Ce volume de la collection « Études d’histoire de l’exégèse » est consacré aux propos de 1 Tm 2,9-15 à l’égard de la tenue et de l’attitude des femmes. La posture de Paul suscite interrogation ou scandale, quand elle n’est pas tout bonnement rejetée : peut-on continuer à dire en effet que le salut de la femme réside dans sa maternité ? De ce point de vue, la contribution de C. Grappe éclaire l’exégèse actuelle de la péricope et conclut en introduisant une distinction entre Paul et le paulinisme : la position de Paul (Ga 3,28 par exemple) aurait été durcie sur le tard par ses continuateurs. Cet argument interroge toutefois : ne conduit-il pas à affirmer que différents degrés de canonicité coexistent dans le Nouveau Testament ? J. Costa montre que la réaction de Paul reflète la situation des Corinthiennes de son temps, qui jouiraient d’une plus grande liberté que ce que les textes juifs octroyaient à la gent féminine. La misogynie supposée de Paul se trouve ainsi renversée.

L’examen de la littérature patristique (Clément, Tertullien et Jean Chrysostome), confié à F. Vinel, témoigne du haut statut acquis par certaines femmes, notamment dans des communautés chrétiennes, contre lequel s’insurgeraient les Pères. Le chapitre consacré à l’exégèse patristique témoigne aussi de ce que la finale de 1 Tm 2,9-15 – sur le salut par la maternité – a été mis au profit de l’affirmation de la supériorité de la virginité : les Pères incitaient vierges et veuves à rester dans leur état, car ils estimaient qu’il permettait plus aisément de garder « la foi, l’amour et la sainteté » (1 Tm 2,15).

Le lecteur lira avec intérêt la contribution de G. Dahan concernant la quête médiévale du statut de la femme et de la recherche concernant sa relation avec l’homme. Une subordination de la femme est pensée par les médiévaux, qui restreignent son influence à la sphère domestique ou au sein des clôtures des monastères féminins. Ce statut est solidaire d’une réflexion sur la conception d’Ève et le salut : créée en second, la femme est tenue pour cause de la faute, mais « le salut sera restitué par la femme », affirme le Commentaire de Cambridge. L’enquête se conclut par une exploration de l’exégèse des Réformateurs, due à M. Arnold. Ces derniers s’emploient à inclure la femme dans l’assemblée et s’efforcent simultanément de penser la place différenciée de l’homme et de la femme au sein de celle-ci : c’est donc dans un contexte cultuel que les auteurs ici considérés pensent les indications de 1 Tm 2,9-15. En définitive, toutes les périodes étudiées se rejoignent pour réserver à 1 Tm 2,9-15 une position de second plan dans les commentaires. Peut-être que ce texte a gêné les commentateurs de tous les siècles, rendant d’autant plus précieuse la publication de cet opus. — N. Jorion o.praem.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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