Cristo Médico, según Origenes. La actividad médica como métáfora de la Acción divina

S. Fernández
L'A., professeur à la Faculté de Théologie de l'université catholique de Santiago du Chili, nous livre ici sa thèse défendue à Rome. Elle fut guidée par le professeur M. Simonetti. Nous sommes ainsi remis en présence non seulement des vues exégétiques d'Origène, mais encore du climat gnostique et du monde païen qui l'entouraient, notamment du conflit entre le Christ et Asclépios.
Pour les gnostiques du IIIe siècle (183), les châtiments que Dieu impose aux pécheurs sont vindicatifs. Face à ce Dieu punisseur, Origène exalte la miséricorde du Créateur, toujours bon, même quand il punit. Dieu est le médecin des âmes. Le Sauveur est descendu pour guérir. Pour les gnostiques (247), cette descente du sauveur était nécessaire car il s'agissait, en sauvant l'homme, de racheter la substance propre de Dieu.
Origène lutte aussi contre le culte du dieu-médecin Asclépios, concurrent du Christ (224-242), Il ne veut pas tant déclarer ses guérisons fictives corporellement que les proclamer nocives à l'âme. Ce qui suppose, au moins à titre d'hypothèse, la réalité de ces guérisons. Point de vue inattendu: nous ne sommes plus habitués aujourd'hui, à reconnaître un pouvoir des démons sur la nature physique. L'A. souligne que se présente ici une contradiction: tantôt Origène admet sans embarras la réalité des cures d'Asclépios, tantôt il les nie au nom de la raison philosophique. Pour Origène, il est préférable, non d'être en bonne santé en étant séparé de Dieu, mais d'être malade avec une conscience pure devant Dieu (236). Mais Origène ne semble pas dire: Asclépios est un instrument du Christ.
Dans son appréciation des miracles du Christ, l'Alexandrin n'oublie pas sa double tendance: préexistence et apocatastase. L'A. en examine longuement les conséquences (115s.). Il présente aussi les connaissances médicales d'Origène dans le contexte de la médecine antique.
Les limites et les beautés de la christologie d'Origène ne lui ont pas échappé non plus (252). Non seulement le Christ Médecin dépend du Père comme son instrument, mais encore, si l'homme dans le Christ meurt, même pour les Anges, le Verbe ne meurt pas (228. 252. 253) (point de vue que Cyrille d'Alexandrie ne retient pas). Le principal intérêt que présente la thèse, très précise et documentée, de S. Fernández est relatif à la concurrence entre Asclépios et le Christ, vue dans le contexte des «préparations évangéliques » qui dans le monde païen, facilitaient l'adhésion au mystère de la Rédemption; ainsi, Fernández souligne heureusement, après Origène, ce que les païens nous ont souvent transmis: «Quand surviennent de grandes tempêtes, celles-ci cessent parce qu'un homme se livre lui-même pour la communauté » (235).
Bien que, explicitement, l'A. ne se demande pas, si, dans l'aujourd'hui de l'Église, aux yeux d'Origène, les sacrements seraient un prolongement des miracles thérapeutiques du Christ sauveur, pareille question paraît néanmoins présente à son esprit (cf. 266 n. 214) et pourrait faire l'objet d'un traitement futur de sa part. Thème difficile d'ailleurs: jusqu'à quel point Origène a-t-il traité, en dehors du Baptême et de l'Eucharistie, du rôle des autres sacrements dans la vie chrétienne? Mais ce thème difficile, l'A. serait particulièrement qualifié pour l'approfondir dans le contexte de sa vision d'ensemble du Christ Médecin qui guérit, au nom du Père, ceux qu'avant lui, ni les Anges ni les prophètes, n'avaient pu sauver (229s.). - B. de Margerie, S.J.

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