Cinq conférences organisées par les FUNDP de Namur traitent ici des rapports entre Bible et sciences. Dans «La Science dans la Bible», J. Trublet montre que les écrits sapientiaux ont développé un embryon de «discours de la méthode» ou de théorie de la connaissance où l'on peut repérer des démarches scientifiques telles que l'observation, la taxinomie ou la recherche de principes d'organisation et de classement. J. Vermeylen étudie ensuite «Les représentations du cosmos dans la Bible», développant surtout l'influence des autres civilisations du Proche-Orient ancien sur les auteurs de la Bible: seul Yahvé est Dieu. C'est le Séparé qui crée en séparant, sécularisation du monde qui permet les projets scientifique (recherche du savoir) et technique (maîtrise de la nature par l'action). L'ordre du monde est désigné par le terme de tsedeq (justice) en Israël. La littérature de Sagesse recherche l'élucidation de l'ordre du monde et celle d'une conduite correspondante, assurant à l'homme réussite et bonheur.
Fr. Euvé, dans «L'imaginaire biblique des scientifiques», se demande comment les scientifiques intègrent dans leur recherche la notion du Dieu révélé par l'Écriture. L'A. passe en revue les positions adoptées par Galilée, Newton et Einstein. La science moderne établit une disjonction totale entre sa recherche de la connaissance rationnelle du monde et toute forme de Révélation. Le témoin de la Révélation doit cependant rester vigilant face aux tentatives de la science dans sa fascination ou sa domination d'une nature anonyme. Dieu n'est pas étranger à l'histoire humaine. D'autre part, le travail scientifique peut rappeler au croyant la dimension cosmique de sa foi.
Dans son article «Teilhard et la Bible», D. Lambert présente la vision cosmogénétique de Teilhard de Chardin, passage progressif de la multiplicité de la matière à l'unité de l'esprit selon la loi de «complexité-conscience». Dans cette vision, l'univers n'est compréhensible qu'en référence à son achèvement. Comment la lecture de la Bible basée sur cette vision du monde a-t-elle influencé l'interprétation par Teilhard des grands mystères chrétiens? En ce qui concerne la Création, Teilhard la situe très justement comme un geste continu et non pas à l'intérieur d'une chaîne de causalité qui la placerait à l'origine du cosmos, intuition également défendue par le chanoine Lemaître. L'A. met ensuite l'accent sur l'influence de Paul sur Teilhard, principalement dans sa vision de la Parousie associée à la convergence vers un Point Omega. Il montre ensuite la portée et les limites des positions adoptées par Teilhard. Citons principalement les deux aspects suivants: Teilhard ne résout pas l'ambiguïté de l'existence du mal dès l'origine; il n'articule pas suffisamment ce qui est universel et ce qui est singulier.
«Le soleil s'arrête à Gabaon» de P.-M. Bogaert commente le récit célèbre de la victoire de Josué sur les Amorites en Jos 10,12-15. La station miraculeuse du soleil est la lecture théologique d'un fait providentiel. Ce texte fit longtemps autorité contre les tenants de l'héliocentrisme. L'A. passe ensuite en revue les avancées de la science en relation avec la Bible dans le domaine de la chronologie ainsi que les grandes périodes de l'exégèse biblique.
Cet ouvrage, tout en évitant les écueils du concordisme ou du discordisme, tente de creuser les pistes d'un dialogue respectant la spécificité des démarches. - G. Tollet.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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