Juif historien et essayiste de talent, l'A. a déjà publié une
trentaine d'études depuis près d'un demi-siècle, la plupart sur
l'État d'Israël et son histoire, ou concernant l'antisémitisme. On
apprécie chez lui la précision et l'abondance des détails
concernant la matière traitée, souvent avec rigueur et passion. Son
information touchant l'actualité, et notamment son ratissage des
médias, force l'admiration. On le trouve rarement en défaut pour ce
qui concerne les faits; quant à son jugement sur les situations ou
les idées, on comprendra qu'il se nuance parfois de partialité, au
risque de se voir contesté. Faisant suite à un précédent ouvrage
consacré à L'antijudaïsme chrétien et à la mutation du mépris à
l'estime qu'il reconnaissait chez les chrétiens, le présent volume
revient quelque peu sur son évaluation en constatant dans la pensée
européenne les avancées d'un autre antijudaïsme, dont la cible est
cette fois l'État d'Israël. Il reprend donc les choses d'un point
de vue plus global, et s'en explique dans une brève introduction:
«les juifs sont les premières victimes des périls qui menacent
l'humanité» (p.10). Un 1er chap. traite de l'enseignement de la
haine et de la négation d'Israël par les Palestiniens et
l'islamisme. Allant plus loin, un 2e chap. s'attache à comprendre
comment s'organise l'intoxication des esprits par la démonisation
d'Israël. L'A. examine ensuite comment l'Europe, prenant parti pour
les Palestiniens, critique Israël de façon virulente; à propos de
la visite du Pape Jean-Paul II en Syrie (2001), il note que même
les journaux chrétiens ont pris parti, sans mesurer les
conséquences de leur position, en présentant les juifs comme
ennemis publics de l'humanité. En outre - c'est l'objet du chap.4:
Israël contre Israël - en Israël même on décèle un antisionisme
militant, voire une assimilation des Israéliens aux nazis, et l'A.
de s'interroger: «Pourquoi la haine juive de soi?», et de se poser
des questions pertinentes sur l'évolution du «processus de paix».
Son dernier chap. conclut à l'apparition d'une «quasi religion
universelle, celle de l'antisémitisme antisioniste» (p.284).
Reprenant une expression de P. Nothomb, il réaffirme que «le
sionisme représente cette aspiration millénaire à une patrie, une
sécurité, à une dignité, à un sol…» (p. 286).
Dès lors, il demande à ses lecteurs de faire un examen de
conscience salutaire, de réformer leur mental et leur conduite par
rapport au sionisme. Le regard de l'A. s'efforce d'être objectif;
les témoins qu'il cite sont réels, même s'il trie son information,
au demeurant impressionnante. Ainsi ce livre nous permettra
d'apprécier en connaissance de cause les arguments simplistes
véhiculés par les médias. Souhaitons qu'il nous enseigne la
prudence et le discernement: «Non pas dans la puissance et dans la
force, mais dans mon esprit, dit le Seigneur»; cette parole du
prophète Zacharie à Zorobabel (Za 4,6) est inscrite sur le
chandelier de bronze en face de la Knèsset à Jérusalem. - J.
Radermakers sj