Comparées à celles d'autres pays d'Extrême-Orient, les relations
entre bouddhistes et la petite minorité chrétienne en Thaïlande ont
été et demeurent généralement correctes et peu marquées de
violence. Dans sa forme theravâda, le bouddhisme y est cependant
considéré comme partie intégrante et même essentielle de l'identité
nationale et du patrimoine culturel. L'arrivée de missionnaires,
catholiques puis protestants, pouvait donc poser problème, d'autant
qu'elle était ressentie comme liée aux ambitions expansionnistes de
l'Occident et que, le plus souvent, ces missionnaires et les
Thaïlandais qui devenaient chrétiens ne montraient guère d'estime
pour le message et les traditions bouddhiques. De l'hostilité
sourde ou de l'indifférence à la collaboration en matière sociale
et à la rencontre interreligieuse, les types de rapports sont
susceptibles de varier grandement en fonction des contextes
socio-culturels (milieux de la capitale proches du pouvoir ou zones
rurales peu accessibles) ainsi que des convictions doctrinales.
Pour dépasser les clichés, roses ou sombres, il est nécessaire de
partir de cas particuliers et d'observations de terrain. Le noyau
dur de ce livre est constitué de cinq enquêtes menées au sein
d'associations, d'institutions ou de communautés bouddhistes et
chrétiennes. Elles mettent en lumière une grande diversité de
situations, de perceptions mutuelles, d'attitudes et d'objectifs
poursuivis. Dans l'ensemble, on observe peu d'hostilité mais aussi
peu de désir de connaître l'autre ou d'entrer en véritable
dialogue : ce qui l'emporte, c'est le souci de préserver
l'harmonie dans la société. Dans un chap. de conclusion
critique, l'A. revient sur le bouddhisme comme facteur d'identité
nationale et sur l'éventail des positions chrétiennes en matière
d'inculturation, de dialogue et
d'évangélisation. - J. Scheuer s.j.