Cristianesimo e nichilismo. Dostoevskij - Heidegger

V. Vitiello
L'A., professeur de philosophie spéculative à l'Université de Salerno, médite depuis longtemps sur les formes les plus essentielles de l'Occident, dont on ne peut abstraire le christianisme. L'Occident a deux sources, la paganisme grec et le christianisme né de la foi juive. Ces deux sources ne sont pas homogènes. Elles se nouent cependant en dessinant les traits essentiels du nihilisme que prophétisait Nietzsche comme destin des siècles à venir. Dostoïevski a situé le nihilisme au coeur de ses romans comme Les Frères Karamasov; Heidegger l'a repris en débattant avec Nietzsche tout au long de son oeuvre, surtout après 1935. L'A. caractérise le paganisme par la catégorie de l'éthos, de la maison, des coutumes, du milieu dans lequel nous vivons, heureux et comblés; le christianisme serait plutôt marqué par la loi, certes de l'amour, mais à faire croître en nous dépassant continuellement vers un but qui ne sera jamais vraiment atteint.
La Grèce veut la stabilité, le Christianisme met en mouvement. L'un s'alliant à l'autre, le devenir finit par se stabiliser (c'est là l'essence de la critique qu'Emanuel Severino fait au nihilisme occidental), et les prétentions à savoir à se déstabiliser (d'où notre âge de multiples relativismes). Les deux chapitres principaux de ce petit ouvrage montrent comment le nihilisme contemporain, en chiasme de grécité et de christianité, se présente chez Dostoïevski et Heidegger (dont on expose avec finesse les catégories essentielles). L'A. fait poindre son exposé en direction d'une réflexion qu'il a déployée de manière plus précise ailleurs (par exemple dans son livre Le Dieu possible. Expérience du christianisme, 2002).
L'essence du nihilisme, dont aucune rédemption ne pourra venir même si nous avons besoin de salut (de façon significative, l'A. a publié en 1995 un ouvrage intitulé Christianisme sans rédemption), tient en ceci: notre situation est nihiliste car elle se définit par «la possibilité de la possibilité et de l'impossibilité» (p. 83) - c'est dire que l'origine, le principe, la cause première, tout cela s'efface dans l'abîme de l'indiscernable dont pourtant nous vivons nécessairement jour après jour. - P. Gilbert sj

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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