Son propos repose avant tout sur une démarche historique. Il rappelle à la fois les origines de la loi de séparation, remontant d'ailleurs à la Révolution française et au Concordat de 1802, et les grandes problématiques qui furent les terrains d'application de cette loi, tant dans l'immédiat après-loi que par la suite, entre autres à propos de ce qui concerna l'enseignement (spécialement au cours des années 1940-1977) et même, de nos jours la question du voile islamique qui, de prime abord, aurait pu ne jamais rencontrer la problématique de cette législation dont le premier protagoniste visé était le catholicisme.
Mais l'intérêt de ce livre n'est pas seulement de rappeler une histoire parfois bien mouvementée. En reprenant les textes et ses interprétations, tant du côté du législateur que du côté de ses interlocuteurs, il montre bien que sont en jeu un grand nombre de réalités - liberté, État, liberté de conscience, liberté de pensée, République, religion, culte, etc. - qui semblent aller de soi et qui sont désignées par des termes dont on use sans sourciller; tant et si bien que les partenaires en arrivent à ne pas toujours se trouver sur la même longueur d'ondes et que la bonne volonté ne suffit pas à aplanir les heurts éventuels.
En définitive, l'A. va très loin. Car tout le processus de «laïcité» est finalement fondé sur la seule raison humaine, l'État et la loi qui finissent par tout régir. Aucune autorité «supérieure» de quelque nature qu'elle soit, pas plus qu'un avenir autre que celui d'ici-bas, n'entre en ligne de compte. Sans doute l'A. n'est-il pas un sectaire contre la laïcité telle que la France la vit. Mais l'ultime phrase du livre est pour le moins éclairante: «Reste à savoir si la laïcité accepterait que soit remis en cause son soubassement implicite et qu'elle pourrait donc n'être qu'une pure construction juridique» (p. 284). B. Joassart, sj