Situant d'abord cet exposé d'Abe dans le cadre de la pensée bouddhique, l'A. souligne sa parenté avec le philosophe Nâgârjuna, figure de référence de l'école du Milieu (Madhyamika) au sein du Grand Véhicule. Il regrette ensuite, comme plusieurs des théologiens cités, que Masao Abe ait négligé le plan éthique et spirituel de l'hymne pour en proposer une lecture « ontologique » proclamant la « vacuité » non seulement de Jésus mais du Père, de Dieu. Ce type d'interprétation de textes scripturaires chrétiens lui semble sans avenir pour le dialogue : un débat prometteur devrait s'établir davantage au plan de la « théologie naturelle ». Dans la 2de partie de son étude, Alex Galland propose de rapprocher la vacuité bouddhique et la spiritualité chrétienne du « pur amour » qui fleurit au xviie s. : un amour de Dieu sans nulle recherche de soi et prêt à renoncer jusqu'au salut éternel. Il y a là une radicalité dont la logique rejoindrait celle du « non-soi » bouddhique. L'A. conclut toutefois que cette indifférence extrême, qui confine au désespoir, n'est pas acceptable pour le chrétien. Des pages parfois ardues mais stimulantes. - J. Scheuer s.j.
Situant d'abord cet exposé d'Abe dans le cadre de la pensée bouddhique, l'A. souligne sa parenté avec le philosophe Nâgârjuna, figure de référence de l'école du Milieu (Madhyamika) au sein du Grand Véhicule. Il regrette ensuite, comme plusieurs des théologiens cités, que Masao Abe ait négligé le plan éthique et spirituel de l'hymne pour en proposer une lecture « ontologique » proclamant la « vacuité » non seulement de Jésus mais du Père, de Dieu. Ce type d'interprétation de textes scripturaires chrétiens lui semble sans avenir pour le dialogue : un débat prometteur devrait s'établir davantage au plan de la « théologie naturelle ». Dans la 2de partie de son étude, Alex Galland propose de rapprocher la vacuité bouddhique et la spiritualité chrétienne du « pur amour » qui fleurit au xviie s. : un amour de Dieu sans nulle recherche de soi et prêt à renoncer jusqu'au salut éternel. Il y a là une radicalité dont la logique rejoindrait celle du « non-soi » bouddhique. L'A. conclut toutefois que cette indifférence extrême, qui confine au désespoir, n'est pas acceptable pour le chrétien. Des pages parfois ardues mais stimulantes. - J. Scheuer s.j.