).

  • 7 Comme le note Jean Duchesne avec la plus grande pertinence, non seulement on ne saurait ramener une œuvre immense (plus de cinquante livres) à « quelques publications polémiques », mais, surtout, ces ouvrages ou articles à caractère pamphlétaire « contiennent en symétrie, au-delà des dénonciations, des éléments constructifs qui ne sont certainement pas négligeables et qui empêchent décidément la balance de pencher du côté négatif » (J. Duchesne, « Qui a encore peur de Louis Bouyer ? », cité n. 6, p. 84 et la n. 27).

  • 8 L. Bouyer, Mémoires, p. 5-6.

  • 9 Ibid., quatrième de couverture. Signalons que l’index onomastique figurant en fin de volume comporte près de 500 noms. Cela permet de se faire une idée de la richesse des références et des relations de L. Bouyer ! À ceux, et ils seront nombreux, qui seront passionnés par cette lecture, rappelons l’existence d’un autre ouvrage autobiographique trop peu connu, Id., En quête de la Sagesse. Du Parthénon à l’Apocalypse en passant par la nouvelle et la troisième Rome, Jouques, éd. du Cloître, 1980, 64 p. L’oratorien y relate les souvenirs indélébiles de ses voyages en Grèce, à Constantinople et à Leningrad et voit dans ces pages « plutôt le cœur qu’un quelconque appendice de ces Mémoires » (Id., Mémoires, p. 214).

  • 10 Ibid, quatrième de couverture.

  • 11 Cité par J. Duchesne, « Qui a encore peur de Louis Bouyer ? » (cité n. 6), p. 78, n. 13.

  • 12 L. Bouyer, Mémoires, p. 43.

  • 13 Ibid., p. 51-52.

  • 14 Id., Le métier de théologien, p. 188 dans l’éd. de 1979, p. 210 dans l’éd. de 2005.

  • 15 Ibid., p. 190 dans l’éd. de 1979, p. 212 dans l’éd. de 2005.

  • 16 Id., Sophia ou le monde en Dieu, coll. Théologies, Paris, Cerf, 1994, préface, p. 7-8.

  • 17 Ce travail d’étudiant fut publié ensuite, une fois Bouyer devenu catholique, sous le titre L’Incarnation et l’Église Corps du Christ dans la théologie de saint Athanase, coll. Unam Sanctam 11, Paris, Cerf, 1943.

  • 18 Ibid., p. 136.

  • 19 J.P. Claris de Florian, Fables, éd. S. Labbe, coll. Classiques, Paris. L’École des loisirs, 2009, p. 93-94.

  • 20 « Actualité et fécondité d’un maître : Louis Bouyer (1913-2004) ». Programme détaillé et inscriptions en ligne : <http://www.collegedesbernardins.fr/images/pdf/conference/2014-10-11-prog_colloque_BOUYER.pdf>.

  • 21 J.-M. Lustiger, « Homélie à l’occasion des funérailles du Père Louis Bouyer » (cité n. 4), p. 71.

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