Christian Thomasius. Spirito e identità culturale alle soglie dell'illuminismo europeo

Fr. Tomasoni
Filosofía - reviewer : Bruno Clarot s.j.
Juriste et philosophe protestant fort oublié aujourd'hui, Chr. Thomasius (1655-1728) était placé par Frédéric II au même rang que Leibniz. Il a préparé le rationalisme du Siècle des Lumières et le nationalisme allemand, ce qui l'a fait introduire dans la liste des «Grands maîtres de la pensée» présentés par les éditions Morcelliana: il fut en effet un précurseur de Kant (1724-1804) dans la lutte pour l'émancipation de la raison. Bien que protestant, il refusa de prendre la Bible comme critère suprême de la raison humaine, ce qui le fit accuser d'athéisme. Dans ses livres, contrairement à Leibniz, il opta pour la seule langue allemande et créa le vocabulaire philosophique allemand, devenant ainsi fort populaire dans son pays.
Il tint à appuyer le droit sur une solide philosophie et sur une morale renouvelée par l'affectivité. Il bâtit le droit sur la culture, la nature et l'histoire, aboutissant à des positions plus ouvertes que celles de Leibniz ou Wolff. Il prônait une théologie mêlée de droit et de philosophie. Refusant à l'Église tout pouvoir coercitif, il le réservait au chef de l'État pour assurer la paix religieuse. Ses idées l'ayant fait expulser de Leipzig, il alla professer à Halle.
Ses idées sur l'esprit furent fort critiquées et Leibniz les trouvait archaïques. En fait, elles reposent sur une philosophie trop éclectique et peu systématique. Elles l'amenèrent à repenser les limites de la raison humaine. Ce parcours assez chaotique illustre le rôle de Tomasius dans la transition entre l'âge baroque et le Siècle des Lumières. Il a redécouvert l'importance de l'histoire dans l'évolution des idées et voulut ouvrir les Allemands à la pensée européenne. La difficulté de sa synthèse de juriste philosophe apparut dans sa conception de l'esprit, proche du vitalisme platonicien de Cambridge. Il ouvrit la porte à Kant, mais risqua de tuer la liberté en sacralisant les valeurs morales. Sa théorie politique a favorisé l'absolutisme des rois et la supériorité de l'État par rapport à l'Église.
Ses disciples développèrent le sens de l'histoire sans tomber dans l'idéalisme. Ils élargirent le champ d'application de la raison, tout en soulignant la faiblesse de celle-ci face à la passion et à la réalité. Aussi, selon eux, on ne pouvait améliorer l'humanité que patiemment et partiellement, tandis que les «raccourcis», les voies rapides ne peuvent mener qu'à des utopies, au fanatisme et à un nouveau type d'esclavage. - B.C.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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