Curieuse autobiographie d'un Américain blanc, bourgeois et
puritain, qui se découvrit homosexuel à treize ans, le devint en
effet et mit longtemps à redimensionner, après une «vision
béatifique», sa certitude d'avoir été reconnu par P. Tillich comme
le nouveau Messie: cette «psychose grave, schizophrène et
paranoïaque» ne l'empêcha pas de finir Harvard, entre deux séjours
psychiatriques, et de connaître une vie errante en Europe, puis de
toucher terre au Québec: «La seule manière que j'ai trouvée de
vivre dans ce bas monde est de profiter de mes propres
hallucinations… J'ai réussi ma schizophrénie en quittant mon pays,
en acceptant pour vrai ce que d'aucuns auraient catégorisé comme du
délire, et surtout en m'ouvrant sur les autres et sur le monde…».
Un récit qui n'a rien d'édifiant, mais dont l'humour ravageur fera
plus d'une fois réfléchir. Au terme, nous voici à notre tour
partagés entre le soupçon d'avoir été bernés (n'était ce que
parodie?), et la compassion que cette pathétique parabole peut nous
imposer: «est ce ainsi que les hommes vivent?». - N. Hausman,
S.C.M.