A görög katolikus egyhaz müveszete a történelmi Magyarorszagon. Hagyomany és megujulas (L'art de l'église uniate dans la Hongrie historique. Tradition et renouveau)

B. Puskas
Arte e letteratura - reviewer : Miklos Vetö
L'ouvrage de Bernadette Puskas est une véritable somme de la peinture d'icônes de l'ancien diocèse de Munkacs (Mukacevo). Ce morceau de la chrétienté se trouvant aux confins du monde byzantin qui avait fini par rejoindre l'Église Catholique (Union d'Ungvar-Uzgorod, 1644). Le territoire de ce diocèse qui occupait ce qu'était la partie Nord-Est du Royaume de Hongrie, se trouve, à la suite du traité de paix de Trianon (1920), divisé entre quatre pays: la Hongrie, l'Ukraine (avec Uzgorod, le siège épiscopal), la Slovaquie et la Roumanie. La majorité des Uniates est de langue ukrainienne, avec une importante minorité hongroise. L'histoire de cet art ecclésiastique est déterminée par l'évolution d'une culture byzantine, influencée et de plus en plus pénétrée par des éléments en provenance de l'Église Latine, des pensées et des représentations de la Renaissance et du Baroque de l'Europe Centrale.
L'art des Uniates de Munkacs a été désigné comme «l'école des Carpathes», il peut être également être considéré comme un échantillon géographique et chronologique de ce qu'on appelle «le baroque slave». Essentiellement - c'est 'la thèse' de l'auteur - il y a une évolution où l'éloignement de la source nourricière byzantine a souvent comme pendant une baisse de qualité artistique des oeuvres. Les icônes qu'étudie Madame Puskas proviennent d'une période d'un demi-millénaire qui pourrait se diviser en quatre grandes époques. À partir du tournant du XVe-XVIe siècles, les icônes du diocèse de Munkacs sont encore des échantillons authentiques d'art post-byzantin, étroitement fidèles à la théologie et à la liturgie de ce monde, tout en représentant certaines spécificités liées surtout aux contraintes matérielles de cette peinture qui s'exerce dans des petites églises de bois, loin de tout centre culturel important. À partir du début du XVIIe siècle, apparaissent les emprunts et les éléments de la Renaissance tardive, vécue par les pays d'Europe de Centre-Est. La tradition tripartite de l'espace des structures d'église reste inchangée; quant aux oeuvres qui ornent les édifices, c'est une coexistence paisible des éléments archaïques et classiques avec les influences Renaissance, les motifs occidentaux-latins. Les églises de bois sont toujours les oeuvres de simples menuisiers de village, les églises de pierre ne surgissent que dans la troisième période historique de cet art où les influences baroques se font sentir de plus en plus puissamment. Cette troisième période voit un certain épanouissement des structures ecclésiales du diocèse: des évêques hautement cultivés, conscients de l'importance d'une certaine autonomie par rapport à l'influence de la culture ecclésiale latine, essayent de surveiller et d'encadrer les travaux de construction et de décoration d'édifices de culte; ils font aussi oeuvre de mécènes et donnent, par exemple, des commandes pour peindre une galerie des portraits d'évêques anciens de leur diocèse. Toutefois pendant cette époque, surtout à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, l'absence de véritables élites culturelles uniates, un certain renfermement sur l'héritage que ne ressource plus un esprit de créativité, font que de nombreuses icônes deviennent des représentations simples, voire simplistes: des peintres de village veulent rester dans la lignée de leurs prédécesseurs, mais ils leur manque mêmes les moyens techniques, un minimum de savoir-faire pictural. Finalement, au XIXe siècle et pendant une partie du XXe - c'est la quatrième période - apparaît, sinon une perte de repaires, une prise de distance de plus en plus marquée vis-à-vis de l'esprit de la tradition d'où naît et émane cet art. On continue à construire, même à construire des églises de pierre importantes, mais sans la créativité sui generis, propre à l'inspiration post-byzantine, cet art se marginalise, s'étiole.
À travers son exposé technique et savant, Madame Puskas ne cesse d'illustrer, à partir des trésors des musées et des églises, les grands moments de l'évolution historique de la peinture d'icônes des Uniates. Elle rappelle la pénétration des thèmes de la piété latine au sein des traditions orientales mais, au-delà des changements de paradigme, elle montre avec un art consommé l'évolution des structures essentielles. L'icône pour le monde byzantin a un rôle liturgique et dévotionnel bien plus important que pour la chrétienté occidentale. Et précisément les icônes, de réalités liturgico-théologique autonomes, deviennent lentement des images pieuses, plutôt des représentations que des éléments religieux d'efficace propre. Ou encore: les portes royales propres aux églises byzantines survivent, mais elles sont de plus en plus chargées d'éléments décoratifs au dépens de leur finalité d'origine. Or c'est surtout le destin des iconostases qui montre éloquemment la métamorphose appauvrissante de cette tradition d'art. L'iconostase, qui est quasiment une structure centrale dans les églises byzantines, finit par se transposer en une espèce de complément à l'autel majeur quand des icônes deviennent des tableaux suspendus sur les murs. Ailleurs, des fresques apparaissent sur les murs latéraux de l'église avec des contenus très proches des iconostases. Et finalement, si l'élargissement baroque de l'espace veut concilier le rôle de l'iconostase, essaye de conserver son emplacement traditionnel, une profusion des détails d'ornementation, des fleurs, des branches d'arbres, des liges serpentantes, des entrelacs entendent mettre en valeur l'iconostase, mais ceci au prix d'un effacement des présentations de vies de saints et de moments d'Histoire Sainte qui sont pourtant la raison d'être de cette haute invention de l'art d'église byzantin.
Illustré de très belles reproductions en couleurs et de très instructives photographies en noir, l'ouvrage de Madame Puskas rassemble l'essentiel des oeuvres survivantes de cet art périphéral, et surtout mal-connu. Il le fait cela à travers des discussions savantes mais toujours claires, des analyses où l'historien de l'art sait toujours ressourcer ses investigations à partir de la théologie et de la liturgie et surtout de l'histoire de l'Église. - M. Vetö

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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